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Notre Ami Cheikh

Je n’aime pas trop écrire, n’étant pas vraiment préparé à l’exercice. Mais je m’y prête bien volontiers cette fois, car, si je ne rendais ici hommage à mon défunt ami Cheikh-Tidjane Sy, je serais un fieffé ingrat ! D’aucuns savent…

Ah ! si je l’avais sous la main, celui-là, je ne me priverais pas de le tancer : « Mais… Cheikh Sy, qu’est-ce que tu nous as fait là ! T’en aller de la sorte, sans crier gare, sans même que nous ne sachions que tu étais malade. Ça ne ressemble guère au parfait gentleman que j’ai connu. » Bon, je sais… on ne choisit ni l’année, ni le jour, ni l’heure du « grand départ sans retour ». La manière même dont tu as tiré ta révérence reflète cependant parfaitement ta personnalité : en toute discrétion, stoïquement, sans inquiéter tes nombreux amis et collègues.

Cheikh – ou Sixuu ou C.-T. (Citi) – jouissait à Dakar d’une retraite bien méritée, tandis que je traînais encore à l’étranger. Amis, frères, nous restions en contact par téléphone, histoire d’évoquer le bon vieux temps. Pas facile de joindre Cheikh Sy du premier coup ; je devais essayer plusieurs fois et lui laisser des messages. Il me rappelait quand ça lui chantait sans que je ne m’en formalise, le sachant grandement négligent, mais jamais plus de trois jours après. Nous avions notre « code ». Il suffisait qu’après l’incontournable « Allô ! » je lance « Mister Saaaaayyy ? » pour qu’il reprenne au bond : « Niiaaanguuus ! » Et c’était parti ! Discussion fraternelle, sérieuse ou sur le ton de la plaisanterie. Genre, en anglo-français académique…

Moi : « Mister Saaaaayyy ? You no good, you no borodher. Me called you at least ten times (twice, thruly) and no feedback. What di hell happens ? Me hate you, wooooo !  »

Lui : «O.Kaay. Me love you too, wooooo ! Mais, toi-là, qui t’a dit que j’étais en ville ? J’étais sur la cote pour surveiller mon chantier. Là-bas, c’est la zone, il n’y a pas de réseau. »

Cheikh et moi ne nous prenions pas au sérieux et aimions bien rigoler, certes, mais nous n’avons jamais cessé tout au long de nos relations de parler Afrique, de débattre à fond des problèmes de notre continent et de nos solutions de « militants ».

J’ai commencé à m’inquiéter quand, fin 2020-début 2021, après mon dernier « coup de fil », il est resté une bonne semaine sans réagir. En fait, il était hospitalisé, et, quelque temps après, tomba la sinistre nouvelle : Cheikh Sy nous avait quittés, ce sombre 27 février 2021. Au départ incrédule, je finis par me rendre à l’évidence : c’est vrai, réel, irréversible ; tu ne reverras plus ton « frangin » Cheikh. Je me retrouve désemparé, anéanti. Que faire, quand on perd être cher, que l’on s’imaginait éternel ? Au moins écrire, pour honorer sa mémoire et amoindrir la douleur. Et se consoler en se repassant tel un bon film les beaux souvenirs.

En Afrique, une hypocrite convention sociale prescrit de louanger les morts, de ne jamais les critiquer. En ce qui concerne Cheikh, pas besoin de « se forcer », il faisait l’unanimité. Tout le monde lui reconnaît une intégrité morale et une probité intellectuelle à toute épreuve, une fidélité sans faille à ses convictions politiques. Notre ami, c’était aussi une grande générosité et un sens inné de la solidarité, la simplicité, l’humilité… Avec un tel amour des gens qu’il se fût sûrement ingénié à trouver quelque bon côté à une pure crapule. J’espère que chacun de vous compte un Cheikh Sy dans son entourage.

J’ai lu les trop rares hommages qu’on lui a rendus. J’y joins donc mon témoignage. Merci à notre frère Abdoulaye Bathily d’avoir retracé l’édifiant parcours militant de Cheikh, de Dakar à Accra (où il se liera d’amitié avec Jerry Rawlings), puis à Yaoundé et à Arusha, en passant par Paris et Londres. Autant de jalons de son cursus universitaire et de sa carrière professionnelle au sein de l’Unesco. Comme l’a déploré Ablaye, C.-T. est l’un des nombreux intellectuels africains, hélas ! trop méconnus de notre jeunesse, qui ont œuvré dans l’ombre pour l’émancipation du continent. Quoique, anonyme, il ne l’était assurément pas dans son entourage et à l’Unesco, où il était connu comme… « la panthère noire » – pour changer !

