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Resolution De La Communaute Lebou En Communion

Nous, membres de la Communauté lébou, dépositaires d’un patrimoine matériel et immatériel qui a traversé l’épaisseur du temps depuis le XVIe siècle dans la Région du Cap-Vert ; terroir à cheval sur les régions de Dakar et de Thiès ;

Nous voici réunis sur la Place de la Mosquée de la Divinité où repose le Mohammed Seyni GUEYE Sang bi, en face des îles que couve Ndeuck Dâwour Mbaye, génie protecteur de Dakar sur les terres de Youmbour Yâta qui jouxtent la Grotte bercée par la lumière du millénaire de Seydina Limamoul Mahdiyou Al Mountazar, Sangoub Sowou bi ;

Nous voici encore une fois réunis, revitalisés par le souffle des ancêtres portant le serment de Laakoon, Faakoon, Ñaakoon ;

Rappelant que les Lébou ont construit, dans cette longue marche, un havre de paix et un système démocratique stable qui a toujours cohabité harmonieusement avec, et le pouvoir colonial et le pouvoir post-colonial ;

Considérant que la force de la Communauté lébou repose sur son unité et qu’il ressort d’un constat unanime qu’elle se fragilise de jour en jour, à cause des dissensions internes ; racine du mal qui se traduit par des usurpations de fonctions que rien ne saurait justifier à part un appétit insatiable de pouvoir et d’avoir ;

Considérant que cette instabilité institutionnelle gangrène le tissu social lébou et nuit gravement aux intérêts de la Communauté lébou ;

Considérant que le principe de l’antériorité de l’occupation du sol par les primoarrivants que sont les Lébou a fait naître des droits que la Loi de 1964 sur le domaine national a tenté d’ignorer ;

Considérant que les terres des lébou, objet d’une spéculation foncière qui laisse le sentiment et la réalité d’une dépossession créant des frustrations et des rancœurs dans les 12 Pencc et les 121 villages lébou ;

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Conscients que même si des progrès ont été réalisés dans la stabilité de ces droits fonciers, les revendications portant, entre autres, sur l’ancien site de l’aéroport Léopold Sédar Senghor et les terres de Ouakam restent préoccupantes ;

Convaincus que la défense des intérêts matériels et moraux nécessite un nouveau paradigme dans la gouvernance de nos territoires qui laissera intacts les modes traditionnels de gestion de nos cités ;

Considérant que les vives tensions sur la tenure foncière au sein de l’ensemble du Terroir lébou, de Dieuleuke (côté Nord Cayar aux Almadies) à Dialaw (côté Sud), et en particulier au sein de Ouakam qui nous reçoit ce jour historique, sont lourdes de conséquences incommensurables ;

Considérant que justement ce conflit de Ouakam, qui n’est qu’un exemple de ce qui se passe ailleurs sur le Terroir lébou, porte essentiellement sur son patrimoine foncier privé, le Super plateau 5007/ DG, avec seulement 5 hectares résiduels, actuellement inoccupés, soit 142 parcelles à vouloir partager entre 46 000 personnes, sans compter la population à venir, sachant que ce bien a été immatriculé sur le livre foncier colonial en indivis, en 1936 ;

Considérant que seule une des parties, se considérant investie de tous les pouvoirs et attributs pour disposer librement et à sa guise du partage de ce bien ;

Considérant que, contrairement aux lotissements ayant permis l’affectation consensuel des 750 premières parcelles qu’aucun quartier traditionnel n’a eu à prendre connaissance, encore moins, n’a été associé à une quelconque concertation sur un patrimoine commun, estime à 32 milliards de francs ;

Déterminés à prendre notre part du programme de résilience économique et sociale, initié par le Chef de l’Etat, tout en améliorant la situation socioéconomique des 12 Pencc et 121 villages lébou ici représentés ; Déterminés en outre, à honorer nos engagements envers la Communauté lébou qui nous a mandatés ;

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Décidons d’adopter une position commune sur l’impérieuse nécessité de réunir les Lébou dans la concorde et la paix sans lesquelles rien de viable ne sera construit dans la sérénité et la pérennité ;

En conséquence, décidons ce qui suit :

– Mettre en place un Comité Ad hoc, chargé d’aplanir les différends entre les différentes autorités traditionnelles lébou ;

– Créer un organe permanent de défense des intérêts matériels et moraux de toute la Communauté lébou, Unique interlocuteur vis-à-vis des autorités de la République, chargé entre autres de procéder à un audit du foncier lébou ;

– Demander aux autorités de la République de prendre des mesures conservatoires sur tout le patrimoine foncier de la communauté lébou dont celui des 121 Villages, de Tànka et des Douze Pencc, le temps de leur permettre d’être plus amplement informées,

– Demandons, pour le cas urgent de Ouakam, en dehors de ces mesures conservatoires, la mise en place d’une commission de travail, dans les meilleurs délais, sous l’autorité du Gouverneur de Dakar, de celle des autorités coutumières de la presqu’île du Cap vert, de chacune des parties en conflit, à faire, dans la sérénité, afin de ramener la paix à Ouakam.

– Créer un environnement propice à l’investissement et au développement économique grâce à la promotion de nos terroirs. Pour ce faire, la communauté lébou et les collectivités qui la composent s’engagent à déployer tous les moyens à leur disposition pour une meilleure exploitation de leurs ressources maritimes notamment la pêche et leur patrimoine immatériel et matériel pour la création d’emplois additionnels pour les jeunes ;

– Mobiliser des ressources additionnelles pour le financement de projets structurants en lien avec la diaspora lébou, afin de mettre en place un système de partenariat juste et équitable facilitant l’accès des Lébou aux marchés internationaux.

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Nous, membres de la Communauté lébou

1. prenons note des recommandations du Comité scientifique ;

2. adoptons sans réserve les positions du Comité scientifique pour leur mise en œuvre ;

3. félicitons le Professeur Ismaïla DIAGNE pour sa disponibilité et sa clairvoyance dans la direction des travaux du Comité scientifique ;

4. félicitons le Ministre Abdoulaye DIOUF SARR pour avoir mis en place, sous l’autorité du Chef de l’Etat, une riposte efficace, selon l’étude du magazine américain Foreign Policy, classant le Sénégal, deuxième, sur 36 États passés au crible, pour sa gestion de la crise du coronavirus, basée sur une batterie de critères, derrière la Nouvelle-Zélande mais devant le Danemark, l’Islande, la France ou les États-Unis ;

5. demandons à la Communauté de rester vigilante et d’assurer une veille active pour la préservation et la sauvegarde des intérêts matériels et moraux des Pénc et villages lébou ;

6. exhortons en outre la Commission scientifique à renforcer ses membres dans une approche interdisciplinaire afin de mener la réflexion sur la production d’un modèle de charte de la coutume adaptable à chaque contexte pour limiter les dérives constatées ;

7. décidons que désormais rien ne sera plus comme avant pour sortir la Communauté lébou de sa crise institutionnelle qui dure et perdure.

8. réaffirmons notre conviction qu’avec la mise en œuvre de ces stratégies la Communauté lébou pourra redorer son blason et retrouver son lustre d’antan comme force de propositions pour l’émergence économique, sociale et culturelle de notre pays le Sénégal.

Signataires

Nous, membres de la Communauté lébou







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