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Abdourahmane Diouf, Un Leadership Politique Majeur (cherif Ndiaye)

Abdourahmane Diouf, Un Leadership Politique Majeur (cherif Ndiaye)

La configuration politique actuelle présente dans l’actualité deux protagonistes qui se font face en chiens de faïence, se préparant à en découdre pour le baroud final à courte ou moyenne échéance. L’affaire « sweat-beauté » et les émeutes insurrectionnelles qui s’en sont suivies, sont passées par là, constituants une première et douloureuse étape. 

Le pays vit cette situation désespérante, où d’un côté, celui du pouvoir, la gouvernance autocratique avec ses dérives autoritaires, a atteint ses limites, à bout de souffle et présente des signes de fin de règne. Le soulèvement populaire aura fini d’acter dans les consciences, notamment celle du Président de la République, l’enterrement de l’intentionnalité d’un 3e mandat. 

De l’autre poignée de ce bras de fer, l’idéologie de l’anti-système sous sa forme d’opposition radicale au régime sans concession et sans répit, a dévoilé sa face cachée. Le revers de son manteau est teinté de populisme et d’anarchie. Au nom de La défense du peuple et de ses intérêts, elle prône de faire table rase de ce régime sans discernement, quitte à ébranler les institutions. Il s’agit pour ses adeptes de chercher à renverser la table au lieu de la redresser. Il est à craindre plus de politiques de règlements de comptes que de simples redditions des comptes, si à l’avenir il leur est confié la gestion des affaires.Tremblons à l’idée de leur confier les pouvoirs exorbitants du présidentialisme hypertrophié de notre République actuel.

La crise que nous venons de traverser a permis d’échauder les esprits et d’y imprégner le postulat : « Sans paix pas de développement possible ». Fort heureusement, « les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise ( Jean Monnet) ». Et aussi dans toute crise apparaissent des leaders qui savent ce qu’ils ont à faire. Ainsi se révèlent des hommes de la situation, au dessus de la mêlée, qui apportent des bouffées d’espoir au peuple.

Abdourahmane Diouf (Arahmane), est manifestement une de ces révélations, par ses sorties médiatiques d’après-tempête, il a apporté une vision nouvelle,  des réflexions pertinentes qui secouent l’intelligentsia sénégalaise et finiront par ébranler certaines certitudes de confort sur le fonctionnement de notre pays depuis l’indépendance.

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Arahmane l’homme, est quelqu’un d’exceptionnel. Affirmation non partisane, mais sortie des témoignages de beaucoup d’acteurs politiques. Expert en commerce international et professeur émérite dans son domaine, il a effectué des années durant, au sein de L’OMC(Suisse) et De la CEE(Bruxelles) , pour le compte d’un nombre impressionnant de pays africains, des négociations commerciales ardues et couronnées de succès. Défenseur infatigable de l’Afrique au sein de ces organisations internationales, il a été un avocat aguerri et tenace au front des intérêts africains dans les accords ACP. Promoteur avisé de la ZLECAF (Zone de libre-échange continentale africaine), il a déployé beaucoup d’efforts de communication auprès de l’opinion africaine pour défendre ce projet et le faire aboutir, estimant avec conviction et professionnalisme que le Commerce Intra-africain pourra emprunter enfin la piste de décollage.

Son parcours en politique, en compagnonnage avec Idrissa Seck, sur recommandation express et avisé de feu Sidy Lamine Niass (paix et miséricorde à son âme), un signe mythique s’il en est, lui a permis de se révéler comme un rhéteur hors pair mais surtout en analyste politique déconcertant. Il n’était donc pas étonnant qu’il soit devenu un emblème et un inspirateur (boite à idées) de Rewmi. Le programme du parti pour les élections de 2019( Vision 1 3 15 45) qu’il a eu à présenter lui-même à la place du candidat, porte sa marque d’ingéniosité et d’abnégation. Avec un volontarisme hors du commun, partageant sa vie entre le parti , ses consultances professionnelles et sa famille, à travers les avions et les aéroports du monde entier. Une « Bravitude » admirable, qui me fait oser ce néologisme.

