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Le Vent Se LÈve Ñacaar

Le Vent Se LÈve Ñacaar

Le vent se lève

Que le grain qui secoue nos vergues et embrume la vue trouve la vigie en alerte.

Au rivage ñacaar. Vers ton risque. Affermis leste ton gréement. Le béret du capitaine est à ta portée. Perlant au front d’une foule fraternelle, tes semblables, la sueur de ta révolte viendra dissiper le trouble actuel et ajouter aux tonalités d’origine de son héritage – éternel camaïeu des horizons révolutionnaires – leur nuance du moment.  

 

Le vent se lève

Et voilà que ça commence ! Un canevas, maintes fois éprouvé, tisse à frais nouveaux sa trame incendiaire. Mortelle.

A nouveau, « Seynabou Africa », beauté colossale pour le moment sans défense, découvre ses talons fragiles aux traits de Dame oppression. Dissensions fratricides. Misère et concussion. Dans la tourmente qui compromet l’espérance, le commentaire volubile (mien compris), distrait du danger.

L’éternel retour du même, de farces en drames, enceint l’horizon de nos possibles. Alors dans le péril ne te fie qu’aux timoniers accomplis. A la valeur consommée. Leur legs en viatique.

Le vent se lève.

Seynabou Africa est pourvue. Le monde le sait. Ici en partie réside son drame. Car, en guise de protection, la dame ne dispose pour l’heure que d’une tutelle vassale. Pleutre et sans ambition. Hélas ! L’indigence de certains de ses enfants est sans bornes qui mènent sa demeure à la ruine. Depuis « l’omni-niant crachat ». Une incapacité chronique à lui assurer la pleine souveraineté sur ses biens. Contre la convoitise d’autrui et au bénéfice du plus grand nombre de ses enfants. Par richesses, outre les seules commodités naturelles que la Providence et/ou les prodigalités hasardeuses de la géologie ont disposées en son giron, entendre également les trésors inestimables de son ingénierie humaine. Accumulés dans la grande diversité de ses cultures et cultes. De ses peuples et nations. De ses langues et savoirs. De ses Arts. En un paradoxe atroce son heur est son malheur. L’œil torve du capital, avec la complicité coupable d’une petite part de ses « fils » organise la prédation des biens de la dame. Souvent, trop souvent, nos heureuses identités ont été l’instrument de cette faiblesse. Encore et toujours la main rugueuse et retorse de puissants intérêts dresse les enfants de Madame contre leurs frères. Le procédé est éculé, ersatz à peine crypté du bon vieux « diviser pour mieux régner ». On en rirait n’eût été le drame. Pour des besoins de concision je vous fais grâce des exemples que l’histoire fournit à foison. 

En le premier tourbillon nous tanguons.

 

Le vent se lève

Le Sénégal est pourvu. Depuis peu. Le monde le sait. On réputait le pays, en formules aussi péremptoires que creuses, « vitrine » et « modèle » de la démocratie en Afrique. D’aucuns estiment usurpé ce titre ronflant et, à l’aune de la crise que nous traversons, une supercherie mise à nu qu’un rimmel désormais craquelé peinera à dissimuler. Les insuffisances sont par trop criantes. Certes. Mais en la matière la circonspection serait sagesse. Car demeure malgré tout un cheminement lent et tortueux vers un régime de souveraineté politique par le peuple. Des institutions pérennes, l’expression libre, plurielle et contradictoire des idées, le choix par le peuple de ses mandataires puis – tout de même ! – des transitions politiques. Houleuses certes. Disputées et chaotiques on le concède. Cependant bien réelles. Malgré la dangereuse tentative de Wade, père spirituel de Macky d’en infléchir le cours. Du parti unique de fait sous Senghor au multipartisme limité puis à la pléthore d’affiliations partisanes du moment, le pays aura appris à introniser le choix et la voix du peuple à travers une compétition plurielle. La condition n’est pas suffisante pour une démocratie adulte et efficiente. Les manquements sont évidents. Toutefois depuis son indépendance, le pays a pris un chemin, s’est engagé dans un processus fragile, réversible et à parfaire de démocratisation. Encore bancal mais réel. Pour son bonheur. Et pour son malheur. En un paradoxe saisissant là encore. La prévarication des équipes politiques à la tête de l’état et leur gestion calamiteuse (parfois criminelle) du pays les obligent à déployer, au terme échu de leur mandat, des trésors de machiavélisme afin de se soustraire à la sanction légitime et inévitable des urnes. Car le changement – acquis démocratique oblige – n’est plus sous nos cieux une chimère. C’est là une possibilité que l’on redoute. Son avènement pourrait amener à rendre des comptes. Leur volonté de se perpétuer au-delà du raisonnable/légal transforme alors le scrutin non plus en débat d’idées, sur des programmes et projets pour le meilleur de nos enfants mais en référendum pour ou contre le sortant. Dans ces circonstances, afin de parer au plus pressé et bouter dehors les désavoués du moment, nous déléguons notre souveraineté au mieux placé. Qui auparavant aura promis. Beaucoup. Mais vous savez tous ce que l’on dit des promesses dans l’arène politique et ceux que cela engage. Diouf vs Wade. Wade vs Macky. Macky vs…? Ad libitum.

