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L’État Doit DÉfendre Le Projet Agricole De La Sedima Contre Les Provocateurs

L’État Doit DÉfendre Le Projet Agricole De La Sedima Contre Les Provocateurs

Ce pays qui nous est si cher, le Sénégal, a décidément des problèmes avec les investisseurs. Qu’ils soient étrangers ou nationaux, du reste. Pour n’évoquer que l’actualité, qu’il suffise juste d’énumérer la véritable guérilla menée par des travailleurs de l’usine de carreaux Twyford contre leurs employeurs chinois qualifiés de « négriers des temps modernes » tout simplement parce qu’ils les font marcher à la cadence dans leurs ateliers. Il y a eu aussi ce malheureux homme d’affaires chinois, son compatriote et leurs deux partenaires sénégalais, deux pharmaciens, envoyés en prison sans autre forme de procès sous l’accusation de vente de « faux médicaments » — une incrimination à ce point grotesque, d’ailleurs, que le juge l’a finalement écartée —, vente sans autorisation, blanchiment de capitaux et autres délits délirants sortis de l’imagination du maître des poursuites. Le « crime » de tous ces braves gens ? Avoir commercialisé dans notre pays des « dispositifs médicaux » et même pas des médicaments sans avoir eu l’autorisation administrative pour pouvoir le faire. Une autorisation qu’ils ont demandée depuis… janvier 2020 sans obtenir de réponse. Manifestement, le Directeur de la Pharmacie et du Médicament (encore lui !), le brave Pr Yérim Mbagnick Diop, a pris son temps pour examiner cette demande. C’est le moins qu’on puisse dire…Les charmes de la bureaucratie sénégalaise !

Mais tout cela ne sera sans doute rien en comparaison du scandale qui est encore en train de couver à « Ndingler » (en réalité à Djilakh), ce village du département de Mbour qui avait défrayé la chronique il y a un an et qui est encore en passe d’occuper les feux de la rampe. Rappelons brièvement cette affaire : M. Babacar Ngom, patron de la Sedima et « Roi du poulet » sénégalais comme nous l’avions surnommé dans ces colonnes — un homme qui a fait de la filière avicole nationale ce qu’elle est aujourd’hui c’est-à-dire autosuffisante, moderne et rentable en tout cas viable —, désireux de se lancer dans l’agro-industrie, s’est fait octroyer 225 hectares de terres dans le village de Djilakh, commune de Sindia, département de Mbour. Puis, il a suivi toutes les procédures légales pour obtenir un bail, d’abord, et ensuite un titre foncier. C’est au moment où, après avoir consenti de très gros investissements, il s’apprêtait à mettre en valeur cette terre que des individus surgis du diable Vauvert, en tout cas venus de très loin, lui ont qu’il avait pris la terre de leurs ancêtres ! Sans aucun document administratif, sans rien et alors que l’endroit en question était une terre en friche — une brousse plutôt — jamais exploitée, recouverte de baobabs et d’épineux, ces gens venus de Ndingler, un village situé à 6,12 km de l’endroit qu’il revendiquent, ont fait un bruit de tous les diables pour crier à la spoliation. Par la magie des réseaux sociaux, ce conte passionnant du richissime industriel venu priver de pauvres paysans de leurs terres ancestrales — autrement dit, qui veut leur ôter leur maigre pain de la bouche — a ému les Sénégalais. Et, au-delà, le monde entier sans doute. 