L’université de Dakar en 1968-69

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Cheikh et moi nous sommes connus sur le tard, à la rentrée 1968-69, à l’université de Dakar. Au début nous nous saluions de loin, entre « camarades ». La « raison » de cette distance ? Aucune de sensée. Des « divergences » imaginées entre jeunes gens « de gauche », pourtant tous patriotes et panafricanistes. À notre décharge, nous traversions la phase postadolescente d’affirmation de nos personnalités, la période où l’on est toujours, sainement, « contre ».

Je n’étais donc pas du premier cercle des relations de Sixuu. Mais, à l’époque déjà, j’avais remarqué sa démarche nonchalante (sauf quand nous étions pourchassés par ces messieurs de la police), le négligé savamment étudié de ses tenues vestimentaires et son affabilité. Je savais aussi que son très respecté patronyme aurait pu, tout au long de sa vie, lui valoir maints menus avantages ou quelques grands privilèges. Sans que jamais il ne songeât à en tirer profit.

À quoi ressemblait l’université de Dakar, qui ne comptait alors que 3 000 étudiants, en 1968-69, quand nous étions tous « jeunes, beaux, intelligents » et… minces ?

Sur le campus soufflait un rafraîchissant vent de liberté, de pensée et de mœurs, après les salutaires événements de Mai-68 (cf. Mai 68 à Dakar… du Pr Abdoulaye Bathily). L’« explosion » n’aura surpris que les gens du pouvoir, tant les conditions de vie de la population et des étudiants s’étaient dégradées au fil du temps. Seule ombre au tableau : l’interdiction pour les garçons d’entrer au Camp-Claudel. Haro ! sur nous, « soixante-huitards », qui n’avons même pas pu casser ce « mur de la honte » ! De la musique, volume à fond, fusait des chambres, inondant les couloirs ; on jouait alors beaucoup « Regard sur le passé », du Bembeya Jazz de Guinée. L’orchestre et l’équipe de basket de l’université nous faisaient honneur. Superbe ambiance au restau-U, bondé les jours de « riz cubain » (vite rebaptisé « riz Che-Guevara ») ou de couscous, que seules gâchaient parfois les facéties de carabins qui s’amusaient à jeter sur la table un doigt, une oreille prélevées sur des cadavres d’« indigents ». Le samedi, virée rituelle au « Soumbédioune ». Il faut bien que jeunesse se passe.

Côté politique, la mode était aux idées « de gauche », et les étudiants PS se faisaient discrets. La tolérance faisant loi, nul ne songeait à les harceler (bon… il y a peut-être eu quelques escarmouches). Nombre d’entre nous s’activaient dans le militantisme anti-impérialiste au sein d’associations nationales, telle l’Union démocratique des étudiants sénégalais (UDES), pour le Sénégal, et d’une structure supranationale, l’Union des étudiants de Dakar, UED). Le Stade du 28 février (terrain de basket) résonne peut-être encore des discours enflammés de feus Samba Baldé, Mbaye Diack et Moctar Diack, d’Abdoulaye Bathily ou de Mohamadoun Yatassaye.

En ces temps, la religion était affaire strictement privée. Une mosquée sur le campus ? Personne ne l’a jamais revendiqué. Les étudiants se satisfaisaient du lieu de prière tout proche du Point-E, où ils côtoyaient, bénéfiquement, toutes les couches de la population. Les musulmans non-pratiquants, présumés « mécréants » alors qu’ils priaient en fait quasiment tous, discrètement, « chambraient » les « musulmans démocrates », qui les « bassinaient » avec leurs prêches : « Vous n’avez que vingt ans, vous priez et jeûnez tout le temps, et répétez mille fois par jour Inch Allah ! Que pourrez-vous bien faire de plus quand vous aurez quatre-vingts ans, hein ? » Réplique, foudroyante, des incriminés : « Vous, vous irez droit en enfer ! »

Atmosphère plutôt paisible et détendue sur le campus, donc.

Les dérives actuelles à l’université de Dakar – regroupements par régions, villes, quartiers ; fourniture d’argent et d’armes blanches à des affidés par des politiciens irresponsables, sont tout simplement affligeantes. Et notre cher papa feu Cheikh Anta Diop n’en serait sûrement pas fier.

De camarades à « potes » puis à amis et frères

Mais revenons à Cheikh Sy. Après que le bon président Senghor nous a eus exclus de l’université, définitivement, en mars 1971, nous nous sommes retrouvés à Paris, sans bourses, pour nos études. Sixuu avait trouvé un bon job et m’a fait embaucher dans la « boîte ». Ma reconnaissance éternelle, et la gratitude, aussi, des nombreux jeunes Africains que j’ai par la suite introduits dans la place.

