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Un Quartier General, Des Quartiers Generaux

Seul le titre semble avoir été modifié. Le concept, lui, demeure inchangé. Les chaînes de télévision se l’ont approprié. De peur d’être copié, l’animateur avertit et préfère parler de surprise, pour ne pas dévoiler le programme de l’émission du lendemain. Pape Cheikh Diallo n’est pas dupe, conscient du copier-coller aux allures de plagiat tacite et complice auquel la concurrence se livre en toute impunité. Seulement, l’ironie ne saurait totalement masquer le malaise.

Bienvenue dans ce paysage audiovisuel sénégalais où l’originalité demeure jusqu’au moment d’être copié. La mention : « toute ressemblance avec des émissions existantes ou ayant existé ne serait que pure coïncidence », empruntée au cinéma et adaptée à ce cas de figure devrait être une exigence du gendarme de l’audiovisuel sénégalais. En attendant, les émissions se retrouvent d’une chaîne à l’autre et toutes ont en commun ce même programme dont le nom uniquement a été modifié. C’est la similitude dans la diversité. Ce qui a été le cas avec l’émission Quartier général qui a suscité un énorme succès dès la diffusion de son premier numéro. Un programme conçu spécialement pour la grille du ramadan et qui trônait déjà en tête de sa tranche horaire, à partir de 22 heures ou en deuxième partie de soirée, comme disent les directeurs de programmes. Mais cela, c’était avant. Jusqu’à ce que les autres télés se ressaisissent et copient allègrement le concept.

Dans l’anthologie du copier-coller médiatique, l’on se souvient de l’émission « Bantamba », révolutionnaire à l’époque, en tant qu’émission entièrement consacré à la lutte sénégalaise. Le programme a compté des petits sur toutes les chaînes sénégalaises ou presque. Ce qui a fait dire à El Hadj Ndiaye, patron de la 2STv, que les « copieurs » avaient même repris les couleurs des fauteuils du plateau de l’émission. Ça ne s’invente pas. Plus récemment, en ce mois de ramadan, chaque télé à son QG comme disent les habitués. Sur SenTv, c’est le Grand Plateau animé par Néné Aïcha et co-animée par Fatou Abdou Ndiaye. Salon d’honneur est proposé par Walf Tv à ses téléspectateurs. Sur la très culturelle 2Stv se retrouvent à tour de rôle Arame Touré, Bécaye Mbaye ou encore Bijou, « Confrontation » sur le plateau de Encore+.

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La 7TV avec Ramadan Show n’est pas en reste, Iftaar sur ITV avec Dj Boub’s, non plus, sans oublier Gudigui de la DTV. Le créneau horaire est prisé et les annonceurs répondent aussi présent. Les plages publicitaires deviennent des rubriques à part entière, tellement elles tirent en longueur. Les plateaux télés deviennent aussi, pour les animateurs et chroniqueurs, un podium de défilé de mode quotidien. Le défi est de toujours se mettre sur son 31, la prime d’habillement aurait été colossale si elle devait être honorée. Alors la parade consiste à consacrer une minute de publicité, devenue incontournable, pour remercier les stylistes qui les ont habillés et qu’ils ne manquent pas de remercier pour ces animateurs devenus mannequins tous les soirs. Les chroniqueurs se relaient pour une foultitude de rubriques aux sujets aussi divers que variés pour contenter les téléspectateurs adeptes du zapping. Si le déjà vu est toujours au rendez-vous, au-delà du concept, c’est sans doute que les invités font aussi le tour des plateaux. Sur le podium des invités les plus prisés, Ahmed Khalifa Niasse figure en bonne place.

Le chef religieux et non moins politicien fait son habituel show et ne manque jamais de se clasher avec les animateurs et autres Oustaz qui osent lui porter la contradiction. Des passes d’armes épiques peuvent être revues par la magie du net. L’homme livre sa communication aux allures de cours magistral de théologie, d’exégèse du Coran et d’analyse de l’actualité politique.

De nouvelles vedettes font aussi leur apparition du côté des Oustaz que les télévisions invitent pour leur éclairage sur la religion. Sans oublier les plateaux spéciaux consacrés aux différentes confréries car il faut contenter tout le monde. Seulement, ce sont bien souvent les mêmes conférenciers et autres chanteurs religieux qui sont invités sur les plateaux, victimes de leur succès. L’hagiographie des fondateurs des confréries est contée, racontée et célébrée de manière à susciter bien souvent la rivalité du côté des talibés. Après chacune de ces émissions spéciales « tarikhas », les réseaux sociaux prennent le relais et sont transformés en ring de boxe où s’affrontent les partisans de tel ou tel guide, de telle ou telle confrérie.

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Pour ne pas l’oublier, voici Walfadjri et son émission de lutte, une autre copie de la première sur le sujet, ‘’Bantamba’’, qui compte des petits sur toutes les chaînes sénégalaises. Ce qui a fait dire à El Hadj Ndiaye, patron de la 2STV, que les ‘’copieurs’’ ont même repris les couleurs des fauteuils du plateau de l’émission. Ça ne s’invente pas. Alors, pour rester dans la diversité et s’éloigner de la similitude, afin de remporter la course à l’audimat, chers directeurs de programmes et autres producteurs d’émissions, à vos cerveaux, prêts, partez ! A qui jeter la première pierre alors ? Aux directeurs des programmes soucieux de faire de l’audience pour leurs chaînes et de ne pas rater ce rendez-vous avec l’audimat ?

Ou aux prêcheurs qui devraient d’abord s’adresser à ceux-ci, responsables également des maux dont souffre une société malade de ses programmes télés ? Dans ce match entre Islam et influence de la modernité, les spectateurs n’auront qu’à arbitrer. A ce rythme où les mêmes invités défilent encore et encore sur les plateaux télés, le programme semble s’essouffler. Pas besoin de rempiler pour une autre saison et il suffira juste aux téléspectateurs d’aller sur Youtube pour visionner les numéros, selon les invités.







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