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Surtout avec les images de vieux terreux n’ayant que la peau sur les os qui accompagnaient ce conte. Comment ne pas verser des larmes devant un spectacle aussi pathétique ? Le Sénégal tout entier des belles âmes s’était donc ému avant de se mobiliser pour crier « bas les pattes » et exiger que l’on restitue aux pauvres paysans leur dû. Dans le cas d’espèce, la raison du plus faible supposé à été la meilleure alors pourtant que d’ordinaire, c’est plutôt celle du plus fort qui triomphe ! La raison du mensonge aussi, au détriment de celle de la vérité. Lynché dans les réseaux sociaux au cours de ce qui restera comme l’une des campagnes médiatiques les plus féroces et les plus abjectes — pour ne pas dire ordurières — de l’histoire de notre pays, M. Babacar Ngom, qui était pourtant dans son droit et avait tous les papiers nécessaires, ce dont nos justiciers de salon n’ont pas voulu tenir compte, a été obligé de céder. A la demande surtout du gouvernement qui, très sensible à tout ce qui est campagne — fût-elle mensongère — sur les réseaux sociaux lui a tordu le bras pour l’obliger à prêter une partie de ses terres aux paysans de Ndingler. Ce afin qu’ils puissent cultiver et avoir de quoi se nourrir durant l’hivernage passé. Il serait intéressant d’aller voir ce que ces braves gens ont produit sur les 60 hectares qui leur ont été prêtés…

Comme dans les ranchs américains !

Toujours est-il que ce compromis boiteux réalisé à l’époque par l’Etat avait permis de faire baisser la tension. Chacune des deux parties avait alors pu retourner vaquer à ses occupations champêtres et…s’occuper de ses oignons. En fait d’oignons, j’ai eu l’occasion de visiter il y a deux mois, en compagnie de confrères et aussi de représentants de divers groupements socio-professionnels, ce que Babacar Ngom est en train de réaliser dans sa ferme de Djilakh (et non pas Ndingler). Ce que j’y ai vu en termes d’engins de labour et d’équipements, je pensais que ça n’existait que dans les ranchs américains ou dans les fermes sud-africaines. Pour dire que le patron de la Sedima, qui entend faire les choses en grand, a acquis le nec-plus ultra technologique en matière d’agro-business. Pour convaincre les nombreux adeptes de saint-Thomas — qui ne croient qu’en ce qu’ils touchent —, Babacar Ngom a invité sur place, chaque week-end depuis lors, et peut-être même avant celui où je m’y suis rendu, des échantillons représentatifs des forces vives de notre pays, notamment des membres du gouvernement (j’y était en même temps que le ministre de la Formation professionnelle, Dame Diop), du Parlement, du patronat, des opérateurs économiques membres de l’Unacois, des représentants d’organisations de jeunes, de femmes, des patrons de presse, on l’a dit, des religieux etc. 

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Avec un seul objectif : leur permettre de voir de leurs propres yeux ce qu’il y fait. Le résultat est d’ores et déjà stupéfiant alors même que le patron de Sedima n’en est qu’aux préliminaires : déjà, 50 hectares d’oignons ont été emblavés (à 40 tonnes le rendement par hectare !), 20.000 pieds de manguiers sont en train d’être plantés, un système d’arrosage au goutte à goutte et par aspersion ultramoderne est déjà fonctionnel au grand ravissement des yeux. Surtout, surtout, 300 jeunes gens et femmes mais aussi adultes en provenance principalement du village voisin de Djilakh y travaillent déjà avec des salaires plus que corrects. Certains parmi ces employés, les plus instruits, ont déjà été formés aux métiers de techniciens agricoles et ce sont eux qui conduisent les engins agricoles, font fonctionner le système hydraulique, s’occupent de l’électricité, réalisent les périmètres… Des travailleurs qui sont fiers d’avoir quitté le chômage et de gagner dignement leur vie. A terme, ils seront 800 lorsque l’exploitation aura atteint sa vitesse de croisière. Au moment où la création d’emplois pour les jeunes est la première préoccupation, si ce n’est obsession, du président de la République, voir un privé sénégalais contribuer à la réalisation de cet objectif mériterait assurément d’être encouragé !

L’Etat a le devoir de protéger l’investisseur Babacar Ngom au même titre que les Chinois de Twyford !

