En cette période de convalescence d’un pouvoir qui a été fortement touché par les violentes pressions de la rue publique de mars dernier, la meilleure défense du président de la République se résumerait-elle à la tenue de meetings à la pelle? Rien n’est moins sûr si l’on en juge par le cachet dispendieux et folklorique de ces rassemblements qui se tiennent dans toutes les régions du Sénégal dans un contexte de crise multiforme dont le Sénégal s’échine à se départir. En effet, il est constaté que depuis que le chef de l’Etat Macky Sall s’est « repris », les responsables de l’APR et leurs alliés de BBY rivalisent d’ardeur et d’inspiration pour montrer leur fidélité, loyauté ou engagement à ce dernier.
Pour rappel, le Président Sall, fort heureusement et avec une dose d’humilité, avait su trouver les mots idoines avec le concours des ressorts sociaux pour amorcer la désescalade. En père de la Nation, il a trouvé des notions- en attendant peut-être des potions- lénifiantes pour un pays en convalescence. D’importantes annonces aux allures de remèdes de cheval contre les maux de la jeunesse, ont été faites à travers deux adresses à la Nation (8 mars et 3 avril 2021). Ainsi, il a tracé des perspectives d’avenir réjouissantes pour une jeunesse éprouvée par le chômage et le sous emploi. Un massage thérapeutique pour la plus importante frange de la population ? En tout cas, une pluie de promesses pour les trois prochaines années ont été rendues publiques au premier rang desquelles une réallocation budgétaire de l’ordre de 450 milliards de FCFA pour le financement, l’entreprenariat et la formation des projets de jeunes, des milliers de recrutements dans la fonction publique et un Conseil présidentiel sur la question. Dés lors, peut-on reprocher à la coalition au pouvoir de « vulgariser » ces mesures présidentielles citées plus haut ? Assurément non, si l’on peut comprendre que le terrain politique ne doit pas être laissé aux concurrents. Toutefois, c’est la manière qui heurte : des mobilisations vendues à chaque fin de semaine à coup de millions de FCFA et non décidées de façon spontanée. Même si certaines sources sûres font état de l’ire, Macky Sall qui dit « n’avoir pas senti BBY » dans les événements de début mars dernier. En plus, ces grands rassemblements à renfort de militants « téléchargés » se tiennent dans un contexte de crise sanitaire même l’état d’urgence a été récemment levé. Quid des mesures et gestes édictés ? Le danger plane toujours. Une chose demeure sûre, depuis l’annonce d’un financement de 450 milliards FCFA pour réduire le chômage des jeunes, c’est la ruée vers les meetings de soutien et fora pour démontrer loyauté et fidélité au Chef. Un grand cirque dont les retombées positives sont loin d’être garanties .
Abou KANE