En sa funeste orbite la houle à nouveau nous aspire.

 

Le vent se lève ñacaar et voilà comment ça recommence !

Des esprits de composition trop amène avaient accueilli la victoire – fort heureuse – du tyranneau contre son vieux père spirituel comme un symbole et le signal. Ils avaient voulu t’en faire accroire. La rupture était advenue. Rien qu’une dangereuse inflexion qu’il nous aura fallu corriger. Nous reprenions tranquillement notre longue marche vers un « mieux-gouverner ». Trajectoire redressée. Notre pays n’irait plus à rebours. Le fâcheux fauteur de retard – ndiombor pour ne pas le nommer – avait, son heure venue, mésusé de son pouvoir. Mal lu les signes. Amorcé une marche arrière en tordant le sens de l’histoire. A rebrousse-poil des urgences du moment. Le contretemps fit hoqueter la nation et tanguer l’état.  Amnistie, aux raisons nébuleuses, d’un criminel d’état, népotisme, saccage de l’enseignement, fourniture en électricité aléatoire (les incessantes coupures confinant à la farce), instrumentalisation de la justice, personnalisation du pouvoir, lois ad hoc pour se maintenir à la tête de l’état, enrichissement illicite, déprédation du foncier, faux grands travaux et maigre bitumisation en trompe-l’œil. Responsabilité criminelle dans le naufrage du bateau le Joola. Liste non exhaustive. Jusqu’à ce projet, ubuesque, de léguer le pouvoir au fils. Ce dernier épisode, désastreux, avait été baptisée par le pays « dévolution monarchique ». La langue du peuple en révolte est goulue.

Nous nous étions alors rebiffés. Dit non. Crié. De toutes nos forces. Y laissâmes des martyrs. Le prix à payer. Ce combat permit au fils adoptif, héritier symbolique, de supplanter le fils de sang et nous, nous passions aux bras de Sylla. Macky vint.

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Les esprits de bonne composition, disions-nous, se laissèrent conter fleurette par ce dernier, comme auparavant avec Wade qui venait de défaire le croulant pouvoir socialiste. A coups de promesses ronflantes et même, en début de mandat, d’intentions affichées plus que louables. Intransigeance dans la défense et le respect de l’ordre républicain, souci des petites gens, chasse à l’enrichissement illicite. Les lendemains furent néanmoins désenchantés pour ceux qui avaient accordé leur confiance. Le clan Sall/Faye prit la place encore chaude de Karim/Sindiely. La justice devint, on le sait, un outil de chantage facilitant le ralliement et/ou l’élimination des adversaires politiques. La confiscation du pouvoir prit de nouveaux atours. De la dévolution monarchique on passa à l’autocratie référendaire. Le coup de force se fit plus sophistiqué et technocratique que sous Wade. Le temps de nous apercevoir de la manœuvre nous voilà avec une nouvelle constitution laissant ouverte et pendante la question d’un éventuel troisième mandat malgré la disposition constitutionnelle qui n’en autorise que deux. Le tour de prestidigitation, pathétique et retors, résidait – les experts l’ont largement disséqué depuis -, dans le flou entretenu à dessein quant à la prise en compte, dans le décompte final, du mandat au cours duquel aura été initiée la réforme.

