De recul en recul, l’Afrique est presque revenue à l’ère des coups d’État à répétition d’antan. Pour le plus grand malheur des peuples.
C’était à Paris, cette semaine. L’Afrique était l’invitée d’honneur d’un sommet de sensibilisation des partenaires et autres bailleurs de fonds à la nécessité de financements conséquents, pour la relance des économies, laminées par la pandémie de coronavirus. Pourquoi donc revenir, ici, sur le recul de la démocratie, alors que l’actualité porte sur la dette, les droits de tirage spéciaux et autres prêts concessionnels ?
Parce que l’économie est une matière éminemment politique. Et qu’il serait vain d’espérer un décollage des nations, dans un environnement politique malsain ou peu engageant. Les gouvernements africains ne ploient pas sous les investissements de qualité, qui demeurent le meilleur baromètre de la crédibilité d’une nation. Oublions donc cette perpétuation du pacte colonial que sont les investissements dans le pétrole ou dans des mines, que l’on extrait et exporte vers des destinations lointaines, où leur transformation générera des emplois. Ce type d’investissements illustre d’autant moins l’attractivité d’un pays que certains États ne cessent de céder les gisements sur de longues durées, en échange de dérisoires avances de trésorerie, et d’arrangements parfois douteux.
Là où l’État de droit est en option, l’économie affiche fatalement pâle mine. Vous souvenez-vous de ce message sans équivoque de Nana Akufo-Addo aux investisseurs qui recherchent en Afrique une rentabilité exorbitante, qu’ils n’oseraient exiger nulle part ailleurs sur la planète ? « Nous ne voulons pas de vous ! Allez voir ailleurs ! », disait alors à leur intention le président du Ghana. Il faut être un pays sérieux, avec un système judiciaire crédible et fiable, pour attirer des investissements de qualité, suffisamment pour que le président s’autorise une telle fermeté.
Que reste-t-il alors pour ceux qui ne seraient pas… sérieux ?
Vous voulez parler des cancres de l’État de droit et de la démocratie ? Ils subissent les investisseurs peu scrupuleux, les fonds vautours… Ils sont assaillis par des contrats truffés de clauses léonines, sur fond de pots-de-vin. L’assainissement de la vie politique est donc un impératif économique. Car le respect du bien public passe nécessairement par l’État de droit.