De la vague enthousiaste des indépendances au tournant d’un monde 2.0 pollué, les fantasmes d’une Afrique révolutionnée n’ont cessé de générer moult discours. Jusqu’à plus soif. Quid d’un continent capable d’enjamber un secteur économique secondaire par la magie numérique du tertiaire ? Confrontée aux financements timides, aux tics politiques et à la dégradation environnementale précipitée, l’étape de l’industrialisation est-elle une chimère ? Le miracle présumé de « jeunes pousses » métissées surfant sur une vague de start-up entraînera-t-il la classe moyenne à « ruisseler » vers les plus pauvres ?
En amont du dernier sommet Afrique-France, parfois perçu comme une grand-messe médiatique propice au « pschitt » hivernal, les Montpellier Global Days soulignaient la nécessité de ne pas négliger les thèmes des systèmes alimentaires, de la biodiversité, de l’eau ou des transitions écologiques observées sous le prisme de l’agronomie. Pas très glamour, la paysannerie traditionnelle ? Certes, la vague des gentlemen farmers de l’agro-business des années 2000 a remis le secteur primaire à la mode. Mais pas toujours au profit de doctrines économiques adaptées et d’ambitions collectives.
Un projet nommé Oasis
Les lampions des sommets éteints, trois personnalités du pays de la Teranga réembouchent la trompette des Montpellier Global Days, à travers verbe et geste. Le geste, c’est un projet dénommé « Oasis ». Le verbe, c’est une tribune largement diffusée, notamment dans les colonnes de médias internationaux.
Ces trois personnalités ont la légitimité commune d’être nées au Sénégal auquel elles accordent une représentativité plus que continentale, puisqu’aux « portes de l’Afrique de l’Ouest, à la jonction du Maghreb, de l’Europe et de l’Amérique ». Un Sénégal où, de surcroît, un président français – Nicolas Sarkozy – avait démontré l’incurie d’observateurs internationaux en matière de questions agricoles africaines, en évoquant ce caricatural « paysan africain » étranger à « l’idée de progrès ».