Hélas, c’est juste au moment où le projet de la Sedima — qui va engloutir plusieurs milliards de francs — est en train de prendre son envol, que des jeunes gens venus de Djilakh, à 6,2 km, ne cessent depuis quelques jours de multiplier les provocations. Ils exigent le déplacement de conteneurs dont ils prétendent qu’ils sont posés sur leurs terres ! Or, il suffit de regarder sur Google map pour voir que leur village est très loin de l’endroit revendiqué, qu’entre ce dernier et Dingler, se trouve une immense brousse non exploitée où ils pourraient bien réaliser toutes les cultures qu’ils voudraient si tant est que tel serait leur dessein. A condition, bien sûr, qu’ils sachent travailler ! Car enfin, si on a bien compris, ces terres de leurs ancêtres sont là depuis des temps immémoriaux et n’ont jamais été mises en valeur ! Une richesse de contemplation, en quelque sorte… Il a fallu qu’un homme d’affaires sénégalais veuille venir exploiter des terres dans cette zone — qui lui ont été cédées de bonne grâce par les habitants de Djilakh — pour que des gens venus d’ailleurs se déchaînent et veuillent l’empêcher de travailler. Comme si on ne voulait pas que des Sénégalais exploitent enfin ces vastes étendues de terres que possède notre pays et dont il ne tire absolument rien. 

Car enfin, quiconque connaît l’endroit où se trouve la ferme de la Sedima sait qu’elle jouxte une autre exploitation agricole de 300 hectares détenue par un Italien — il s’agit de l’une des fermes Reva de l’ancien président de la République qui lui a été rétrocédée. Une exploitation qui n’a cessé de s’agrandir depuis à coup d’acquisitions sans que cela soulève le moindre problème. Ailleurs à travers le territoire national, des Hollandais, des Espagnols, des Indiens, des Marocains possèdent des centaines, voire des milliers d’hectares et cela ne dérange personne. Entendons-nous bien : notre position est que tous les investisseurs susceptibles de mettre en valeur toutes ces terres qui n’ont jamais été exploitées sont les bienvenus, notre pays ayant besoin de leurs capitaux et de leurs technologies pour mettre en valeur nos terres. Ce qui nous paraît curieux, en revanche, c’est le fait de considérer comme normal que des investisseurs étrangers aient des terres et de trouver scandaleux qu’un Sénégalais puisse lui aussi en disposer pour travailler, employer des compatriotes et contribuer à la réalisation de l’autosuffisance alimentaire de notre pays. Dans la crise qui couve actuellement à Djilakh du fait de provocateurs venus de Dingler, l’Etat a le devoir de faire respecter le droit de propriété sans lequel aucun investisseur ne viendra mettre ses billes dans notre pays.

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Or, la Sedima possède un titre foncier en bonne et due forme et devrait donc pouvoir jouir tranquillement de son bien. Il est inadmissible que des gens sans le moindre titre de propriété viennent violer sa propriété impunément pour s’y attaquer à ses biens. Les employés de cette entreprise et leur parents de Djilakh étant déterminés à défendre coûte que coûte leur outil de travail — ils l’ont prouvé hier en chassant manu militari les intrus —, le sang pourrait couler si l’on n’y prend garde. Il y a une semaine, le président de la République a abordé en Conseil des ministres la situation qui prévaut à l’usine de carreaux de Twyford. D’après le communiqué du Conseil des ministres, « Le président de la République a expliqué que TWYFORD est le fruit d’un investissement lourd à forte intensité de main d’œuvre et qui contribue également à nos efforts d’industrialisation. Il a donc demandé au ministre en charge du Travail de se saisir du dossier en vue d’un règlement définitif du différend qui oppose les travailleurs et la direction de l’entreprise ». Nous lui disons bravo pour s’être intéressé à la situation qui prévaut dans cette entreprise appartenant à des Chinois et l’invitons, de même, à prêter attention à ce qui se passe à la ferme agricole de Djilakh (et non de Ndingler) où un investisseur sénégalais est empêché de travailler par des provocateurs sans droit ni titre. Au risque de mettre en péril les plus de 300 emplois qui y existent déjà ainsi que la paix sociale…







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