« Boul forcer !» Par ces termes, la gouaille populaire avait raillé et défié le vieux Wade empêtré dans ses piteuses circonvolutions visant à perpétuer ses mandats contre l’assentiment du peuple et en dehors de toute légitimité juridique. « Boul forcer Macky. Na nooy ! » Encore les mots du peuple en colère.

Triste retour du même.

Ñacaar défais l’étreinte d’airain, qui aujourd’hui déjà, enserre ton cou. Elargis l’horizon.

Mais cette fois mbaar naan bou la takha naan pootitt !

 

Car le danger est d’une nature inédite mon frère. Dorénavant ta maison une proie alléchante. Un bon parti à la dot consistante. Couru. Jadis arachides, phosphate, marché d’une dizaine de millions d’âmes, ressources halieutiques et autre influence géopolitique garnissaient le trousseau de la dame. Il s’est enrichi des énergies fossiles, appelées à se raréfier et, pour l’heure, vitales au cœur de l’économie capitaliste carbonée. Substantiel. Tu ne peux plus te permettre quelque relâchement dans le choix des impétrants à qui déléguer ta souveraineté.

Dorénavant les groupes armés qui contestent radicalement, violemment, l’empire du capital sur nos vies ainsi que les déséquilibres oppressifs néo-coloniaux qu’il engendre, sont sous pavois religieux et, brandissant leur idéologie mortifère, plébiscitent un ordre théologique qui ne libère d’un joug que pour mieux aliéner l’humain. L’assujettir à la férocité de ses pulsions les plus obscures et rétrogrades. Tes ressources nouvelles sont parmi les moyens de leur stratégie. Et ils sont à ta porte. L’empire d’un côté et ses sombres challengers au sombre dessein de l’autre. Un mal nouveau contre d’anciens maux. Réécoute Ousmane Sow.

Dorénavant le légendaire vivre-ensemble du pays, à l’instar de sa démocratie, est à la peine. Les incantations ne sauraient le garder du péril. Pas plus que l’anathème. Règne toutefois un irénisme de mauvais aloi qui en chœur proclame, définitif, qu’ici s’expriment et se donnent à lire nos seules affiliations républicaines et citoyennes. Uniquement ! Rien d’autre ! Circulez ! Il n’y a rien qui fasse débat. Sauf pour esprit chafouin. Le Sénégal, pays de téranga, de tolérance, du cousinage à plaisanterie et autres poncifs serait sourd aux mobilisations et sentiments communautaires infra. Malheur aux intrépides, inquiets de certaines dérives factieuses et/ou sécessionnistes. Le premier à briser le consensus affrontera son haro. Ce brouhaha couvre la teneur du message dont, pourtant, nous devrions nous enquérir. Fût-il porté par un plumitif en livrée de factotum, briquant l’image publique du palais ! Et tu n’es pas dupe ñacaar. Disqualifier le messager ne rend pas moins tangible la réalité. Le doigt qui pointe la lune, l’œil qui darde un regard malavisé sur le doigt ou quelque chose d’approchant.  Que l’on jette un coup d’œil, même furtif, aux cartes ; celle des résultats de l’élection présidentielle de 2019 et celle des victimes du soulèvement populaire de mars 2021. Leur partition est parlante. Wade, déjà, avait placé sa gouvernance, au mépris de l’ordre républicain, sous pavillon confrérique. Macky, le disciple, a déplacé le curseur vers son « titre foncier ». Glissement tactique de l’influence d’une tarikha à l’influence ethnico-territoriale. Les augures – je veux nommer l’inquiétude sincère pas ces plumes outrancières et partisanes des saltigué à la petite semaine – les augures qui tentent de nous avertir du danger n’ont pas inventé la polémique ila fouta ila touba. Pas plus que la démission d’un juge pour des raisons troubles liées à la communauté d’origine de son épouse. Je vous laisse là encore le soin de compléter les exemples. N’ayons plus peur ni des mots ni de la réalité. Inventons-nous. Sénégalais. Républicains. Réinventons-nous. Qu’enfin cessent les mantras stériles !

