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Lecture Des événements Des 4 Et 5 Mars 2021 : Et Si La Jeunesse Avait Raison !

Suite aux dernières manifestations qui ont secoué notre pays les 4 et 5 mars 2021 et instaurer le chaos, nous nous permettons dans cette tribune de donner notre lecture.

Nous tenons tout d’abord à rendre un vibrant hommage aux victimes. Ces jeunes qui ont perdu leur vie pour défendre la patrie méritent notre respect et nos prières pour le repos éternel de leur âme. Aux blessés, nous leur souhaitons prompt rétablissement.

En fait, découlant d’une affaire privée, juridico-politique, du fait des protagonistes et de leur position : un homme politique (Ousmane Sonko) et plus précisément un jeune homme loup politique et une citoyenne (Adji Raby Sarr), cupide et avide de buzz, ces événements d’une rare violence ont ébranlé la vie normale des institutions et impacté négativement les citoyens avec des commerces saccagés, des écoles fermées au détriment du quantum scolaire et des potaches, des voitures et bus incendiés, etc.

Dans un Etat de droit, la justice est le lieu par excellence de résolution des conflits et des contradictions, quelle que soit la nature des faits ou la position des auteurs. C’est pourquoi, en tant que défenseur de cet idéal d’autonomie et d’indépendance de la justice, nous désapprouvons avec la dernière énergie cette démarche de vindicte populaire.

Monsieur Ousmane Sonko est un grand Sénégalais, un ex fonctionnaire émérite, un homme politique sur qui repose l’espoir d’un pan important de la jeunesse d’ici et d’ailleurs. Mais il n’en demeure pas moins un citoyen, tout comme son accusatrice ; donc tous deux égaux devant la loi. C’est pourquoi nous restons confiant quant à l’issue de cette affaire pour le bien de notre justice.

En tant que citoyen, cette situation interpelle notre conscience à la fois sur sa gestion et la réaction des gouvernants quant à la prise en charge des préoccupations de cette importante couche sociale.

Nous nous félicitons de la réaction des forces de défense et de sécurité qui ont fait preuve d’une grande capacité de maîtrise et de professionnalisme.

Aussi, nous saluons le rôle des religieux et de la société civile pour leur démarche responsable qui renseigne à suffisance sur le fonctionnement particulier de notre modèle de démocratie.

Nous le savons tous, la jeunesse est toujours traversée par des préoccupations légitimes liées à l’éducation, à la formation, à l’emploi décent, aux loisirs, qui peuvent représenter des menaces si elles ne sont pas prises correctement en charge.

C’est pourquoi cette crise, au-delà des causes immédiates, doit être analysée en tenant compte de certains facteurs.

Facteurs psychologiques et sociaux

«J’ai participé à ces manifestations pour exprimer mon mécontentement. Mon intime conviction est que le président de la République n’a pas pris correctement en charge les préoccupations de la jeunesse. En effet depuis 2013, j’ai fini ma formation à la Fastef pour servir mon pays. Jusqu’à présent rien, alors que j’ai deux (2) épouses sous ma responsabilité. Je ne suis ni pro-Sonko ni pro-Macky, je suis pour le Sénégal.» Cela est le témoignage poignant empreint d’un sentiment d’injustice d’un jeune qui aurait pris part activement aux manifestations.

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Cette situation est semblable à celle de beaucoup de jeunes qui vivent des moments difficiles après un parcours scolaire et académique rempli et le grand nombre de ces jeunes, surtout les non diplômés, les non formés plus nombreux d’ailleurs perdant l’espoir.

«Cela fait plus de deux (2) ans que j’ai terminée ma formation professionnelle en couture. J’ai déposé un dossier bancable et rentable au niveau des structures de la place. Et depuis lors, toujours rien», renchérit une jeune Sénégalaise.

Pour comprendre cette crise, il est important de partir de la perception de ces jeunes, d’appréhender leur état psychosociologique, c’est-à-dire leur comportement, leur éducation, leur formation, leur culture, leur vécu quotidien dans un environnement donné.

Ils sont particulièrement pacifiques ou réputés pacifiques, mais face à ce qu’ils qualifient d’injustice, leur réaction, à défaut d’être prévisible, peut ne pas surprendre.

Au-delà de la démocratie politique voire électorale, il faut travailler à renforcer la démocratie sociale afin de réduire les inégalités et la discrimination sociale.

Malgré quelques actions en faveur des personnes vulnérables avec le programme des Bourses sociales, la Couverture maladie universelle etc., des Sénégalais dans leur grande majorité souffrent.

Facteurs politiques

Partout au Sénégal, des jeunes sont sortis pour exprimer leur mal-vivre, leur mal-être, leur désespoir, de Saint-Louis à Ziguinchor, en passant par Dakar, Thiès, Kaolack, mais également dans la diaspora.

L’histoire retiendra qu’au nom de la lutte contre l’injustice et sous toutes ses formes, dont le candidat-Président Macky Sall semblait être victime dans les années 2010-2011 de la part de ces ex compagnons du Parti démocratique sénégalais, au nom de la promesse d’un développement économique meilleur garant d’un meilleur vivre : «Yoonou yokkuté» promesse d’un lendemain meilleur, les jeunes du Sénégal, la jeunesse presque tout entière, s’était motivée, engagée, illustrée par un combat pour l’accession de Son Excellence Macky Sall à la Magistrature suprême, symbole de la suppression des souffrances de la jeunesse engluée dans un cycle de chômage endémique. Cette jeunesse, loin de subir les coups de boutoir de la fatalité, avait pris son courage à deux mains en bravant les interdits libéraux (arrêté Ousmane Ngom par exemple) pour élire l’homme, le candidat président le mieux placé porteur d’espoir.