Boîte à idées disais-je, l’homme est également un intellectuel engagé et très productif. Un intellectuel sur le champ politique peut attiser des perplexités et des frustrations qui peuvent lui nuire, tant les égos des politiques souffrent de ne pas souvent élever les débats en hauteur. Il y a également que les concepts politiques ne sont pas toujours appréhendés par les populations très éloignées des philosophies politiques. Associer la pensée critique et la lutte pour le pouvoir ne sont pas aisés en terre de Nboumbélane. Pourtant il développe des thèses politiques novatrices et très en phase avec les réalités de son pays. 

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En 2018 quand Idrissa Seck a créé la confusion générale avec ses théories sur la distinction entre «  Makkah » et «Bakkah » qui lui valu maintes récriminations, c’est la plume de l’intellectuel qui a permis d’éteindre l’incendie : Une lettre mémorable et consensuelle « Nous sommes tous mecquois », largement diffusée sur les réseaux sociaux a réussi à apaiser les esprits, comme par miracle. La puissance et la pertinence de ses idées intellectuelles ont été saluées unanimement. Plus tard, après les émeutes suite au conflit qui a mêlé politique et mœurs légères, il a eu le génie intellectuel d’écrire une lettre ouverte au Président de la République « Comme à l’accoutumée vous ne nous parlez pas… ». Tout est dit en résumé sur la gouvernance Macky, de l’arrogance à l’autocratie et à l’autoritarisme qui sont ses marques de fabrique. Il aura ainsi campé le vrai débat et pointé du doigt la vraie problématique de la démocratie sénégalaise : l’hyper-présidentialisme du régime qui vampirise et caporalise tous les pouvoirs et contre-pouvoirs. Une démocratie étouffée qui a fini par rendre gorge en début mars 2021.

Là encore, après avoir laissé passer la tempête, il a pris ses responsabilités et hissé les voiles de ses idées de réformes des institutions. Une nécessité devenue visible comme le soleil. Nous vivons depuis notre indépendance avec une République taillée pour la France de De Gaule et adaptée à son histoire politique. D’où l’impérieuse nécessité de concevoir par nous-mêmes et pour nous-mêmes une République véritablement sénégalaise. Pour nous conformer à nos réalités socio-historiques. La théorie de la République de concordance et non concurrentielle est développée et le sera de plus en plus pour imprégner les consciences. Des pistes innovantes de réflexions seront débattues et formalisées : Comment bâtir un 4ème pouvoir pour introduire les forces religieuses et coutumières dans les institutions et leur faire participer aux instances de décisions. Leur donnant l’onction de la légalité à leur pouvoir de régulation et de pacification des crises. 

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Le Sénégal vit depuis des lustres avec la menace d’un volcan qui bouillonne qui risque de déverser ses larves pour engloutir notre modèle républicain. « Le Volcan Jeunesse ». Les jeunes sans emplois sans espoir de lendemains meilleurs constituent un danger permanent. Il faut leur donner des perspectives réelles et qui leur sont favorables perce que adaptées à leur environnement spatial et culturel. Arahmane pointe du doigt à juste raison, l’inconséquence de notre système d’enseignement et l’incongruité de notre modèle économique conçu uniquement pour 5% de la population dite active. L’immense majorité sont des actifs informels, cantonnés hors des circuits officiels et ignorés quasiment des statistiques et des politiques de développement. Le patriotisme économique qui n’est pas l’apanage des politiciens, doit être porté au rang de sur-priorité dans les programmes politiques. Le Sénégal regorge de talents , de potentiels et de jeunes entrepreneurs qui veulent et peuvent relever les défis du monde.

Arahmane soutient donc que, dans son esprit d’avant-gardiste, une sorte de révolution des mentalités, de notre système de pensée, est un impératif incontournable. La vérité des choses n’est pas toujours blanche. L’Afrique n’est pas destinée à être à la traine du Monde. Le Sénégal de Cheikh Anta Diop n’est pas voué à l’échec. Il nous faut reconquérir notre nous-mêmes, sur tous les plans et les horizons. C’est cela le SOUVRAINISME (Moom Sa Reew) auquel nous convie Arahmane. Il faudra compter sur lui dans un avenir proche, parce qu’il s’est émancipé  de tous ses mentors pour se forger un Leadership politique Majeur.

Cherif Ben Amar Ndiaye

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