Hélas, la violence politique est au rendez-vous comme on pouvait s’y attendre. Nous avons du mal à élire nos responsables politiques, des maires au président en passant par les députés dans la sérénité, la transparence et la paix. Toutefois, de notre point de vue, ce serait une erreur de penser que le climat anxiogène qui accompagne les élections dans nos pays notamment Ouest-Africains est le fait de la seule classe politique même si elle a beaucoup de choses à se reprocher en la matière. C’est notre rapport au pouvoir et à ceux et celles qui cherchent le pouvoir qu’il faut interroger.
Du côté des politiques, quand la compétition pour le pouvoir peut justifier les choses les plus abominables qui soient, de la distribution des billets à la violence et aux menaces personnalisées en passant par les trahisons et autres pratiques mystiques et j’en passe, on ne devrait pas s’étonner de ce qui va inévitablement suivre.
Du côté des populations, si on accepte d’être manipulé par des monstres qui se cachent derrière la politique du ventre et des promesses fallacieuses, c’est qu’il y a un renoncement à la dignité de citoyen qui est grave de conséquences car cela conduit à avoir un destin de feuille morte comme disait l’autre et donc d’être emporté par tous les vents. On ne se préoccupe pas de programme ni des profils des personnes qui vont gérer le bien public local ou national, mais de ce que le candidat donne avant et promet de donner après son élection, le cas échéant.
Du côté des organisations de la société civile, si l’anticipation n’est pas au rendez-vous avec des campagnes de sensibilisation pertinentes et efficaces contre la violence politique, mais avec l’option d’attendre des financements pour aller observer les élections, c’est quelque part problématique.
Disons pour finir que cette violence politique n’est pas une fatalité mais qu’elle ne fait que révéler ou reste un symptôme d’un mal profond de nature éthique qui gangrène toute la société dans son rapport à la politique et secondairement aux élections : la fin justifie les moyens. Le corolaire de ce mal est que l’action politique a perdu sa vocation authentique qui consiste à vouloir le meilleur pour son peuple et s’est muée en ambition personnelle pour le pouvoir comme moyen d’accès aux ressources publiques et privilèges y associés.
En ce mois anniversaire du mawlid, il serait bien pour nous tous de re-découvrir les enseignements et la pratique du prophète Muhammad (saws) sur son rapport au pouvoir et au bien public, son souci de la dignité humaine, son honnêteté légendaire, son exemplarité, etc., mais malheureusement, certains prêcheurs vont préférer nous parler d’autres choses. Or, vu le contexte, nous avons vraiment besoin d’un discours sur le prophète (saws) qui nous aide à nous transformer afin que nous puissions transformer pour le meilleur, notre rapport à la politique et au pouvoir. Wa Salam.
Imam Ahmad Kanté