…Dans une délibération sans tabous. La « tête oh la tête large et froide », « l’esprit libre, le cœur [plus] large [encore] ».

Par ailleurs, conscients du rôle d’épouvantails des fous de dieu, ces idiots utiles du statu quo international, nous demeurons néanmoins résolus à bouleverser l’ordre inique du monde. Si ces sombres illuminés sont les alliés objectifs du système d’oppression, ils ne sont cependant pas une simple vue de l’esprit. Te voilà averti ñacaar ! Vigilant et déterminé à ne pas laisser ces « lubies » frelatées d’un autre âge mettre en péril ton mode de vie et compromettre tes combats légitimes. Ni oppression coloniale ni raidissements identitaires et/ou religieux. A égale distance de la propagande alarmiste d’un état aux abois et de ces menées sibyllines qui de nos sentiments d’appartenance voudraient faire retranchement séditieux et/ou fascisant. Là se dessine la voie de la sagesse. Sinueuse crête.

Sur tes gardes ñacaar car alternatives de guingois délivrent lendemains ruineux !

 

Par chance – l’adage le soutient – où croit le péril croit le remède. Ou quelque chose d’approchant.

Qu’ils partent donc tous ! Pas uniquement le tyranneau. Tous. Que les appareils prennent leurs responsabilités et les fassent tous partir !

Nous tous ñacaar, toi, moi, allakhaam, le nez dans notre besogne et les urgences du quotidien, sommes souvent, vis à vis d’un passé pas si lointain, d’une clémence excessive et quelque peu oublieuse. Mais alors les « clercs » ?  À qui la conscience collective confie la consignation des annales, – et la hauteur de vue et la rigueur de l’analyse et la fermeté dans l’énoncé des principes -, que ces clercs aient si aisément abdiqué leur posture critique, voilà plus que troublant. Tenir notre mémoire sur le qui-vive. Voilà qui leur revenait. Nous rappeler que le spectre de l’attelage Wade/Karim/Sindiely hante la triade Macky/Mansour/Aliou Sall. Nous remettre en mémoire que les turpitudes avérées de notre justice – même ses forfaitures – ne disculpent en rien Khalifa Sall des pratiques nébuleuses dont on l’accuse. Pratiques qu’il reconnait lui-même – les anciens maires de Dakar à sa rescousse – et dont on ne veut plus. La diligence fort opportune (et suspecte) avec laquelle Dame justice l’aura mis sous écrou ne change rien à ce fait.

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Gare ñaccaar ! L’on compte sur nos mémoires avachies pour usurper ta lutte et muer la sellette d’hier en piédestal du jour. Karim et Khalifa en innocentes victimes, potentiels sauveurs, absous de leurs forfaits d’hier par la clameur du moment. Nous n’oublions pas. L’illusion resquilleuse qui, à la faveur de ta révolte, voudrait du loup faire agneau ne dupera point ta vigilance. Macky, Idy, Karim, Khalifa, Niasse, Dias…Consorts…Qu’ils partent

Car ta lutte est pour la fin du commerce interlope et coupable de la justice avec les pouvoirs d’ici-bas. Ta lutte est demande de justice. Elle n’est point le procès en canonisation des fautifs d’hier.

Et que par suite cesse le référendum pour ou contre le sortant. Enfin l’ère de l’adhésion. Pas aux hommes. Aux idées et programmes. Au PAI et à son héritage, au legs de Cheikh Anta, au socialisme africain et ses épigones. Même au libéralisme wadiste – fors karim – si, pour mon désespoir, tel est ton souhait ñacaar. Mais alors pourquoi pas un libéralisme du cru ? Patriotique, non inféodé et qui saurait se montrer à la hauteur des enjeux et industrialiser le pays. Faisons des prochaines échéances électorales non plus une sanction mais le plébiscite d’un mouvement. D’idées neuves. Par et pour un « collège » conscient de ses intérêts confiés à une équipe qui y veillera.

Le tyranneau doit partir. Que s’avancent les impétrants.

