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Ah, Ces CommerÇants Qui Veulent Toujours Se Sucrer Sur Le Dos De L’etat Et Des Consommateurs !

Comme d’habitude, ils sont encore allés assiéger le Gouvernement pour mendier — exiger plutôt ! — qu’il renonce à ses taxes et autres frais de douane sur le prix du sucre qu’ils importent. C’est devenu une seconde nature : à chaque fois que les cours internationaux des denrées montent, nos commerçants importateurs font un boucan de tous les diables pour demander aux autorités de faire des gestes en leur faveur. Faute de quoi, ils vont se livrer à la spéculation !

Frileux, craignant les réactions populaires à chaque fois que la menace d’une hausse du prix des denrées est agité, le gouvernement cède régulièrement à la menace. La dernière augmentation en date du prix du sucre n’a pas échappé à la règle.

Après avoir bloqué ce prix pendant de très longs mois au nom de la préservation de la paix sociale alors pourtant que ce blocage ne se justifiait pas sur le plan économique, l’Etat a fini par consentir une petite hausse de 25 francs. Une annonce précédée par une rétention sur le produit, subitement devenu introuvable, comme pour mieux forcer la main au gouvernement. Il faut dire que les cours internationaux du sucre ont atteint des sommets à un niveau record de 560 euros la tonne soit 365000 f CFA rendu au port de Dakar. Si on y ajoute les droits de douane, les frais de manutention et autres charges diverses, le sucre importé revient au détail à 646 francs contre 625 francs pour celui de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css).

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Dans ces conditions, évidemment, importer cette denrée demande des capacités financières que la plupart de nos commerçants n’ont pas. Des commerçants qui n’importent que lorsque les cours mondiaux sont bas mais en vendant le produit le prix fort aux consommateurs. Lorsque les prix mondiaux montent, ils se trouvent coincés. Dans ce cas, de deux choses l’une : ou bien le gouvernement renonce à ses droits de douane et à ses taxes ou alors il autorise une hausse des prix. Mais, nous l’avons dit, n’ayant pas les moyens d’importer, ils se livrent alors à leur autre sport favori : le « Mimran-bashing ». Autrement dit, ils accablent de tous les péchés d’Israël le Groupe Mimran, propriétaire de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) dont le seul crime, à leurs yeux, est d’avoir les moyens d’importer les quantités de sucre nécessaires pour combler le gap existant entre sa production et la consommation nationale. Un gap à la couverture duquel, d’ailleurs, les commerçants importateurs locaux sont mis à contribution. Et ils ne se gênent pas de le faire puisque, à coups de DIPA frauduleux, ils inondent à chaque fois le marché de quantités tellement importantes de sucre que la CSS ne parvient même pas, pendant ces périodes-là, à écouler sa production. La CSS, on le sait, c’est des centaines de milliards d’investissements dans la vallée du fleuve Sénégal, 8000 employés, des plantations de canne à sucre à perte de vue, des milliards de francs chaque année dans les caisses de l’Etat.

Le jour où il n’y aura plus d’emplois industriels dans ce pays

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En face ou à côté, nous avons nos commerçants locaux qui n’ont en tout et pour tout en guise d’employés qu’une secrétaire, parfois un aide-comptable, autrefois un fax et aujourd’hui un Smartphone pour passer commande. Pour le reste, des droits de douane et des taxes minorées grâce à d’astucieux stratagèmes et le tour est joué ! Depuis plus de 30 ans que l’organisation représentative de ces commerçants existe, on attend en vain qu’elle monte des unités industrielles à travers ses membres. Sans rien avoir venir. S’il n’y avait qu’eux, le Sénégal serait un immense souk c’est-à-dire un désert industriel où tout le monde vendrait des produits venus principalement d’Asie, en particulier de Chine. La question est bien évidemment de savoir qui achèterait alors toute cette pacotille asiatique à ce moment-là puisque, s’il n’y a plus d’industries, donc de travailleurs, on ne voit guère comment les consommateurs potentiels pourraient acheter quoi que ce soit. Ce même si les produits et denrées étaient vendus à prix bradés voire « étudiants et étudiés » comme disent nos apprenants du Supérieur !

Pour dire que, certes, aucun pays ne peut se développer sans commerçants qui sont des gens indispensables pour procéder à la distribution des denrées et jouent un rôle d’intermédiaires entre les producteurs et les acheteurs. Cela dit, on n’a vu rarement un pays qui se développe sans fabriquer ce qu’il consomme ou sans protéger à travers des dispositions tarifaires ou non tarifaires sa production, notamment industrielle.

Cela dit, on est bien sensibles au fait que les commerçants de l’Unacois se soucient enfin de notre pouvoir d’achat et nous les en remercions chaleureusement ! Seulement voilà : la protection de ce pouvoir d’achat doit-elle se faire au risque d’obliger nos industriels à mettre la clef sous le paillasson en déversant dans la rue des dizaines de milliers de travailleurs ? Pour nous, la réponse est non sans hésitation. De même que, la mort dans l’âme, nous avions défendu il y a quelques mois l’augmentation du prix de la farine pour sauver nos meuniers, de même nous approuvons la hausse de 25 francs sur le prix du sucre pour ne pas contraindre la CSS à jeter l’éponge.

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Cela dit, plutôt que de faire cadeau de milliards de francs sous forme de suppression de droits et taxes à des commerçants dont l’apport en matière d’emplois — et d’impôts ! — est loin d’être évident, il faudrait plutôt que le Gouvernement, en accord avec le secteur privé, songe à augmenter les salaires des travailleurs. Ce serait là le meilleur moyen de sauvegarder le pouvoir d’achat des travailleurs !







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