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A Contre- Courant, Vive La Cedeao

La prise de pouvoir par les militaires en Guinée m’avait conduit à intituler ma chronique : «Coup d’état en Guinée, des applaudissements inquiétants». Le Mali a été le théâtre de deux coups d’état depuis 2020 et les militaires sont toujours accueillis en héros. Le peuple malien se morfond et reste en quête de repères.

Il me semble important de rappeler avec insistance que devant un Colonel, un Capitaine ou un Général, on ne discute pas, on répond : oui mon Colonel, oui mon Capitaine, oui mon Général. Tous les régimes militaires en Afrique sont devenus des dictatures car l’armée n’a pas de culture démocratique. Les putschistes deviennent des présidents de transition qui s’éternisent pendant plusieurs années et ne laissant aucune place aux constatations.

Peut-être, c’est à contre-courant, que j’applaudis avec force les sanctions prises par la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) contre le Mali : fermeture des frontières avec le Mali, suspension des échanges commerciaux, arrêt des aides financières, gel des avoirs maliens. Je ne suis pas partisan de l’apologie des coups d’Etat. Depuis le coup d’éclat des militaires (donc la prise en otage de la démocratie), l’armée malienne fait la pluie et le beau temps au gré de ses humeurs. Le colonel Goita, Homme fort du Mali s’est octroyé le titre de président de transition «dictatoriale» à vie. Il a également décidé que l’élection présidentielle aura lieu en 2026, peut- être plus tard, car les élections, la liberté et la démocratie font peur. Le peuple n’a pas son mot à dire et ne sera jamais souverain. Il a installé des mercenaires russes qui vont sécuriser son pays, surtout son palais où il s’est retiré dans son bunker. A l’instar des dictateurs, il convoque le nationalisme pour raffermir son pouvoir.

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La fonction de l’armée qui est avant tout de défendre le territoire national est mise aux oubliettes. L’armée malienne ou ce qu’il en reste, n’a pu sécuriser son pays durant douze longues années. Il a fallu une intervention extérieure, notamment française, pour empêcher les terroristes djihadistes d’occuper la capitale malienne. Quel triste événement de voir une foule malienne en transe accueillir l’ancien président de la République Française en sauveur ! C’est le retour avec force de l’ancien pays colonisateur qui nous rappelle que l’indépendance du Mali est très relative et que sans lui, ce pays se disloquerait.

Ce «drame» malien a conduit quelques activistes sénégalais à manifester pour dénoncer les mesures prises par la CEDEAO et soutenir le Mali. Ce droit légitime ne peut s’activer que dans un pays démocratique, et c’est bien ainsi. Si j’étais au Mali, ma chronique ne pourrait pas être publiée car les risques sont énormes : arrestation, fermeture du journal, condamnation. La démocratie ne peut pas respirer dans un régime militaire dictatorial.

Accepterions-nous un coup d’Etat au Sénégal ? Saurions-nous tolérer qu’un économiste soit arrêté parce qu’il indique que son pays risque de sombrer financièrement ? La règle dans une démocratie ne peut pas être négociable et les coups d’Etat permanents font disparaitre l’état de droit au profit des tyrans qui s’enrichissent très rapidement au détriment des peuples.

La décision de la CEDEAO est à soutenir avec force car le régime malien nous rappelle que les chefs militaires n’ont jamais été des partisans de la démocratie. La junte malienne commence à mater toutes les voix discordantes et déterre le vieux jargon des dictateurs : le nationalisme. Le colonel n’est pas au pouvoir pour soigner les maux des maliens mais pour s’installer pour longtemps, à moins qu’un plus fort que lui vienne lui chiper sa place. C’est la démocratie militaire : la chaise musicale… surtout avec des armes.

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Il est important de se convaincre que la démocratie n’est pas suffisante pour résoudre tous les malheurs des peuples, elle permet néanmoins aux citoyens de choisir librement ses représentants et de les «démettre» à leur guise. Nous souhaitons entendre les bruits des bottes du Colonel au nord du Mali, plutôt qu’aux alentours du palais présidentiel.

Bravo la CEDEAO ! Pourvu que ça dure…







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