 

Ici, se rappellent à nous les bonnes manières militantes qui, à l’usage il y a peu encore, voulaient que toute parole surgie dans l’arène publique, s’identifiât. Précisément située.

Voici donc mon lieu : panafricaine, socialiste, révolutionnaire. Ahlou Sankara. La maison qui sait encore nommer. N’a nullement renoncé à l’idée d’émancipation. Un vilain « gros mot » désormais, banni ou pour le moins édulcoré car l’air du temps est aux antiennes néolibérales.

Nous voilà donc au clair ñacaar.

 

Et nous disions…Pour les anciens de l’ancien monde la cause est entendue. Qu’ils partent ! Tous. Place au nouveau. Ni démiurge ni faiseur de miracle. Juste un homme étincelle qui embrase l’horizon et assainit les pratiques. L’imagination et ta sueur, ñacaar, feront le reste. Un homme semence qui, des fondations vermoulues, fera litière à des élans nouveaux. Le cœur des fils de la dame fera le reste. Les heures âpres du présent en lisier d’un avenir gros de brillantes promesses 

Es-tu, toi l’impétrant, cet homme ferñent ? cet homme semence ? Meeñent ? De quoi es-tu précisément le nom Ousmane ?

La mémoire non oblitérée prévient du ressac stérile et sans fin.

Le tyranneau doit partir. Avec lui le trouble landernau. Cependant…Que l’impétrant tombe le masque ! Nous souhaitons libérer l’avenir des boucles qui enferrent puis enferment. Les veilleurs, toute vigilance en berne, semblent délivrer à l’homme un étonnant blanc-seing. A l’aune des enseignements du capitaine, le trouble face à ses actes et positions demeure toutefois entier.

Le député qui, suite à l’émoi légitime provoqué par le meurtre d’enfants, flatte nos plus mauvais instincts en réclamant le rétablissement de la peine de mort ; l’homme qui souhaite fusiller d’anciens présidents qui sont encore de la famille nationale, du pays et de sa chair ; l’homme qui dit et se dédit (Wakh wakheet à répétition ; preuves des 94 milliards que nous attendons toujours, « j’irai répondre devant la justice finalement non ») ; l’homme polygame, qui, bravant un couvre-feu (déjà ! Avant la station suprême!), donc s’affranchit sans vergogne des règles et interdits applicables au commun des mortels, s’en va, ses deux femmes voilées au foyer, livrer son corps ou son dos selon les versions aux mains ou au corps d’une jeune fille de l’âge de sa fille met à mal l’idée que l’on se fait de sa probité et entache sa réputation de doutes fondés. D’une irresponsabilité incontestable en tout état de cause.

Par ailleurs, le « système », vilipendé à longueur d’interventions médiatiques par l’impétrant, recouvre dans sa bouche un territoire si laxe et étroit qu’il ne comprend plus que, de manière très opportune, ses adversaires du moment. Wade mentor du tyranneau n’en serait pas. Ahmed Khalifa Niasse n’en est plus (après dédit. Encore un !). Et Khalifa Sall (un grand ponte de l’un de ces appareils pourtant tant décriés par l’impétrant) est devenu un compagnon respectable. Plus du système. Complaisance et accointance avec l’ancien le plus prédateur qui dessinent des convictions à géométrie variable.

 

Le tyranneau doit partir et, avec lui, veilles-y ñacaar, sa myriade d’aberrantes incongruités d’un temps révolu et qui nous « font perdre le temps ». Mais que l’impétrant soit transparent. Certaines de ses nébuleuses gesticulations interpellent. Prenez cet appel – énigmatique et profondément troublant – lancé au MFDC à poser les armes durant le soulèvement de Mars.

De quelle autorité (diable !) se drape le candidat à la présidence de la république qu’il est, pour exhorter un mouvement indépendantiste – menant guerre contre cet état qu’il prétend vouloir gouverner un jour – à poser les armes lors d’une conférence de presse où il est uniquement question de ses déboires judiciaires du moment. En vertu de quoi le MFDC pourrait céder à la tentation des armes dans le contexte/sous le prétexte de sa seule mise en accusation ? Ladite accusation fût-elle fantasmagorique ou étayée. Par suite quelle puissance la seule parole de l’impétrant pourrait exercer sur ledit mouvement dans un tel contexte si éloigné du propre agenda politique de l’organisation en question ? Sauf à y lire la manipulation de ressorts inavouables.  Si jeune et déjà si vieux !?

