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Au-delÀ De L’affront, Mettre Fin À La Guerre De Sisyphe

Naturellement l’Armée doit laver l’affront que nous a infligé Salif Sadio qui a enlevé et humilié nos Jambars, mais il faut que les opérations en cours soient plus ambitieuses et ne se limitent pas à laver un affront. Il ne faudrait pas non plus que les opérations s’arrêtent uniquement à démanteler des «bases de la faction de Salif Sadio», comme le dit le communiqué de la Dirpa. Si à la fin des opérations, l’Armée ne contrôle pas toute la frontière avec la Gambie, si elle n’a pas démantelé toutes les bases rebelles de toutes les factions pour y mettre des cantonnements et y faire revenir des populations et restaurer l’autorité de l’Etat, ce serait un échec. Un échec parce que ce serait la continuation de la guerre de Sisyphe qui prévaut en Casamance depuis plus de trente ans.

La guerre de Sisyphe, c’est quand l’Armée démantèle des bases et ne les occupe pas, ce qui permet au Mfdc de revenir s’y installer jusqu’à la prochaine opération de sécurisation. L’autre aspect de la guerre de Sisyphe, c’est quand on permet au Mfdc d’avoir toujours, sur le papier, ce qu’il n’a jamais pu obtenir sur le terrain, à savoir le retour de l’Armée dans ses cantonnements à la suite de négociations ou d’agitations et de l’activisme des rentiers de la guerre et de la tension, qui sont soit des idiots utiles ou des satellites du Mfdc, qui lui permettent de continuer la guerre par d’autres moyens.

Pour mettre fin à cette guerre de Sisyphe qui n’a que trop duré, la seule solution est dans la doctrine de Rabin, c’est-à-dire «faire la guerre comme s’il n’y avait pas de négociations et négocier comme s’il n’y avait pas la guerre». Et fondamentalement, il n’y a rien à négocier car comme disait Amin Gemayel, «si je suis très fort, pourquoi je négocierai, si je suis trop faible, je n’ai rien à mettre sur la table pour négocier». Aujourd’hui, sur le plan militaire, le rapport de force est tel que le Mfdc n’a rien à mettre sur la table. La Gambie et la GuinéeBissau ont fermé leurs frontières au Mfdc qui n’a jamais été aussi faible, alors que dans les années 1990, il était très fort car soutenu par la Gambie de Jammeh et la Guinée-Bissau.

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Concrètement, le Mfdc qui a été réduit sur le plan militaire à sa «plus simple expression», a en face l’une des plus grandes armées de la région. Ce qui fait que les négociations avaient juste pour objectif d’offrir une porte de sortie honorable à M. Salif Sadio, comme Lincoln l’avait fait avec Jefferson Davies, chef des Etats sécessionnistes du Sud des Etats-Unis. Salif Sadio, en tendant une embuscade et en humiliant nos soldats, a fermé définitivement la porte de sortie honorable. Aujourd’hui, la seule solution qui s’impose au Sénégal est le scenario sri-lankais, c’est-à-dire démanteler toutes les bases rebelles, les occuper, restaurer l’autorité de l’Etat et faire revenir les populations qui ne demandent que ça, comme le prouvent les opérations de démantèlement des bases rebelles dans le Nyassia.

A défaut du scenario sri-lankais, on va avoir le scénario colombien avec le mouvement rebelle des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie), qui a dégénéré de mouvement de libération à association narco-terroriste. Aujourd’hui, comme les Farc, le Mfdc a dégénéré de mouvement politique à organisation criminelle qui vit de l’économie criminelle de guerre comme le trafic de bois, qui va transformer notre belle Casamance en zone sahélienne.

Un jour, Lincoln avait dit au très prudent Général Mc Cellan : «Général, si vous n’utilisez pas l’Armée, j’aimerais vous l’emprunter.» Lincoln «emprunta» l’Armée à Mac Cellan, pour la confier au Général Ulysse S. Grant qui sut s’en servir pour régler la question sécessionniste, en poussant le Général Lee à la capitulation. Macky Sall, le Chef suprême des armées, a entre ses mains un outil militaire mondialement réputé et que lui empruntent souvent les Nations unies ou les pays voisins. Ce serait dommage qu’il ne l’utilise pas pour mette fin à cette guerre de Sisyphe de basse intensité qui empoisonne la vie de notre Nation depuis plus de 40 ans. Donc les opérations en cours doivent être le début du «Thioki fin». C’est pourquoi il ne doit pas s’agir seulement de bombarder et détruire des bases de Salif Sadio pour laver un affront, mais il doit s’agir de détruire toutes les bases, démanteler toutes les factions, du nord Sindian au Médina Yoro Foulah. Il est de la responsabilité politique et historique de Macky Sall de régler définitivement cette question, car cette guerre de Sisyphe est le véritable affront pour notre grande Armée qui s’est couverte de gloire dans des guerres plus dangereuses et plus complexes que cette drôle de guerre du Mfdc, qui n’a que trop duré.

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