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Bob Marley, L’immortel

Bob Marley, L’immortel

Jour 47

#SilenceDuTemps – « Faire du vélo, une révolution douce », nous dit la publicité … Il y a 4 ans tombait sur mon bureau de conseillère municipale un projet dont le but « est non seulement d’offrir aux habitants et visiteurs de la capitale du Sénégal cette révolution cycliste mais aussi de promouvoir un mode de vie responsable envers l’environnement et la santé. »

Le vélo n’a pour moi aucun secret, j’en ai fait mon activité principale durant mon enfance. Je me souviens de la pression que j’ai mise aux parents pour avoir en guise de récompense un vélo pour mon entrée en 6ème, toutes les copines du quartier avaient déjà le leur.

Je l’ai eu et aucune rue, trottoir, passage privé du plateau et même au-delà ne nous était inconnu. On jouait même comme les motards le jour du défilé de la fête de l’Indépendance à faire des figures … périlleuses. Il n’y avait pas trop de danger, le plateau n’était fréquenté que par ses habitants !

Mais revenons à notre projet « Dakar à vélo ». Un an avant de venir à Dakar, la même association à but non lucratif venait de lancer le projet à Marrakech qui semble-t-il, a bien marché. Réellement emballée par ce projet mais préoccupée par sa difficile réalisation dans le Dakar d’il y a 4 ans malgré des arguments béton vendant entre autres la « création d’une conscience citoyenne pour un projet environnemental, des activités écologiques, éducatives, santé, dépollution de la ville … » J’ai gentiment conseillé le promoteur d’aller voir du côté de l’île de Saint-Louis, mieux adaptée à ce projet.

J’ai continué à faire du vélo, adulte dans Dakar, assez insolite et j’allais en vélo au travail. Un architecte à vélo ici c’est « politiquement incorrect » mais mon patron n’osait rien dire ! J’allais au rendez-vous de chantier BICIS, défunte USB, Assemblée nationale … Vous n’imaginez pas la tête de tous ces patrons-là. Et puis je venais d’accoucher, c’était idéal pour le muscle du ventre. Un jour ma tante préférée Maamboye, celle de la chronique «des morts choisis» à qui je rendais souvent visite, elle habitait entre mon bureau et la maison, m’a rapporté les propos de son mari, tonton Jean, redoutable et influent notable de l’époque : «comment pourra-t-on la prendre au sérieux ta nièce sur son vélo, ici c’est Djoloff … Parles-lui et dis-lui de descendre de ce vélo, de porter des lunettes pour faire sérieux et surtout de se laisser pousser les cheveux ».

Éh bé, j’en avais des handicaps ! Ma tante et moi en riions souvent, je vous ai dit qu’elle me connaissait bien.Toujours le cheveu ras. Tiens, je suis allée chez le coiffeur hier pour me couper les cheveux comme tous les deux mois. J’adore toujours autant le vélo, j’ai d’ailleurs continué à faire du vélo et pendant 10 ans, avec la fédération de cyclisme, nous faisions de superbes randonnées le dimanche matin : 50 km. C’était dans les années 90, je me suis mise ensuite à la randonnée pédestre, mieux adaptée à ma condition physique.

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Il y a 3/4 mois, je rencontre dans le bureau de madame le maire de Dakar un monsieur emballé, voulant développer un projet de vélo à Dakar !  Projet bien moins « social » que celui d’il y a 4 ans et moi toujours « fan de vélo » de lui parler de préalables du genre création de pistes cyclables. Et où ? Trottoirs à dégager ou à créer ? Et plein de petites choses comme çà ! « On peut commencer tout de suite », nous a-t-il dit ! … Mme la maire un peu dubitative, moi aimant toujours autant le vélo, j’ai même proposé de faire partie des cobayes pour le lancement, carrément !

L’après C. sera un autre jour, le promoteur sera lui aussi autrement. Le vélo, amélioration de la mobilité dans Dakar, de la qualité de l’air… On doit y arriver.