« Paris les études », « Paris la fête ». Désormais « potes », nous étions abonnés aux « teufs » « branchées », avec de superbes « nanas » plutôt « compréhensives ». Nous évitions les rares Africaines que nous y croisions, car – c’était couru – l’une de leurs tantes ne manquerait pas de nous demander, au bout de trois mois de relation : « Quelles sont tes intentions ? »…

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Ayant réalisé l’inanité de nos polémiques passées, nous nous sommes recentrés sur l’essentiel : notre « mère Afrique ». Distinguons, ici, entre patriotes nationalistes, nimbés d’un « supplément d’âme » unioniste, et panafricanistes « purs et durs ». Cheikh et moi étions de ces derniers. De ceux-là qui sont intimement convaincus que rien de significatif ne pourra se faire pour le bien-être des peuples africains sans la rupture avec l’ancien colonisateur, l’unification de nos actuels États croupion, avec des dirigeants d’une tout autre trempe. Cheikh avait son idéal panafricain chevillé au corps. Il fustigeait, en particulier, tous les préjugés nourris par les francophones à l’encontre des anglophones.

Puis, de potes, nous sommes devenus amis, même si nos cursus respectifs nous avaient éloignés, conduisant Cheikh en Grande-Bretagne et dans des pays anglophones. Au terme de ses études, après un passage au Sénégal, Cheikh entamera une brillante carrière à l’Unesco, où il occupera de hautes fonctions. Quand il prendra sa retraite, il me confiera son regret de n’avoir pu mener à terme un projet qui lui tenait à cœur : l’édification de musées des luttes anticolonialistes dans nos pays – ce serait parfait pour remiser certaines statues… Des responsables angolais, mozambicains et algériens se seraient montrés vivement intéressés.

Responsable régional en Afrique centrale puis en Afrique australe, il m’invita à venir passer avec lui quelques semaines à Yaoundé et à Arusha. « Prends juste ton billet. Je m’occupe de tout le reste. » Je n’ai pas donné suite et m’en mords aujourd’hui les doigts.

Souvenirs, souvenirs…

Les derniers souvenirs que je garde de Cheikh-Tidjane : une visite impromptue chez lui à Dakar, avec deux « nièces à l’africaine » ; et notre dernière rencontre à Bamako, au Mali, « l’autre moitié du Sénégal », entendu que la Gambie, la Guinée-Conakry et la Guinée-Bissau, la Mauritanie… en font d’ores et déjà partie – il n’est interdit de rêver !.

Chez Cheikh, c’était l’hospitalité africaine au plein sens du terme : porte ouverte et table à l’avenant, tant pour les potes du Sénégal que pour ceux de l’étranger. Je « débarque » un soir chez lui avec deux nièces, à l’heure du dîner. « Vous avez mangé ? », s’enquiert-il. « Non », répondent ces dames. Il remet pour les courses une impressionnante liasse de billets au gardien, qui revient avec assez de « bouffe » pour dix personnes. Excellente soirée. Quand nous partons, il me rappelle discrètement et me demande : « Comment ça va, la poche ? »  Je ne « suis » pas : « Comment ça, la poche ? » « Les finances, le fric ! », reprend Cheikh. Fauché, je décline toutefois l’offre de « dépannage » : « Cheikh Sy, je ne t’ai rien demandé ! » Gonflé, non ? Les hasards de la vie font que, à l’heure de la retraite, des amis soient plus ou moins bien lotis « matériellement ». Profondément humain et généreux, C.-T . savait, avec tact, s’enquérir de la situation financière, mais aussi des « états d’âme » de ses proches sitôt qu’il les voyait soucieux ou tristes, pour les aider ou pour leur remonter le moral. Il voulait ainsi, à toute force, « caser » le vieux divorcé que je suis afin, disait-il, que je ne vieillisse pas seul, et m’a mis en relation téléphonique avec trois de ses amies. Bien sûr, ça n’a pas marché.

Autre bon moment : Bamako, il y a quatre ans ou cinq ans. Déjà retraité, Cheikh y est invité à un séminaire de l’Unesco par l’un des nombreux jeunes Africains à qui il a mis le pied à l’étrier. Il lui aura suffi de trois visites dans notre maison de famille pour se « mettre dans la poche » tout le monde : habitants, voisins, enfants du quartier. Par sa gentillesse naturelle. Et, pour les taquineries aussi, il ne passait pas son tour. Chez une « cousine » de notre âge où je l’avais emmené, Cheikh suscite l’ire de la fille d’icelle en lui disant que sa maman, qu’il a connue hôtesse trente ans auparavant, était « toujours bien plus belle » qu’elle. La glace est brisée. Pas vexée, ma « nièce » nous accompagnera, avec une amie, au restaurant le même soir. Un orchestre dans lequel je comptais des amis s’y produisait, jouant la musique de notre jeunesse : pachanga (salsa), slow… Opportunistes, les musiciens se mirent à chanter les louanges de Cheikh Sy, que je leur avais présenté. Et voilà que notre frère se lève deux ou trois fois pour leur remettre des billets de 10 000 francs ! Je l’alerte : « Ici, c’est un pays pauvre. On ne donne pas plus de 2 000 F. » Il fait mine de m’écouter… tant que je suis là. Je pars quelques minutes, et, à mon retour, qu’est-ce que je vois ? « Mon Cheikh » qui déboule de l’estrade pour regagner notre table. Il avait profité de ma courte absence pour refiler d’autres gros billets. « Je t’ai vuuuu, Mister Saaaayy… C’est encore ton côté aristo qui ressort ! » Car il avait bien des allures d’« aristo », notre frère : par son flegme et son port, son habillement très « classe », sa démarche, son phrasé, ses manières raffinées avec les dames.

