Macky Sall ne mérite pas d’être Président d’un pays. Mais nous non plus nous ne faisons rien pour lui montrer que nous méritons mille fois mieux que la façon ignoble et irresponsable dont il nous gouverne. C’est quoi un pays où tout le monde a honte d’être discipliné ? Qu’est-ce qu’un peuple qui passe tout son temps à supplier Dieu et les forces intermédiaires de lui offrir ce que ses forces intellectuelle et physique lui permettent d’avoir ? C’est quoi ce pays où tout le monde se mêle de décision médicale, de vaccin, de stratégie pour endiguer le coronavirus ? C’est quoi ce président qui, après avoir englouti des milliards dans la gestion chaotique de la pandémie, se propose comme agent du marathonien Corona ?
Macky a déstructuré l’État, ensauvagé la politique et abîmé les mœurs citoyennes. Et nous, qu’avons-nous fait pour l’arrêter ? Les plus téméraires sont devenus des héros de plateaux radio et télé avec des analyses superficielles où la vocifération fait office de science. Les plus lucides se content de jouer une comédie de martyrs pour décorer un paysage politique désert. A quoi ça rime de se faire arrêter chaque fois qu’une tentative de révolte prend forme (au lieu de contribuer à coordonner des actions réfléchies) ? On dirait même qu’il y a parfois une volonté de folkloriser le statut de lanceur d’alerte !
Notre allergie à la discipline, notre fatalisme charlatanesque, notre indolence sont plus dangereux que la pandémie. Il nous faut, dans ce pays, un redresseur de vertu, de valeur. Nous avons tous été des vecteurs très actifs du virus soit par les fausses informations que nous véhiculons, soit par notre hostilité à l’ordre et à notre manque de sérieux (caxaaneries sénégalaises). Corona se transmet chez nous davantage par le mensonge que par la main, plus par la langue pendue que par la toux et l’éternuement.
C’est quoi un président qui convoie des milliers de citoyens pour soi-disant drainer des foules dans le seul but de faire oublier l’affront du faux printemps sénégalais ? Pendant que Macky exposait ses milices, il nous cachait les autres plus dangereuses et plus sournoises : une armée de virus à propager dans le pays comme pour se venger des Sénégalais.
Des anthropologues, des sociologues, des médecins, etc. ont dit dès le début que la lutte contre la pandémie devra d’abord reposer sur des facteurs humains et sociaux. On ne lutte pas contre une pandémie comme on lutte contre le cancer. Les comportements individuels et collectifs sont ici déterminants : nous devons chacun être un bouclier de notre prochain contre ce virus. Arrêtons de prendre notre ignorance pour de la science si nous voulons sauver ce pays.
A force de méditer sur nos comportements, on n’a qu’une seule envie : adopter une vie de monastère pour échapper à cette gigantesque scène de tartufferie.