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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Qui Va Dire Stop À Ces Series TÉlÉvisÉes Malotrues ?

Que m’accompagnent koras et balafong ! L’art est essentiel à la vie. Il cimente nos relations d’altérité et avec d’autres mondes. Il nous permet de tirer ce qu’il y a de meilleur en nous et d’enfouir, au plus profond des abysses, notre côté obscur.

En Afrique, il relève d’ésotérisme, d’historicité et de transmission des savoirs. Les griots mandingues, maîtres de la Kora, après l’avoir conçue, avaient l’obligation de la déposer dans la forêt, pour retourner la chercher des jours après contre une offrande, afin de l’utiliser et de la transmettre de père en fils. Mandela demandait à Baba Maal de persévérer à chanter la paix et la liberté, car la voix d’un artiste a une capacité d’explosion et de persuasion plus grande que celles de nous autres. C’est en cela que les artistes sont associés et mis en avant en tant qu’ambassadeurs dans la lutte pour toutes les grandes causes.

A l’anniversaire de Youssou Ndour, j’ai lu un post d’un de ses fans disant de lui qu’il est le premier Sénégalais à avoir accompli tant de choses. Ce roi est, en effet, le premier Sénégalais plusieurs fois primé même, à l’international, et le 1er des Sénégalais, en raison de la maîtrise de son art. Shéhérazade, grâce au conte, a pu contenir les appétences meurtrières du roi de Perse, Chahriar, durant mille et une nuits, lui faisant reconnaitre ses qualités de cœur et d’esprit, et sauvant ainsi toutes les autres filles de sa contrée.

Ainsi se comporte un digne représentant, un délégué majestueux et implacable. Sembene Ousmane est reconnu par tous ses pairs grâce à ses films qui traversent les temps et les générations, pour avoir délivré des messages irrépressibles. Tout cela pour dire que l’art n’est pas une affaire de petites gens, ni de malotrus. Il aime l’enchantement, la magnificence, la noblesse et doit être porté par de bonnes gens. Cela ne semble pas toujours être bien compris par le «mini-ministre» (comme l’appellent des humoristes d’une radio de la place ; on est dans l’art) en charge de la Culture et, comme par hasard, de la communication, et ses équipes, encore moins par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). Ceux-là laissent prospérer un nouveau genre qui ne correspond ni à nos mœurs ni à nos coutumes.

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N’est-on pas nommé ministre pour se consacrer à son département durant toute la semaine que pour gérer une base politique comme les «hommes d’équipage» de Baudelaire avec les albatros ? Un poste nominatif s’occupe avec plénitude, responsabilité et courage. Comme chacun peut le constater, pour remplacer les «télénovelas», beaucoup de télévisions se sont tournées vers une offre de séries télévisées locales. Néanmoins, on ne remplace pas le mauvais par le pire. Des acteurs, n’étant en rien professionnels et constituant des contre-exemples véhiculant des contre-valeurs, comme dans les contrées de Sodome et Gomorrhe, ne peuvent pas s’inviter nuitamment et impunément dans nos foyers.

Tout porte à croire que la plupart de ces jeunes femmes et hommes ne savent pas ce qu’ils font et sont sous l’emprise de gourous et d’apprentis sorciers qui leur font miroiter l’argent facile et la starisation. Ils oublient que les artistes qui ont été distingués et reconnus au Fespaco trainent derrière eux des décennies d’expérience et ont blanchi sous le harnais. Il y a de quoi se demander comment des groupes d’industries, tirant leurs bénéfices du pouvoir d’achat des Sénégalais, ont l’outrecuidance d’attacher leur image à des séries de ce genre, alors qu’en matière de responsabilité sociale et environnementale, des actions ayant un impact positif direct sur la société pourraient être menées. Et que dire des chaines de télévision qui irradient ces vilenies ? Il est davantage inconcevable que ces séries jouent avec nos mœurs et nos valeurs et poussent le bouchon jusqu’à se jouer de nos symboles et de nos héros. Quel est leur projet ?

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Jadis, le théâtre et le cinéma sénégalais, tout en étant iconoclastes, sublimaient le patriotisme et la citoyenneté, en se positionnant comme une sentinelle de notre culture et de nos traditions. A défaut d’aller dans ce sens, ne touchez pas à nos mœurs ! Les «vautours» ne peuvent pas atteindre des valeurs profondément ancrées. Dans le film «un idiot à Paris», un personnage irrévérencieux disait à l’acteur principal qu’il n’est pas un «idiot» mais est plutôt un I…, l’embarras c’est que le deuxième qualificatif renvoie à ceux-là qui ne changent pas. Il faut donc les arrêter !







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