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Le «consommer Local» Au Sein De L’uemoa

La décision prise par les Ministres du Commerce de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), de consacrer à partir de 2020, le mois d’octobre, « mois du consommer local au sein de l’UEMOA », imprime la volonté des pères fondateurs 27 ans plus tôt, de créer un marché commun, ouvert et concurrentiel basé sur la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux en Afrique de l’ouest.

Aujourd’hui, avec 123,6 millions d’habitants, un PIB de plus de 88 000 milliards de FCFA et une superficie de 3,5 millions de km2, (source UEMOA 2020), l’UEMOA est riche de ses diversités culturelles, naturelles, climatiques et économiques.

La croissance affichée à plus de 6% dans la plupart des Etats membres au cours du dernier quinquennat, est principalement portée par le secteur tertiaire (55%).

Un défi endogène lié à la structure des économies de l’Union, auquel se confondent ceux plus récents et plus révélateurs sans doute :

• la crise sanitaire, qui a révélé la fragilité du système de production et d’approvisionnement des produits de base,

• l’avènement de la ZLECAF, une opportunité mais aussi un risque majeur si l’Union ne s’y prépare pas,

• l’impact irréversible de la mondialisation des échanges.

L’initiative des Ministres du Commerce fédère horizontalement les initiatives locales et verticalement les réformes communautaires d’amélioration de la compétitivité des économies de l’Union. Ses mots d’ordre intègrent une mise en œuvre rigoureuse des réformes entreprises par l’Union en application du PROTOCOLE ADDITIONNEL N°2 relatif aux Politiques Sectorielles ainsi qu’aux Politiques Commerciale et de libre circulation de l’UEMOA.

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Les dispositions pertinentes de ces politiques s’impriment à travers trois dimensions majeures, objet de notre analyse et qui se confortent mutuellement : la production locale, la consommation locale, les échanges intra et extracommunautaires.

1. La production locale

 

Qui dit consommer local, dit produire local, un concept à multiples facettes dont la finalité est la compétitivité des économies, fondé sur :

• le principe des avantages, qu’ils soient absolus (Adam Smith) ou comparatif (David Riccardo), à condition qu’ils suscitent des échanges ;

• le principe de l’origine : ressources locales et forte valeur ajoutée locale ;

• la modernisation et l’efficience d’un secteur agricole pourvoyeur d’intrants de qualité à grande échelle et à moindre coût dans un contexte d’extrêmes climatiques: recherche sur la fertilité des sols, digitalisation du secteur, gestion durable de l’eau et des semences ;

• la gestion des chaînes de valeur par la transformation et l’industrialisation, à l’échelle des facteurs de production à travers des pactes facilitateurs et générateurs d’économies d’échelle : main d’œuvre qualifiée métier, énergie suffisante et accessible, équipements et infrastructures industriels rentables et technologie innovante ;

• un environnement juridique et financier propices aux affaires, à l’innovation et à la transformation structurelle des économies.

1. La consommation locale

L’économiste et philosophe Alfred Sauvy disait ‘le but de l’économie n’est pas le travail, mais la consommation’.

Dans le cas de figure, il s’agit pour l’Union, de nourrir l’Union, à l’image de la stratégie « Feed Africa » de la Banque Africaine de Développement qui appelle à déployer des technologies d’augmentation de la production agricole afin de satisfaire à la demande et de promouvoir la compétitivité des entreprises à travers le label « le made in UEMOA », à travers :

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• un changement de paradigme et de comportement notamment dans les secteurs de l’alimentation et du textile, objet d’une consommation de masse, confrontées à une rude concurrence importée ;

• l’amélioration de « l’industrie des affaires »;

• une concurrence loyale et transparente ;

• la disponibilité des produits en temps, en quantité et en qualité, conforme aux normes d’accréditation ;

• la création de pôles industriels à géométrie variable aptes à absorber les intrants, l’industrie étant « la main droite de la richesse » ;

• la disponibilité des infrastructures et des règles de facilitation des échanges ;

• un accès aux financements innovants.

Le marché des échanges fait de plus en plus appel à des acteurs de changements culturels (traditionnels et émergents) … pour stimuler davantage le consommer local.

• Les échanges intra et extra-communautaires

Apres l’édition 2020 qui a permis de créer une plateforme d’expression de talents et de dialogue entre les consommateurs et les producteurs au sein de l’Union, la seconde édition ambitionne, à travers le thème : « Promotion du consommer local, une contribution à la mise en œuvre réussie de la ZLECAf », de relever le défi de la compétitivité des économies de l’Union, ainsi que celui de la faiblesse du commerce intracommunautaire (- de 15%) et des échanges avec l’extérieur.

Cette seconde édition intervient dans un contexte à multiples incertitudes et opportunités, qui conduisent à repenser et à redéfinir les concepts clés de production, de consommation et de commercialisation avec pour objectif la satisfaction des consommateurs par paliers : national, communautaire, africain et mondial.

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C’est une opportunité pour l’UEMOA, partenaire clé dans la mise en œuvre de la ZLECAf, d’accompagner les Etats membres dans l’identification des produits et circuits à potentiel compétitif afin de tirer pleinement profit de l’accord.

 

1. Perspectives

 

L’initiative des Ministres du Commerce est une remise en selle approfondie des reformes contenues dans la Vision commune des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA. Elle symbolise une réelle volonté politique d’assurer un développement socio-économique inclusif et durable de l’espace sous régional.

Fortement tributaire de l’extérieur, l’Union s’inscrit désormais dans une dynamique d’exploitation optimale et responsable de ses ressources internes afin d’asseoir un modèle de développement innovant, fondé sur ses clés de succès.

Depuis la crise sanitaire, cette décision, est soutenue par des stratégies et politiques aussi bien nationales que communautaires afin de combler le vide inhérent à la rupture des chaines d’approvisionnement. Elle conforte par ailleurs les Etats dans leur engagement en faveur d’une ZLECAF.

Il y a lieu d’étendre l’initiative des Ministres du Commerce aux autres Centres économiques et aux autres secteurs clés de la vie socioéconomique afin de prendre un fort avantage sur les potentialités dont regorge l’Union à travers notamment la consommation locale des biens d’équipements, des contenus culturels et éducatifs, des services et expertises diverses, lesquels s’avèrent tous largement extravertis.







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