Bon, au risque de passer pour un vieux con, nostalgique du bon vieux temps, et quitte à vous bassiner avec ma litanie du « c’était mieux avant », il faut bien reconnaître que nos apprentis dictateurs n’ont vraiment pas le niveau. Quand même, on avait Houphouët Boigny jetant ses opposants dans la fosse aux crocodiles, Mobutu les rassemblant en des fosses communes, et Hassan 2 les oubliant sous le soleil incandescent de la prison de Tazmamart, ça avait vraiment, comme on dit « de la gueule » non ?
Chez nous, nos virtuoses de la rodomontade orgueilleuse et du fier mouvement de menton, n’ont su transporter Barthelemy Dias, Ousmane Sonko et Malick Gackou, … qu’au Camp Abdou Diassé. Avouez tout de même qu’à côté de Tazmamart, ils jouent un peu « petit bras ». Ils nous font regretter ces temps où nous nous savions vraiment en Afrique, dont les présidents autocrates assumaient leurs excès de suffisance, adossés qu’ils étaient à cette futile idée néocoloniale que, ma foi, les africains n’étaient pas encore prêts pour jouir des bienfaits de la démocratie.
Franchement, vous imaginez ces grandes figures de l’autocratie, entasser leurs plus virulents opposants dans un car de police, et leur laisser leurs smartphones, avec lesquels ces vilains garnements ont pu s’enivrer de selfies rigolards et les balancer tout autour de la planète, via CNN, France 24, ABC news, et autres networks influents, donnant de notre pays, jadis havre de paix politique, une image peu rassurante pour ceux que notre état drague avec assiduité, afin qu’ils investissent dans notre avenir et dessinent notre destin de pays « pétrolier et gazier ».
Le scénario que de distraits pieds nickelés ont élaboré, pour contrer les évidentes provocations de deux turbulents leaders politiques, qui savent exciter les neurones des agités d’en face, auxquels l’entêtement tient lieu d’intelligence, et les pousser à étaler un excès de zèle, propre d’une administration que le clientélisme et le « dividendisme politicien » auront métamorphosée en exécutrice de basses œuvres, est cousu de fil blanc. Il n’en faut pas beaucoup de ces « kapos », une dizaine suffit, qui s’inventent un destin de croisés de la cause du chef, et mènent des actions aux allures de forfaitures, motivés par l’absurde idée que l’essentiel est de plaire au chef, sans même parfois imaginer qu’il est hasardeux de pisser face au ventilateur.
Cette affaire d’un procès qui traîne depuis 10 ans, et dont les faits ont coûté la vie à un homme tout de même, on a tendance à l’oublier, est le symptôme nauséeux des capacités d’un État à faire du chantage judiciaire une arme de destruction d’adversaires politiques. Il y a 10 ans, il a été décidé d’un non-lieu, pour écarter des foudres de la justice un personnage qui avait joué un rôle important pour emporter le combat contre Abdoulaye Wade. Le non-lieu avait des allures de blessures de guerre. Dans les démocraties consolidées, la justice s’interdit d’interférer dans les processus politiques. Et c’est à l’origine de cette affaire que le problème réside, et le non-lieu accordé au grand médaillé de l’alternance, s’est insidieusement transformé en fil à la patte d’un incontrôlable et charismatique caméléon.
Les joutes politiques, au lieu d’élever les débats, ressemblent à s’y méprendre aux sorties des matches de football navétanes, où il est gratifiant de se foutre sur la gueule, sans penser aux conséquences sur l’image de notre pays. Comment, comme à Kédougou, un préfet, peut refuser à un candidat, Moustapha Guirassy en l’occurrence, de récupérer son récépissé lui permettant d’introduire son recours pour invalidation, arguant je cite « qu’il lui est loisible d’interpréter comme il le veut les termes de la loi », jetant dans les rues de Kédougou des milliers d’enfants, dont l’un, pas le fils de Guirassy, c’est évident, se fera sauter une bombe non dégoupillée à la figure, le mettant au bord d’un pronostic vital engagé. Tout ça pour des promesses que les politiciens s’empressent d’oublier face au principe de réalité ? Ça fait bizarre comme sensation… Oui bizarre. Tout ça pour ça… On se croirait en Afrique…
D’ailleurs on est en Afrique… Au Sénégal en tous cas, ce pays qui se targue d’être à côté de la planète, avec cette punchline définitive affirmant que « fi Sénégal la », où il est impossible à un État de faire comprendre à ses habitants que l’économie demande des performances indépendantes du social et du sempiternel accompagnement octroyé par nos gouvernants en contravention totale avec la vérité du commerce, qui par ces temps de relance post-covid, asphyxie nos économies, avec l’explosion des prix des denrées, du transport, des containers, contraignant nos meuniers par exemple, à perdre leurs bénéfices sur l’autel du renoncement à pratiquer le juste prix…de revient.
C’est ainsi qu’au regard des engagements et des assurances du ministre des Finances et du Budget portant sur les préoccupations soulevées par la fixation du prix de la farine, les meuniers industriels ont décidé de reprendre provisoirement la production nationale et les livraisons aux clients.
Il est secondaire que les difficultés majeures auxquelles sont confrontés les meuniers industriels et les pertes substantielles consenties par les meuniers-industriels depuis le début de l’année 2021, soient sacrifiées au bénéfice d’une vraie réflexion sur notre niveau d’industrialisation, qui nous fait oublier que notre problème primordial est l’emploi et non le pouvoir d’achat, qui est souvent nul pour une personne qui ne travaille pas. On se croirait au Sénégal… Pays dans lequel tenir aux populations un langage de vérité, équivaut à subir illico-presto, un procès en sorcellerie, au bénéfice de tous les apprentis-sorciers, qui eux, savent surfer avec virtuosité sur le champ émotif des Sénégalais.
On a tellement mieux à faire. Mais c’est tellement plus buzz et divertissant d’exposer à la face d’un monde qui lui avance, nos vulgaires bagarres de rues. Tonton David chantait : « Chacun sa route…Chacun son destin ». Question de choix.