Cette jeunesse avait marché sur des braises dans la chaleur et l’obstination, voire la résolution de ne rien céder au pouvoir en place de l’époque, derrière Son Excellence Macky Sall, pour assurer son accession à la Magistrature suprême.

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Au lendemain de sa réélection, l’une de ses remarquables stratégies politiques à consister à consacrer le retour massif aux affaires de ceux-là pour qui et contre qui la jeunesse responsable s’était mobilisée. Ce sont les nouveaux amis du Président Macky Sall ou ces ex adversaires qui débarquent de n’importe quelle planète pour conduire le changement, changement auquel ils s’étaient opposés. Son Excellence Macky Sall se saisit d’un sabre pour scier, couper la branche sur laquelle il s’était assis, éliminant ainsi ceux et celles avec qui il a conquis le trône. Oubliant ainsi ou ne prenant pas en compte adéquatement la préoccupation légendaire de la jeunesse : l’emploi pour une vie digne. Se rendre efficace et utile à la Nation et à soi par le biais d’un travail.

Résoudre la question de l’emploi de la jeunesse fut un engagement inscrit de marbre dans la conscience populaire des Sénégalais avec la dimension symbolique et symptomatique du chiffre : 100 mille emplois par/an. Manager en conduite du changement, nous y avons cru à l’instar de tous les Sénégalais qui s’étaient rendu compte que c’est possible, réaliste et réalisable. Il n’y a pas de localité, de commune de la région de Sédhiou, d’où nous sommes originaire, où nous n’étions pas rendus pour prêcher la parole du Président, gravée sur des flyers, logos et autres supports, mentionnant, immortalisant cette promesse de création d’emplois, d’accompagnement à la création d’emplois, de formation adaptée aux marchés de l’emploi pour la jeunesse. Dans toutes les régions, de la diaspora au Sénégal des profondeurs, la jeunesse avait cru à cette possibilité de changement qui était bien possible et réelle avec une équipe qui l’a conçu. Nous en citerons quelques figures marquantes : Me Aliou Badara Cissé, avocat infatigable de l’Alliance pour la République, Moustapha Cissé Lô El Pistolero avec sa manière de faire et d’agir au service de l’Alliance pour la Républi­que. Le ministre d’Etat Mbaye Ndiaye, alliant émotivité et rationalité pour convaincre la jeunesse, Benoît Sambou, monsieur élection de l’Apr et ex-ministre de la Jeunesse pour ne citer que ceux-là, ils sont tous passés à la trappe.

Pourquoi ? Solitude ou prérogative du chef ?

Mystère et, à leur place, le Président victorieux dans un régime présidentiel est allé à la pêche de ceux et celles à qui le Peuple ou la jeunesse avait déjà tourné le dos.

Que peut vous rapporter politiquement votre ex-ami Pm de Géo ? N’était-il pas le dernier chef d’une équipe gouvernementale dont le Peuple, notamment la jeunesse sous votre houlette, s’est débarrassée ? Que peut vous rapporter politiquement l’actuel ministre des Mines ? C’est pour chasser ceux-là et tant d’autres que la jeunesse avait décidé de vous accompagner, de se mettre derrière vous jusqu’au Palais. Mais une fois que vous y êtes arrivé – Merci pour les réalisations – Mais vous avez fait le kankourang «fambondy». Et voilà que la jeunesse désespérée, désenchanté dans son orgueil, resurgit comme un lion blessé pour vous rappeler à son bon souvenir patriotique.

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Certes à l’échelle globale du pays il y a eu des réalisations à travers notamment le Prodac, la Sodagri, le Pudc, le Fongip et bien sûr l’inévitable et incontournable Délégation à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (Der/Fj). A l’attente du Conseil national d’insertion ou plus fonctionnel des conseils régionaux pour la conception de projets adaptés à leur environnement. Mais au préalable faisons le bilan, car l’écart entre le réalisé et le prédit promis est énorme. Il y a un hiatus lié fondamentalement au changement des acteurs et par conséquent des actions projetées. Et pourtant la jeunesse en 2012 avait averti avant de sanctionner.

Dans la conduite des affaires publiques, Monsieur le président de la République, notre Constit­ution vous attribue le pouvoir de choisir n’importe quel Sénégalais pour lui confier des responsabilités en tenant compte de certains critères dont la compétence, la confiance, l’éthique dans l’action.

Monsieur le président de la République, à ce niveau, personne ne conteste, même si nous ajoutons la fidélité, l’éthique de conviction, l’éthique de responsabilité.

Concernant la prise en charge des préoccupations des jeunes, il faut une approche holistique et globale.

Permettez-nous de vous dire que dans ce processus, dans votre Administration, notamment au niveau des ministères de la Jeunesse et des Sports, vous avez des hommes et femmes formés et compétents pour concevoir et conduire cette politique, conformément au décret n° 2020-2220 du 11 novembre 2020 relatif aux attributions du ministère de la Jeunesse.

Il faut d’abord faire un profilage pour connaître ces jeunes, leur parcours, leur vécu, leurs aspirations, en somme établir une gestion prévisionnelle personnalisée des emplois et des compétences, et cela c’est le quotidien des fonctionnaires des secteurs de la jeunesse et des sports qui sont en permanence avec les jeunes. Ensuite, exploiter les potentialités naturelles que regorgent notre pays sur la base d’une formation adéquate et un financement conséquent appropriés et adaptés aux besoins de notre chère jeunesse.

Le changement de conduite est indispensable pour écouter, comprendre et satisfaire la doléance principale de cette jeunesse qui avait conduit au changement et affiche aujourd’hui sa volonté de changement.

Amadou DANSO

Consultant en Management

Responsable politique Apr

Région de Sédhiou

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