En tant que conquête démocratique qui marque le parachèvement des évolutions institutionnelles et nerf d’un système politique des plus aboutis, l’élection au suffrage universel a ceci de singulier de constituer à toutes les étapes de son long processus, une histoire de choix déterminants issus de rencontres entre le destin d’un homme et celui de son peuple. Mais aussi de choix des hommes qu’une fois porté à la tête, le nouvel élu se doit d’opérer pour constituer avec les hommes qu’il a choisi pour le régime avec lequel il va diriger pour matérialiser par des actes de gouvernance la vision politique pour laquelle il a été, lui-même choisi. Si l’élection à proprement parler a été considérée et à raison, comme le moment sublime d’un rendez-vous entre un homme et ses concitoyens, son assumation par celui qui incarne cette volonté collective ne saurait se matérialiser que par l’expression d’une construction collective, elle aussi, portée certes par le dépositaire des suffrages mais inscrite au quotidien dans une praxis politique conduite avec toute une communauté d’acteurs acquise à sa cause devant constituer la « majorité qui gouverne ».C’est-à-dire de ce sérail d’où seront choisis les membres de l’équipe gouvernementale et du régime ; mais aussi et surtout les collaborateurs du premier cercle et du cabinet qui sont dans l’entourage immédiat du président pour l’aider à gouverner sous le sceau et le magistère de celui sur qui s’est porté le suffrage de son peuple. Le Sénégal ne fait pas exception à la règle et son président élu, le Président de la République M. Macky Sall n’a pas dérogé à ce principe de la gouvernance associée. Lui qui, pourtant, est seul à être élu par un peuple. Depuis sa première élection en mars 2012 avec ce score inédit et jamais égalé dans des scrutins du genre de plus 65 % des suffrages des sénégalais jusqu’à nos jours, constat est fait qu’il n’a jamais gouverné seul. Fort du slogan « gagner ensemble et gouverner ensemble » qui a été celui de ses campagnes successives, le Président Macky Sall a gouverné, jusqu’ici, avec la coalition politique la plus large connue dans l’histoire politique du Sénégal.
Ainsi, dans la gestion des affaires publiques, il est entouré de collaborateurs affectés à des postes d’appellations plurielles et distinctives pour des missions d’exécution de programme politique bien défini ; lequel programme est agrée par le peuple dans sa majorité. Et dans l’exécution de ce programme politique, ces collaborateurs sont tenus, entre autres, d’une mission d’alerte et de veille sur la bonne marche de la vie publique car cette exécution doit s’opérer dans un cadre de paix.
En effet, si cette vie publique est menacée, leur responsabilité est engagée et ce, au même titre que celle du Président qui seul, fera face au peuple qui l’a élu. C’est fort de ce principe que , dans un Etat normal où le Président exerce le pouvoir au nom du peuple qui l’a souverainement élu dans le cadre légal du respect de l’équilibre des prérogatives de l’ensemble des institutions reconnues par la constitution, si un peuple est confronté à des heurts dans la vie publique, les collaborateurs se doivent de se retrouver dans la première ligne de défense de celui-ci ; en attendant que dans la sérénité retrouvée et l’intimité de la décision marquée du sceau de son imperium, qu’il prenne des mesures pour ramener l’ordre et remettre le navire et les rameurs sur les bons flots du chemin de la paix sociale et de la quiétude politique. Cependant, force est de constater, au regard de la turbulence sociale et politique née de l’affaire Ousmane Sonko / Adji Sarr, origine d’évènements regrettables et regrettés d’une jeunesse incomprise, que quelque chose a cloché dans le sérail et qui donne la pleine mesure des leçons en terme de loyauté et d’efficience politique à tirer du comportement de certains des collaborateurs du Président.
