Quoi dire pour rendre hommage à un homme hors du commun avec qui j’ai eu le grand privilège de côtoyer et de travailler étroitement pendant des années ? Faire la longue liste de ses importantes réalisations ? Souligner la rigueur et la richesse de ses principes républicains ? Insister sur sa grande courtoisie et sur son respect absolu de ses collaborateurs ? Mettre en évidence son sens de l’État, de la République et de la primauté du bien public ? Relever ses fortes convictions socio-démocratiques ? Tout cela a été fait, avec éloquence et justesse, dans les nombreux témoignages qui ont suivi sa disparition en ce fatidique jour de 14 septembre 2017.
La mort change tout. Le temps ne change rien. Le son de votre voix, la sagesse dans vos conseils, les histoires de votre vie et simplement votre présence nous manquent. Donc non, le temps ne change rien. Vous nous manquez encore autant aujourd’hui que le jour où vous êtes parti. Vous nous manquez.
Je voudrais, pour ma part, mettre l’accent sur l’homme et ses qualités personnelles d’intelligence, de courage, de loyauté et d’abnégation, au service exclusif de la République. Sur sa capacité de faire passer l’atteinte la poursuite du bien-être de ses concitoyens avant la recherche de son prestige personnel.
Le courage politique du défunt secrétaire général de l’Union pour le Renouveau démocratique (URD) et son dévouement pour la cause nationale sont salués par ses compagnons et amis dans divers témoignages venus d’horizons différents.
L’homme avait le courage de ses idées, ses choix politiques qu’il n’hésitait nullement de déprendre devant qui voulait l’couter.
Djibo Leyti KA, toute sa vie durant, était intimement lié à l’évolution politico-institutionnelle de notre pays, le Sénégal.
Il fut un grand patriote doublé d’un grand commis de l’Etat, qui a déployé avec dévouement et abnégation toutes ses forces, ses compétences professionnelles, son entregent, sa finesse diplomatique associée à une certaine fermeté au service de son pays, de l’Afrique et de la paix internationale.
En effet, il avait une passion ardente, un sacerdoce ; contribué de manière significative à l’unité et au développement socioéconomique de son cher Sénégal dans la paix, la justice au sein d’une Afrique indépendante, démocratique et prospère.
Je passerai rapidement sur la qualité exceptionnelle de son intelligence. Le mot « brillant » vient tout de suite à l’esprit de ceux qui l’ont connu. Mais ce qui m’a surtout frappé, c’est que Djiby Leyti KA ne se contentait pas de bien comprendre une question complexe : il cherchait toujours à l’analyser d’un point de vue original pour en faire ressortir des aspects jusqu’alors ignorés et, souvent, y proposer des solutions inattendues.
Djibo Leyti KA était courageux. Il n’avait pas peur du risque. Il était prêt à sacrifier « un destin » présidentiel pour le travail harassant et précaire de ministre dans le Gouvernement.
Il fut un grand haut fonctionnaire de l’Etat. Il fut un grand ministre de la République, pendant plus d’une décennie, à des portefeuilles stratégiques.
Djibo Leyti KA fut un homme d’État doublé d’un républicain. Mais il fut d’abord un grand homme dans toute la dimension humaine.
Le temps passe, mais la pensée reste. Telle est la loi de la nature sous la dictée du décret divin. En ce jour qui a marqué nos esprits, nous voulons que vous sachiez, d’au-delà du paradis où vous séjournez, que nous pensons très fort à vous…
On finit toujours par devenir seul face aux exigences de la vie en société d’abord, et ensuite avec la finalité de notre destinée face au Seigneur Souverain, Maitre des Hommes face à la fatale loi qui régit tout cycle de vie de chacun de nous.
Parfois certains mots permettent de se rapprocher des sentiments complexes qui nous traversent lorsque l’on vit des moments de souvenirs d’un être cher, un homme dont toute seconde de sa vie a été d’une utilité incommensurable.
Reposez en paix, l’homme d’Etat !
Nous, comme la République, sont orphelins depuis votre voyage céleste, nous vous promettons main sur le cœur de ne point nous détourner du chemin que vous nous avez tracé.
Vous avez fait de nous des enfants de la République.
Amadou THIAM