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IndÉpendances Africaines, Les PÈres De Ces Jeunes Nations Y Croyaient Sans Doute

Ahidjo, Houphouët-Boigny, Léon Mba, Kasa-Vubu et les autres étaient certainement des gens fréquentables, patriotes, et plein de bonne volonté. En 1960 tous ces pères des jeunes nations africaines y croyaient sans doute. Comment leur en vouloir ? A l’époque en Afrique la parole de l’homme Blanc était sacrée, comme la radio.

Les missionnaires venaient droit du ciel, ils avaient vu Dieu. Les gendarmes étaient la loi, on avait peur d’eux. Il suffisait d’un costume-cravate pour sortir de la sauvagerie, celle des coutumes villageoises donc barbares. Il n’était pas nécessaire de passer le bac pour accéder à la science infuse. Prendre l’avion était une consécration nationale, ça rapprochait du ciel, et le ciel savait reconnaître le bon Noir.

Et les bons Noirs avaient reçu l’indépendance sur du papier. Ne pas l’avoir réclamée ne leur ôtait pas le droit de la célébrer. On n’a jamais tant dansé de croire Tanga nord et Tanga sud enfin réconciliés [Tanga est la cité coloniale décrite dans Ville cruelle, le célèbre roman de Mongo Beti, alias Eza Boto, paru chez Présence africaine en 1954, NDLR]. Mongo Béti ne pouvant pas se dédire, on lui avait préféré Joseph Kabasele.

1960 c’était la promesse d’un paradis certain. L’indigénat et son code, aux oubliettes. Place à l’élite autochtone repérée sur les bancs des églises ou d’écoles, expatriée, convertie dans les cercles d’outre-mer, puis rapatriée et infiltrée dans les arcanes des Etats en gestation.

  • Elle avait acquis le don d’écouter d’un côté, d’être écoutée d’un autre. De servir là-bas, d’asservir ici. La captivité et la tyrannie n’ont jamais mieux cohabité chez le même sujet. Un équilibre devenu exemplaire, qui n’a cessé de se reproduire depuis 70 ans.

Aujourd’hui, voilà Tanga nord et Tanga sud plus fâchés que jamais. On ne devrait parler des indépendances africaines que pour blâmer les bons Noirs de nous avoir cédé les vessies qu’on leur avait fait prendre pour des lanternes.







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