Etlà, l’opinion et la nation tout entière sont légitimement en droit d’en savoir face à ces innombrables interrogations qui seront surement élucidées pour qui connait comment marche un Etat. Aussi, ce serait une lapalissade que de dire : l’attitude de certains collaborateurs du Président a été peu, pour ne pas dire, très peu convenable qui eut permis à l’Etat au plus sommet de gérer avec efficacité, promptitude et prévoyance ce dossier. Et pourtant, quand le Ministre de la justice eut informé le Président de ladite affaire en plein conseil des Ministres, celui-ci a immédiatement demandé à ses collaborateurs de ne pas se mêler, ni de près, ni de loin, de cette affaire. Et, surtout, de laisser la justice suivre son cours. Suffisant donc, pour comprendre que Macky Sall n’était rien impliqué dans cette affaire. Et qu’il était si étranger qu’il ne pouvait y paraitre comme quelconque instigateur de cette affaire contrairement aux avances de certains qui ont beau jeu de chercher à se donner les beaux rôles. Mais ce fut sans compter sur certains qui ont profité de l’occasion, semble-t-il, pour amoindrir Ousmane Sonko dont ses esprits qui, le moins qu’on puisse dire, n’étaient pas encore revenus de la grande retrouvaille MACKY / IDY.
Cependant, au-delà de ces actes et faits déplorables suite à l’affaire précitée et qui n’honorent nullement notre république, on continue toujours d’épiloguer sur une fuite manifeste de collaborateurs très proches du Maitre des lieux en dépit de grandes et nobles responsabilités qu’il leur a confiées. On les connait et eux-mêmes se connaissent et se reconnaissent. Une décence toute sénégalaise imbue de nos valeurs ataviques de jom de kersa et de ngor nous interdirait de les citer nommément. Ce quine ferait que contribuer à les indexer davantage et à jeter l’opprobre sur eux. Ce qui n’est nullement notre dessein ni notre ambition… A l’inverse, portons le projecteur plutôt sur ceux-là qui ont admirablement joué leur partition généreuse et qui ont chacun, dans leurs rôles et prérogatives assumées ont permis à notre barque commune le Sénégal de redresser la barre et à notre nation meurtrie d’éviter le pire.
A ceux-là, le pays tout entier doit reconnaissance pour ce qu’ils ont fait en s’ouvrant à d’autres qui se sont distingués dès que les évènements ont failli prendre d’autres proportions pour permettre d’aller chercher et trouver les tardifs mais salvateurs consensus qui ont permis à Macky Sall d’avoir la bonne et intelligente lecture de cette situation . A cet effet, son attitude devrait permettre à ce que plus jamais de telles postures ayant causé de si graves évènements ne puissent plus jamais se reproduire dans le pays.
Dans leur rôle naturel de régulateurs sociaux, les grands guides religieux, les Khalifes généraux et grands marabouts à la tête des différentes confréries musulmanes, le clergé catholique, la société civile ont assumé pleinement le rôle de pacificateurs et de médiateurs que les sénégalais sont endroit d’attendre d’eux Sur le terrain de la politique ceux qui ont administré la preuve de leur loyauté au président Macky Sall ont contribué à maintenir les salvateurs équilibres et démontré leur attachement indéfectible aux idéaux de la République. Ces héros de la démocratie, militants engagés et honorables de loyauté et dignité ont pour noms :Idrissa Seck, Yakham Mbaye, Madiambal, Abdou Mbow, Amadou Ba, Félix Antoine Diome, Serigne Ousmane Beye, Mao Diouf et autres … Ils se sont distingués frontalement dans ces moments de turbulence qui, pour rappel, font partie de la vie d’une nation.
En effet, l’une des exigences politiques de la continuité du service public trouve son explication durant la vie d’une nation où, souvent, surgissent des contradictions entre les êtres humains vivant dans un même territoire et l’Etat, gestionnaire de la vie publique, se doit d’apporter la solution adéquate qui serait le fondement de la conduite de tous. Enfin et à y regarder de près, Macky Sall se garderait mieux de revoir ses collaborateurs d’autant plus qu’avec le retour-ralliement de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, c’est non seulement l’engagement et la détermination d’un vrai homme d’Etat qui lui est acquis mais aussi, tout le potentiel d’expertise plurielle et tout ce riche vivier de talents politiques souvent très jeunes venus accompagner le nouveau patron du CESE qui sont désormais à sa disposition. Que celui qui sait discerner mieux que tout le monde, parce que plus informé que tous les autres sénégalais, et qui nomme aux postes et fonctions de tous ordres pour la meilleure marche de la nation, sache tirer avec ses collaborateurs, la leçon de la houle passée de mars de 2021. Et que le pays s’en sente mieux afin que vive le Sénégal dans la paix pour une prospérité touchant tous les aspects de la vie. Sinon et surtout, bonne continuation.
Nalla NDIAYE chercheur en science politique Ucad