Jour 48

J – 1 de la chronique de mon amie Geneviève de Marseille que j’ai lue avec attention. Secrètement je cherchais quelque chose que je n’ai pas trouvé, quelque chose qui peut faire penser à la fin d’une étape, un petit au revoir qui commence aujourd’hui et finit demain. Même pas un questionnement sur l’après C., en fait elle s’y prépare depuis et donc le passage d’étape ne sera qu’un jour ordinaire ou mieux il n’y en aura pas et puis son temps de confiné durant ces 55 jours m’a semblé si bien assumé et donc …

Je pense qu’elle continuera ses chroniques, sûrement différemment. Eh oui pourquoi s’arrêter en si bon chemin, après tout, la vie continue non ! Le virus est partout, mais attendons demain de voir ce qu’il en sera au juste.

Une amie me dit la semaine dernière : « mais il est où C., je le cherche ?» Rappelons-nous au tout début de cette pandémie, les journalistes n’en pouvaient plus de dire et redire « aucun cas à Touba » alors que nous savions tous que le Magal qui a eu lieu, lorsque C. était bien là, aurait dû être interdit. Tous les cas qui se bousculent depuis 8 jours dans la ville sainte ne sont que le résultat de ce manque de courage politique d’alors. Que va donc nous dire monsieur notre président mardi ? le pays entier sera tout ouïe et espérons que lui sera compris !

Tous les jours/soirs dans les médias des groupes professionnels « pleurent » leur manque à gagner et la misère dans laquelle ils se trouvent. Les premiers et j’en ai bien ri, les communicateurs traditionnels ou griots, et dont j’ai parlés dans une de mes premières chroniques. Finis mariages, baptêmes et autres clientèles, leur remplissant aisément les poches après avoir entendu de flatteries en chansons. Tous y sont passés et la valse continue. Tout à l’heure Baba Maal, et avant lui on a eu de plus grosses pointures. Mais quel manque d’humilité ! Pensent-ils à tous ceux qui au bas de l’échelle ne savent même pas auprès de qui se plaindre, ceux qui n’auront pas accès aux médias même si certains sont prompts à nous faire écouter tout et n’importe quoi. C’est quand même terrible que les premiers à qui on a pensé, ce sont les hôteliers et bien entendu les plus grands, mais ceux-là s’ils sont si « grands », c’est qu’ils ont bien de l’avance. Ils devraient être les derniers à se plaindre.

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Bon, je ne suis pas si naïve et je sens bien que le fait d’aboyer n’empêchera pas le retour du boomerang, lui qui ne saurait tarder.

Quoiqu’il en soit, il nous appartient chacun à notre niveau, de trouver les solutions de déconfinement. Il ne sera pas possible de continuer ainsi.

Je suis allée rendre une visite intéressée certes à tata Thiathiaka dans l’après-midi. Nous étions masquées, enfin elle s’est masquée en voyant Djélika qui faisait partie du voyage, nous avons respecté la bonne distance … Bon c’est vrai point de « waxtane » futile même si c’est agréable de temps en temps et en prime j’ai eu en partant salade et céleri du jardin maison, cultivé très sérieusement par une pro’. Quoi de mieux !

Jour 49

Impossible de commencer plus tôt comme ces jours derniers (qui s’en est rendu compte ?). Il me fallait écouter le président de la République qui pour la deuxième fois depuis C. s’adressait à la Nation. « Nous allons donc vivre avec C. jusqu’en août voir septembre ». Bon cela, on le savait plus ou moins et que « nous devons nous adapter ». C’est bien ce que nous tous faisons depuis le départ, avons-nous un autre choix !

Mais en fait, il lui fallait trouver comment et où « noyer » les deux équations qu’il lui fallait résoudre, celle des mosquées et celle des rapatriements des Sénégalais décédés du C. En les mélangeant au milieu d’autres problèmes comme les marchés à fermer ou non. Ceux-là qui n’ont jamais fonctionné dans les règles de l’art avant et bien entendu pendant C., ils étaient déjà une bombe en gestation, alors aujourd’hui avec C. on verra bien !

Il a bien l’air sous pression le Macky ! Mais c’est le président, on ne va pas le plaindre. J’étais naïvement persuadée que C. allait enfin nous aider à mettre de l’ordre à ce niveau, c’est raté, nos marchés seront encore « sales », dangereux et peu adaptés à nos réalités.

Et puis la prière du Vendredi respectant la distanciation sociale, j’imagine alors que toutes les rues comprises entre Lamine Gueye et L.S. Senghor dans le sens Ouest/Est et celles entre République et Pompidou dans l’autre sens seront barrées.