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Voilà… Je n’en finirais pas d’énumérer les actes et les propos, que j’aie été témoin ou qu’on me les ait rapportés, illustrant les qualités que je prête à l’homme.

Ah, j’allais oublier : et Dieu, dans tout ça ? Bien sûr, tous ses amis, frères et collègues de Cheikh prieront pour lui. Chacun à sa façon : messe, libation… Nous autres musulmans ordinaires le ferons discrètement, seuls dans une chambre, face à l’Éternel, au-devant de notre conscience : « Dieu Tout-puissant et Miséricordieux, nous te prions de bien vouloir accueillir en ton Sein notre très cher frère Cheikh-Tidjane Sy, car il était bon, tout simplement ; nous serions légion à en témoigner. Et, aussi, pardonne au pécheur que je suis si j’ai offensé l’une de tes Créatures sur Terre, même sans le vouloir. »

Mon propos initial n’était pas d’aborder le sujet mais je me dois d’évoquer cet islamisme fou qui déferle sur Afrique noire, car il y a danger de mort. Et la déferlante du fanatisme n’épargne pas les chrétiens. Avez-vous vu cette vidéo où un « pasteur » télévangéliste s’est filmé, prétendant devant ses fidèles, son troupeau, qu’il parlait au téléphone, « en ligne directe », avec le Bon Dieu !

 Aujourd’hui, hélas, notre « islam noir », pacifique et tolérant, profondément humaniste, est en passe d’être submergé par la violence et l’intolérance. Des « autorités » autoproclamées et vindicatives voudraient imposer que – au « pays des Noirs » ! – l’on montre « patte blanche arabe » pour être reconnu « bon musulman ». Un islamisme rampant, puis galopant et désormais débridé, aux antipodes de l’islam véritable, celui de nos grands-parents. Leur pratique religieuse était marquée par l’« intériorité » de la foi, la piété du cœur, la discrétion et la sobriété. Quant au pittoresque concours « plus musulman que moi tu meurs… » – barbe surabondante ; « cal » hypertrophié au front, exhibé devant les caméras ; chapelet frôlant le sol à la main dans la rue –  non, merci. Sans nous. Avec l’âge, nous avons appris à mesurer l’inanité du paraître, de l’exhibitionnisme. Fort heureusement, les guides des grandes confréries du Sénégal parviennent pour l’instant à endiguer cette marée. Mais que nul n’en ignore : l’objectif, dissimulé, de ces illuminés, ce n’est ni plus ni moins que d’écraser la société sous une chape de plomb, d’instaurer une charia moyenâgeuse, comme ils l’ont fait dans le nord du Mali en 2012. Au « programme » : décapitation et mutilation, impunité assurée pour ceux qui détiennent le pouvoir, le fusil, même quand ils violent des femmes mariées, « flicage » permanent, flagellation et humiliation publique de pauvres gens. Sans oublier l’interdiction de tout ce qui fleure la joie de vivre (sport, musique, cinéma…), l’annihilation de la modernité, de la science, de la culture noire africaine. Dans la société dont ils rêvent, notre cauchemar, au bout de deux générations, on n’aura plus la moindre idée de ce qu’était la liberté, de penser, de parler. Que les suivistes qui souhaitent aller par-là sachent au moins où l’on veut les conduire.

Jeunes Africains, musulmans ou chrétiens, secouez-vous ! Pour votre survie, car nous, nous ne serons plus là pour voir ça. Il fallait que cela fût écrit.

Prenons pieusement congé de notre bien-aimé camarade, « pote », ami Cheikh-Tidjane Sy. Repose en paix vieux frère, tu l’as mérité, amplement. Adieu, ou, plutôt, à bientôt. Soixante-dix ans révolus en Afrique noire, c’est, ma foi, un âge canonique ! Et nous sommes, c’est écrit, les prochains sur la ligne de départ… À très bientôt, donc

Love for ever.                                   







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