Le président russe Vladimir Poutine a lancé une opération militaire contre l’Ukraine. L’objectif final est de faire tomber le régime en place jugé pro-occidental pour bien des raisons. La principale est le souhait des autorités de Kiev d’intégrer leur pays à l’OTAN. Un projet inacceptable pour le chef du Kremlin car, estime-t-il, l’OTAN est une menace pour la Russie. La meilleure défense étant l’attaque, Poutine a décidé de passer à l’offensive, ce jeudi 24 février 2022, tôt le matin. Après 24 heure de combat, l’Ukraine fait un bilan de plus 137 morts, dont des civils. Comment est-on arrivé à cette escalade ?
L’Ukraine, un pays écartelé entre est et ouest
Les crises politiques entre l’Ukraine et la Russie sont récurrentes. Elles trouvent leurs racines dans l’histoires culturelle et politique des peuples des deux pays. Sur l’Ukraine, Olivier Zajec écrit ceci dans Le Monde diplomatique : « Divisée linguistiquement et culturellement entre est et ouest, l’Ukraine ne peut garantir ses frontières actuelles qu’en maintenant un équilibre éternel entre Lviv et Donetsk, symboles respectifs de son pôle européen et de son pôle russe » (Le Monde diplomatique, n°721/Avril 2014, p.1). C’est pour dire que l’Ukraine, devenue pays indépendant en 1991, lors de la chute de l’union soviétique, est divisé en deux. Les populations sont partagées entre une frange qui se sent pro-russe, soit 17 % en majeure partie installés à l’est et au sud pays, et une autre qui se sent pro-occidentale. Depuis toujours, le président russe s’érige en défenseur de ces 17 % d’Ukrainiens russophones. Parmi les raisons pouvant justifier l’offensive contre l’Ukraine Poutine il y a donc l’argument de protéger les populations russophones qui seraient persécutés en Ukraine. Mais en vérité les raisons sont surtout géopolitiques et géostratégiques.
Poutine de retour
Sur le plan géopolitique la guerre contre l’Ukraine est bénéfique pour Poutine. Souvent muselé et humilié par les Occidentaux, notamment par les Américains, désormais, il se place au centre de la politique internationale. En 2023, déjà, avec la crise syrienne et l’organisation des Jeux Olympiques de Sotchi, Jacques Lévesque, auteur d’un article dans Le Monde diplomatique, écrivait que la Russie effectuait son retour sur la scène internationale. En effet, Poutine apparaissait comme l’homme de l’Etat qui est parvenu à éviter une expédition militaire aux conséquences redoutées en Syrie. Pour Lévesque, le retour spectaculaire de Poutine a été facilité par les « mauvais calculs de l’administration américaine » de l’époque, celle de Obama. Poutine s’était opposé à toute frappes militaires contre Bachar Al-Assad, le président syrien accusé, alors, d’avoir gazé sa propre population. Américains et Français agitaient l’idée de mener des frappes contre le régime de Bachar Al-Assad.
Poutine, le héros adulé en Afrique
Le président russe est salué comme un dirigeant éclairé sur le continent africain, notamment par les jeunes. Il fait le contre-poids à l’Occident accusée de néocolonialisme. Lorsqu’il a été décidé que Mouhamar Kadhafi devait être évincé du pouvoir en Libye, le chef du Kremlin s’était opposé. Sa mise en garde contre toute intervention militaire en Libye avait été ignorée par les Américains et les Européens. Nous connaissons la suite : le tragique assassinat du guide libyen et la déstabilisation de tout le Sahel. Poutine n’a jamais digéré l’échec de sa diplomatie. Il ne sait jamais, non plus, senti vaincu. Sa détermination et sa persévérance à s’opposait à l’Occident leur procurent des résultats. Avec la crise syrienne et maintenant la guerre contre l’Ukraine qu’il vient de lancer, à la stupéfaction générale, Poutine est clairement au centre du jeu politique international. Son rêve de rendre sa grandeur à la Russie se concrétise peu à peur. Même s’il réalise ce projet de grandeur au prix de vies humaines. En face de lui, la nonchalance, voire le désengagement des Américains sur l’interventionnisme international favorise son ascension.
Pierre Boubane
Guerre En Ukraine: Rendre Sa Grandeur à La Russie (pierre Boubane)