 

Le tyranneau doit partir. Sans verser le sang de nos fils. Mais que l’impétrant nous affranchisse. Concernant l’accusation de viol – glauque et sordide affaire quoi qu’il advienne dorénavant – tout commentaire, hors spéculations hasardeuses et/ou parti pris sans vergogne, devra se montrer pusillanime. Il est cependant avéré, sans présumer du fond, que le massage de confort des salons n’est ni un soin ni une thérapie. Ce serait faire injure aux laborieuses et exigeantes années d’études supérieures des kinésithérapeutes ou à notre intelligence (voire les deux) que de s’ingénier à assimiler l’un aux autres. Les « caresses » d’Adji Sarr et ses collègues ne sont d’aucune aide contre un mal de dos, sérieuse affection qui pourrait donner du fil à retordre aux plus aguerris des kinésithérapeutes ! Dans le brouhaha propice à toutes les manipulations les premières évidences sont sujettes à caution. Le profit de la confusion. Toute guerre fait de la vérité sa première victime.

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Il est tout aussi avéré que la fréquentation d’un salon de massage ne contrevient à aucune loi du pays ni même ne heurte certaine libéralité d’esprit de nos temps. L’existence de tels lieux courrouce les tenants d’une moraline rigoriste et rétrograde. Camelots compassés d’une spiritualité au rabais. Pharisiens patentés, Contempteurs bornés de toutes libertés, dogmatiques souvent hypocrites (jurisprudence Fatima Nejjar/ Moulay Omar Benhammad), toujours obtus, moralisateurs immoraux, intolérants par essence, violents par nature. Je viens de nommer entre autres Karim Xrum Xax et And Samm Jikko Yi…Tous désormais fidèles soutiens et compagnons de lutte de…l’impétrant ! Sonko Lui-même. Qui, entouré de ses femmes voilées, s’est évertué à distiller à bas bruit une image rendant possible et évident ce compagnonnage (avec le rigorisme religieux). Rien qui permette de dénouer, soyons honnêtes, le nœud gordien de l’imbroglio politico-judiciaire qui secoua le pays en Mars. Toutefois, jaugé à l’aune de la cohérence ainsi que de l’adéquation, de la concordance entre actes et convictions affichées, l’écart est ici si criant qu’il soulève, pour quiconque s’enquiert du vrai, de quoi, sinon se forger une religion, du moins épaissir légitimement ses réserves.

Une tortuosité aux antipodes de l’héritage du capitaine dont le courage – confinant à la témérité – n’épargnait personne. Ni les formes de féodalité présentes dans nos cultures. Ni l’emprise extérieure. La France. Cible acquise de nos jours après que des décennies de combat acharné de militants et organisations progressistes, prêchant longtemps dans le désert, aient fini par inscrire au débat public les affres de la Françafrique…

La dénonciation des formes d’oppression (toutes, sans exception) ne sauraient ménager au militant en lutte, par devers lui, un havre où il lui serait loisible d’infliger, à son aise, des entorses à ses propres crédo et revendication d’émancipation et d’égalité. Egalité ! La volonté de s’affranchir de l’orbite postcoloniale (autrement dit l’émancipation du monde noir de la domination occidentale) qui éluderait la question de l’émancipation des femmes se condamne à ne demeurer qu’une hypocrite mascarade. Sous ce rapport et à échelle individuelle l’impétrant n’est-il pas pour ses multiples femmes un Macky/maquis et une Françafrique domestiques sous un seul chef ?