Je me souviens un jour où à l’heure de la prière je quittais la Cathédrale et j’ai pris la rue Félix Faure quelques minutes avant le début de la prière, j’étais avec un confrère qui n’en croyait pas ses yeux. J’ai avec détermination « tracé mon chemin » et même fait un peu de gymkhana, allant de gauche à droite non pas sur le trottoir mais sur ce qui me restait comme espace pour mettre le pied, faisant fi de toutes les récriminations dites à voix basse mais suffisamment audibles pour leur faire des chiip’petu en retour. Mon confrère éberlué m’a suivie sans broncher. Une autre fois, pareil et dans la rue A. Assane Ndoye, j’étais avec deux confrères marocains, ils étaient « sciés ». Des choses impensables dans le royaume chérifien, là c’est même un riverain allant prier mais bien complice qui nous a « tracé » un chemin certes bien étroit.

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Aujourd’hui, 11 mai, il y a 39 ans que Bob Marley nous a quitté. Incroyable car aucun média sénégalais n’en a fait allusion. Bon qu’il ne sache pas qui est Jacques Césaire ou encore Ousseynou Diop dit Bob Yves … passons, encore que les archives c’est pour qui ? Mais Bob ? Et au profit d’une information toujours insipide, sans couleur, sans odeur. C’est terrible. «Don’t give up the fight, stand up for your right …you can full the people some time but you can’t full the people along time. » La plupart de ses mots, de ses paroles sont terriblement sensés, d’une grande actualité et comme le rappelle ma sœur Bigué de Gorée dans un post vocal envoyé en hommage émouvant à Bob tout à l’heure, il ne s’agit pas de l’écouter mais bien de le comprendre en ouolof c’est plus fort encore « dégg mooy gueen déglu …», me dit-elle. Elle continue en disant que c’était un visionnaire et que toutes ses chansons se révèlent être une vraie leçon de vie.

39 ans déjà, Bob Marley est si présent. Je me souviens étudiante en 1974, il passait pour la première fois en France et mon amie Danièle me dit qu’il fallait absolument aller le voir et moi comme une c. de lui rétorquer « je préfère … Jimmy Cliff », quel gâchis !

Mon fils « Pièce Unique » m’entendant fredonner une de ses chansons il y a quelques années, très étonné pensant qu’il était de sa génération… Bob l’immortel !

PS:je me suis complètement trompée mon amie Geneviève de Marseille n’a pas écrit le J 0 . J’espérais qu’il soit le départ d’une vie de « déconfinée ».

Annie Jouga est architecte, élue à l’île de Gorée et à la ville de Dakar, administrateur et enseignante au collège universitaire d’architecture de Dakar. Annie Jouga a créé en 2008 avec deux collègues architectes, le collège universitaire d’Architecture de Dakar dont elle administratrice.

Épisode 1 : AINSI COMMENÇAIENT LES PREMIERS JOURS CORONÉS

Épisode 2 : AVEC LA BÉNÉDICTION DE FRANÇOIS, LE PAPE LE PLUS AVANT-GARDISTE

Épisode 3 : SOCIALISER EN TEMPS DE COVID

Épisode 4 : PREMIÈRE SORTIE EN PLEIN COVID

Épisode 5 : SOUVENIRS DES INDÉPENDANCES

Épisode 6 : LES CONSÉQUENCES INATTENDUES DU COVID

Épisode 7 : LA LUNE ROSE

Épisode 8 : POUR UN VRAI PROJET D’ÉCOLE

Épisode 9 : PÂQUES SOUS COVID

Épisode 10 : DEVOIR DE TRANSPARENCE

Épisode 11 : NOSTALGIE D’ADO

Épisode 12 : DAKAR ET LA RAOULTMANIA

Épisode 13 : UN TEMPS SUSPENDU

Épisode 14 : BELLE RENTRÉE

Épisode 15 : LA PROMENADE DU DIMANCHE

Épisode 16 : BEER LA GLORIEUSE

Épisode 17 : LE COVID, UN AVERTISSEMENT

Épisode 18 : ANGOISSE CONTINUE

Épisode 19 : DAKAR EN PERDITION







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