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Vingt Ans AprÈs Durban, Africains Et Afro-descendants ColonisÉs Ou ÉmancipÉs ?

À l’issue de la conférence de Durban -2001-, la communauté internationale, de nombreuses ONGs, des mouvements sociaux et des membres de ce qu’il est convenu, dans les couloirs onusiens, de nommer « société civile », ont souscrit aux termes de la Déclaration de Durban et de son Programme d’Action, même si certains Etats occidentaux avaient quitté, avec fracas, la conférence après avoir instrumentalisé, honteusement, l’antisémitisme supposé de l’ensemble des participants. Antisémitisme venant délivrer, à point nommé, les Etats coloniaux qui refusaient que soit discutée plus avant la question des Réparations portée par nombre d’Etats africains et qui aurait dû permettre de clore la séquence concernant l’impunité dont ont bénéficié tous ceux qui ont commis ou laissé se commettre, au nom de la Modernité et de la suprématie blanche, des crimes contre l’humanité et de génocide.

La colonialité du pouvoir s’est alors exprimée dans ses aspects les plus infâmes pour museler une voix qui avait enfin compris qu’après 3 décennies contre le racisme ; il lui fallait aussi pérenniser  l’invisibilisation et rendre muettes les victimes de la négrophobie et de l’islamophobie, ou tout du moins leur laisser une parole circonscrite par le périmètre des droits humains tels que pensés par cette colonialité du pouvoir qui définit celle des Êtres. Non contents d’avoir plus ou moins réussi leur tentative, ces mêmes Etats réitèrent leur opposition aux 20 ans de la Conférence de Durban qui se fêteront à l’Assemblée Générale des Nations Unies le 22 septembre prochain.

Il est bien question des réparations liées à la traite négrière transatlantique, à la mise en esclavage, à la colonisation et au colonialisme qui a suivi la catastrophe humaine tant sur le plan métaphysique de démographique inaugurée par les Découvertes.

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On parle d’une entreprise qui a déplacé, pendant plus de 4 siècles, plus de 12 millions de personnes et s’est jouée sur 4 continents. Entreprise coloniale qui a assuré la pérennisation du modèle euro-centré; qui a conclu à la suprématie des corps blancs sur les corps noirs et arabes ; qui a vendu et mis en esclavage les corps noirs, considérés comme des biens meuble, en raison de la couleur de leur peau et les indigènes pour leur supposé manque d’âme.

Ce procédé a structuré profondément le système capitaliste prédateur en lui permettant de s’enrichir sur l’exploitation, sans limite, de millions et de millions de personnes privées de leur humanité et de leur dignité, mais aussi sur le vol des terres et le pillage des ressources naturelles des Amériques et des Caraïbes qui ont permis « le bien-être et le progrès de l’Europe (…) bâtis avec la sueur et les cadavres des Nègres, des Arabes, des Indiens et des Jaunes. Cela nous décidons de ne plus l’oublier ».[1]

Ces crimes continuent d’être la marque de la majorité des Etats anciennement colonisateurs et esclavagistes ; peu importe que certains affirment le contraire, fassent quelques excuses ou se déclarent prêts à rendre quelques objets d’art volés. Les migrants sont devenus les nouveaux esclaves dont les vies se noient dans la Méditerranée sous les regards impavides de nombre de dirigeants européens; les ressources naturelles continuent à être pillées sans que leur exploitation ne bénéficie aux peuples des pays concernés.

Sans un processus de réparations politiques et collectives, ni ne sera rendue l’énergie créatrice et dynamique de cultures violentées ne répondant pas aux injonctions du monde blanc ni ne sera réintroduit le sens de l’altérité et de l’intersubjectivité qui font cruellement défaut à l’humanité.

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Tous ces Etats et ceux qui les y ont aidés, de près ou de loin, sont responsables du racisme sous toutes ses formes, et particulièrement de la négrophobie construite à partir de la politique de la race mise en place, dès 1492, avec pour objectif de hiérarchiser l’humanité.

C’est bien, d’une certaine manière, ce qui été affirmé dans la Déclaration de Durban « si le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée ne sont pas combattus par tous, en particulier les autorités publiques et hommes politiques à tous les échelons, leur perpétuation s’en trouve encouragée »[2].  Comment dès lors continuer à se poser en parangons de la démocratie et en défenseurs des droits humains sans jamais remettre en cause la colonialité du pouvoir qui maintient les racisés, les précaires et surtout les racialisés dans une zone de Non Êtres ?

Depuis la conférence internationale de Durban contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée[3], la situation des Africains et des Afro-descendants dans le monde ne s’est pas améliorée. Cible facile d’un système qui n’hésite pas à fabriquer des ennemis de l’intérieur lorsqu’il se sent menacé, qui ne trouve rien de mieux que de criminaliser les populations vulnérables lorsqu’il doit prouver son investissement dans la lutte contre le terrorisme dont il a facilité l’émergence, les Afro-descendants et les Africains sont les premiers à payer le prix fort des politiques économiques, sociales, sécuritaires et migratoires des pays anciennement colonisateurs et esclavagistes.

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