Des femmes encore. Le capitaine avait saisi dans sa prose limpide et courageuse leur drame au sein de nos sociétés. Souffrez que je convoque sa parole, tonnant d’outre-tombe sous nos cieux enténébrés par les temps qui courent : « De fait, à travers les âges et partout où triomphait le patriarcat, il y a eu un parallélisme étroit entre l’exploitation des classes et la domination des femmes. Certes avec des périodes d’éclaircies où des femmes, prêtresses ou guerrières, ont crevé la voute oppressive. Mais l’essentiel, tant au niveau de la pratique quotidienne que dans la répression intellectuelle et morale, a survécu et s’est consolidé. Détrônée par la propriété privée, expulsée d’elle-même, ravalée au rang de nourrice et de servante, rendue inessentielle par les philosophies — Aristote, Pythagore et autres — et les religions les plus installées, dévalorisée par les mythes, la femme partageait le sort de l’esclave qui dans la société esclavagiste n’était qu’une bête de somme à face humaine. »

Et nous trouvions le propos juste. Et nous trouvions le propos éclairé. Emancipateur !

Le tyranneau doit partir. Mais alors à quelle sorte de révolution appellent Karim Krum Xax et And Samm Jikko Yi ? Tombe le masque Ousmane au lieu de la chemise. Éclaire notre lanterne.

J’ai nommé ma maison : Ahlou Sankara. Je suis du capitaine. Donc des femmes. De tous les « rien » qui sont tout. Évidemment aux côtés d’Adji Sarr jusqu’à preuve de sa culpabilité. Mais surtout surtout ñacaar, à égale distance de Elhadj Diouf et de Dame Mbodj, pauvretés du débat incarnées, je me veux du côté de Famara Sarr. Frère d’Adji. Il est, Famara, de ce peuple que je révère. Digne, honorable, élégant et classieux face au tombereau d’opprobre qui vient souiller son nom et sa chair. Le lynchage médiatique et les manipulations politiques avaient fini par nous faire croire qu’Adji Sarr était une hétaïre sans feu ni lieu. Sans foi ni loi. Depuis le pouvoir discrétionnaire de nos claviers. Par écrans interposés. De tweets en posts, d’interviews en tribunes nous décrétâmes en meute vindicative, assoifée de sang, nos oukases assassins. Cette mise à mort symbolique, sans jugement, singeait dans son extrême et injuste violence, l’arbitraire du prince que pourtant nous nous évertuions à combattre dans la rue. Inique, brutal, cynique. Tel Macky. Cet acharnement lâche, sans mesure ni nuance, d’une foule de citoyens « étripant » une des leurs, une jeune orpheline pauvre et sans ressources. Postures en miroir. Sève identique. L’on ne peut déplorer chez autrui ce que l’on perpétue soi-même. C’était là une autre ligne de crête. Tenir à distance l’instrumentalisation par les politiques à la fois de l’arène judiciaire et du légitime soulèvement populaire. Qui appelait la lucidité des justes. Écoute Famara ñacaar.

Dans ce marasme, la famille politique du capitaine, naguère foyer de tous les opprimés, tous les laissés-pour-compte, les damnés de la terre disait-on, de participer, urbi et orbi, à ce lynchage d’une femme sans grade face à un puissant. L’impétrant luttant contre un tyranneau. L’herbe sous le pied de deux éléphants ou quelque chose d’approchant. Voici encore les héritiers présomptifs du capitaine, autruches aux yeux ensablés, tout à leur combat contre le tyranneau qui en oublient de questionner les turpitudes de l’impétrant. Le combat en question est à leur honneur, l’oubli par contre une malheureuse faute politique qui trahit leur mission et que l’histoire pourrait bien leur objecter un jour prochain. Thomas Sankara, de son temps, embouchant de son souffle majestueux et généreux le porte-voix étouffé des sans-voix, essuyait les larmes de l’Homme qui pleure. De la femme qui pleure. Réécoutons-le

« II y a d’abord des maris qui vouent leurs épouses à la chasteté pour décharger sur la prostituée leur turpitude et leurs désirs de stupre. Cela leur permet d’accorder un respect apparent à leurs épouses tout en révélant leur vraie nature dans le giron de la fille dite de joie. Ainsi sur le plan moral, on fait de la prostitution le symétrique du mariage. On semble s’en accommoder, dans les rites et coutumes, les religions et les morales. C’est ce que les pères de l’Eglise exprimaient en disant « qu’il faut des égouts pour garantir la salubrité des palais. » »

Le vent se lève ñacaar







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