Le Directeur de la Formation et de la Communication du ministère de l’Education nationale Mouhamadou Moustapha DIAGNE brandit des sanctions sur le cas des élèves de Hann qui ont déchiré leurs cahiers après la composition du second semestre .
Après le Collège d’enseignement moyen de Hann, les élèves du Lycée de Sindia auraient également vandalisé un bâtiment administratif.
Certes ces comportements des élèves devraient choquer tous les acteurs de l’éducation : parents, parents d’élèves, enseignants, Etat …Mais devraient au dessus de tout, inciter à l’esprit de tous la nécessité d’une refondation immédiate du système éducatif sénégalais arrivé à bout de souffle .
Au Sénégal nous avons des autorités qui pensent que pour régler des problèmes il faut renforcer les règles et la sévérité des sanctions :C’est le cas à l’UCAD où des étudiants sont suspendus alors que les autorités refusent de s’attaquer aux vraies causes de la tension en milieu scolaire et universitaire .
La question que nous devrions tous nous poser est pourquoi le système éducatif en est arrivé là?
C’est une lapalissade de dire que l’école sénégalaise n’est plus ce havre de paix .
Il y’a bien-sûr la responsabilité des parents qui n’éduquent plus leurs enfants et des enseignants qui n’ont plus la même autorité .
Mais toute cette problématique de l’école sénégalaise a pris comme racine des reformes imposées par les bailleurs de fonds et de cette longue période de turbulence qu’elle a traversée , avec les grèves répétitives , la violence en milieu scolaire , l’indiscipline ,le taux d’échec trop élevé .
Quel genre d’élève le système éducatif peut avoir si l’enseignant n’est pas respecté par l’État ? Nous rappelons que des enseignants ont été brutalisés par des forces de l’ordre lors d’une marche à Ziguinchor où ils ne réclamaient que le respect des accords signés avec l’État, d’autres enseignants ont été conduits dans des brigades de gendarmerie à cause de la rétention des notes des élèves .
Nos autorités multiplient à chaque occasion des écarts de langage envers les enseignants .
Combien de fois le Président Macky SALL s’est-il défaussé sur les enseignants ? Il est allé même jusqu’à les qualifier de nombreux .
« Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance. » disait Abraham Lincoln.
Voilà où nous mènent le choix de l’ignorance et la démission d’un État qui ne fait pas de l’éducation une de ses priorités.
L’arrogance de certaines autorités de l’État vis-à-vis des enseignants a participé à la dévalorisation de l’espace scolaire . l’État multiplie les programmes éducatifs et à la fin de ces programmes il n’y a aucune évaluation :PDEF-PAQUET …. Le tâtonnement dans les réformes de notre système éducatif a fini de mettre à terre l’école et tuer le mythe de l’autorité de l’enseignant désarmé par une prétendue centralité de l’élève; pourtant l’enseignant réussissait à façonner dans le passé des individus plus éduqués que ceux de cette école moderne.
Le taux d’échec élevé conduit à une rupture de confiance entre l’enseignant et l’apprenant : il n’y a pas très longtemps, aller au lycée permettait d’obtenir un emploi. Maintenant les diplômes ne garantissent plus un emploi décent dans une société qui fait la promotion des Pawlish -Koukande-Rangou… Dans une telle société l’enseignant représente une institution qui déçoit.
Le problème de l’école est la résultante des mauvaises politiques , des réformettes .C’est pourquoi le besoin de réformer le système éducatif devient une urgence .
Le problème de l’école sénégalaise est beaucoup plus profond et ne saurait être résolu que par des sanctions relatives aux cas d’indiscipline des élèves. Il faut s’attaquer aux causes de cette situation de tension dans l’école pour pouvoir corriger les effets .
L’école héritée du système colonial doit être reformée .Réformer est avant tout une stratégie qui se base sur une vision avec le diagnostic comme point de départ et le projet d’un système éducatif qui s’appuie sur nos valeurs et traditions comme finalité. Une telle volonté nécessite des responsables politiques capables de mesurer les véritables enjeux. Mais lesquels ? Pour le moment nous avons un gouvernement qui fonctionne à l’envers, complètement déconnecté de la réalité du pays.