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Macron Soutient Le Coup D’État Militaire Au Tchad, Le Peuple Veut La DÉmocratie, La SouverainetÉ Et La Paix

La mort d’Idriss Déby, au pouvoir depuis 30 ans, selon la version officielle lors d’un affrontement avec les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), a déclenché un séisme politique. Une partie de l’armée a mis en place un « Conseil Militaire de Transition » présidé par le fils d’Idriss Déby. Des généraux se sont prononcés contre cette solution.

Le rejet populaire est majoritaire. La coalition Wakit Tamma (coordination des actions citoyennes) qui regroupe de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme et des syndicats, avec qui nous avons pris contact, cherche à organiser la résistance : « Nous refusons le fait accompli et dénions à la junte militaire la légitimité politique de gérer le pays pour cause de prise de pouvoir par la force, contraire au droit national et aux engagements africains et internationaux du Tchad. » (déclaration du 24 avril).

Soutien de Macron à la dictature militaire

Emmanuel Macron s’est personnellement déplacé aux obsèques d’Idriss Déby pour exprimer avec les quatre autres pays du G5 Sahel (Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Niger) leur « unité de vue » et leur « soutien commun au processus de transition civilo-militaire pour la stabilité de la région ».

Le Tchad fournit 40% des troupes du G5 Sahel, et c’est dans ce pays qu’est basé l’état-major de l’opération Barkhane et l’aviation française.

Mahamat Idriss Déby, chef des renseignements militaires, désormais à la tête de la junte, a dissous l’Assemblée nationale (pourtant aux ordres) pour nommer personnellement les membres d’un futur conseil législatif et promulguer lui-même les lois… C’est à ce système dictatorial qu’E. Macron, au nom de la « stabilité » apporte tout son soutien.

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Les Etats-Unis tout comme l’Union européenne se sont bien gardés de condamner le coup d’État. L’Union africaine ne l’a pas fait non plus, se contentant de souhaiter le retour à l’ordre constitutionnel…

Selon la coalition Wakit Tamma « La France par la voix de son président s’est placée aux antipodes des préoccupations des citoyennes et citoyens. Elle a au contraire soutenu un coup de force et a même offert les services de ses troupes en cas de menace des rebelles tchadiens. » Elle « constate que la France tente de compenser la légitimité nationale qui manque à la junte militaire pour cause de prise de pouvoir par la force par une légitimité internationale qu’elle lui offre. »

Un système mis en place par la France

C’est la France de Mitterrand qui est allée chercher Idriss Déby en 1990, lorsqu’elle a décidé de se débarrasser de l’encombrant Hissene Habré. Celui-ci est aujourd’hui condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité. Déby était son chef d’état-major. Il n’a jamais été inquiété pour aucun crime…

C’est un système dictatorial et clanique qui a été mis en place, reposant sur la division communautaire, une minorité – les zaghawa – concentrant entre leurs mains les postes de pouvoir, notamment dans l’armée. 

Ce système favorise aussi les rébellions armées, comme celle menée actuellement par le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT). Le régime a tenu grâce aux bombes larguées par l’aviation française sur les rebelles. Les résultats officiels des élections présidentielles venaient d’être proclamés, et donnaient Déby vainqueur à près de 80% pour effectuer un sixième mandat…   Mais la réalité est tout autre que cet apparent plébiscite : les élections ont été massivement boycottées par le peuple tchadien, qui à l’inverse du gouvernement français, ne voulait pas d’un nouveau mandat et ne veut plus du système politique mis en place il y a plus de 30 ans, que le coup d’Etat prétend perpétuer.

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Au Tchad, malgré l’exploitation de pétrole dont les fruits servent à équiper l’armée, plus de 42 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour… Ni le régime, ni la France n’en ont cure. La crise politique touche largement tous les pays de la région, où le gouffre entre gouvernants et gouvernés est béant tandis que les conditions de vie de la population s’aggravent : le Tchad est un maillon de la chaîne, et tous les yeux dans la région sont braqués sur le pays inquiets de voit dans quel sens la balance va pencher.

« Donner une chance à l’alternance politique et à la paix » C’est ce que veut la coalition Wakit Tamma qui appelle ainsi à un « dialogue national inclusif » dans sa déclaration du 24 avril. Macron a déclaré à N’Djaména que « la France ne laissera jamais personne, ni aujourd’hui, ni demain, remettre en cause la stabilité et l’intégrité du Tchad ».

Cette déclaration a été largement perçue comme une menace dirigée contre le peuple tchadien et son droit de définir lui-même son avenir, ses institutions, son gouvernement. « Stabilité » : il n’y aurait donc pas d’autre choix que la dictature militaire ?

Le chaos est grandissant dans toute la région. L’intervention militaire de l’impérialisme, français au premier chef, et de ses alliés n’apporte pas et n’apportera pas la « paix et la sécurité » aux peuples. La lutte contre le terrorisme est un prétexte. Elle n’a pour fin que de les maintenir sous tutelle, tout en pillant les richesses.

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« Les tchadiens doivent et sont capables de parvenir à une paix des braves si les intérêts coloniaux de la France sont mis de côté. Nous refusons à la France toute légitimité d’intervention dans ce processus par manque évident de confiance », a déclaré Wakit Tamma qui appelle à la mobilisation populaire dans la rue.

Le combat pour la souveraineté est juste, et c’est la condition de la paix et de la démocratie.

Article paru le 5 mai dans le journal Informations ouvrières







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