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Mon Combat Pour Sauver Ma RÉsidence D’Écriture

Mon combat pour sauver à Toubab-Dialaw, ma résidence d’écriture construite dans les années 90 – mon seul bien – qui va être rasée pour les besoins du port de Ndayane qui exproprie 1 200 hectares de terres, près de 250 terrains de football. Unique au monde dans l’histoire d’un port !

Ce mardi 22 mars 2022 a profondément brisé mon cœur quand le Préfet et la commission de recensement sont venus chez moi pour voir ma maison et l’expertiser pour un éventuel et probable dédommagement.

J’aime le président Macky Sall et je l’assume. Je l’aimerais toujours quoiqu’il advienne. Il mérite mon affection, mon attachement, mon respect. Et il me le rend bien et cela me touche profondément.

C’est si beau de s’aimer que de se haïr !

Mais jamais, jamais je ne pourrais oublier ni effacer de mon cœur ce qui est en train de se passer dans ma vie et que je n’avais jamais imaginé. On pense toujours que cela n’arrive qu’aux autres !

J’aurais tellement souhaité que ce soit un autre président qui le fasse et non lui, Macky Sall. Mais Dieu semble l’avoir voulu ainsi.

J’ai dit à ma famille et à mes amis que je ne sais pas si je survivrais à cette douleur de perdre ce bien bâti brique après brique, depuis les années 90.

Ce bien ne peut être dédommagé ! Il n’a pas de prix.

C’est là mon refuge comme poète et écrivain. C’est là où j’ai reçu et où je reçois encore de grands créateurs de par le monde, venus, sur mon invitation, découvrir mon pays, le pays de Macky Sall.

Ce pays qu’il saigne à bâtir pour l’élever et le faire admirer au monde. Puisse Allah l’assister et le protéger.

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Ce port de Ndayane est un projet de développement voulu par mon président.

Je respecte ce choix de développement. Je ne peux ni l’attaquer ni le rejeter. Ce serait remettre en cause les choix de développement de mon président élu sur cette base.

Ce qui est par contre possible de dire et de tenter de défendre, c’est que 1 200 hectares de terres à exproprier, c’est beaucoup.

Bien sûr, cette expropriation titanesque a été justifiée : il s’agit d’adosser au port de Ndayane une zone industrielle.

C’est bien. C’est viable. Mais on doit aussi pouvoir réfléchir et tenter de sauver des infrastructures culturelles sensibles qui ont été implantées là et bien, bien avant que ce port n’ ait été pensé.

Il s’agit de la résidence d’écriture du poète Amadou Lamine Sall qui sera rasée, du plus grand théâtre de verdure d’Afrique de Gérard Chenet aujourd’hui âgé de 95 ans, qui sera rasé, de l’école élémentaire et du théâtre de la formidable Patricia Gomis qui seront rasés, de la légendaire et internationale « école des sables » de la célèbre Germaine Acogny, structure impactée par le port.

Un port et sa zone industrielle démesurés, peuvent tout de même laisser une place à ces dites infrastructures !

Ce serait une sorte de zone verte écologique et vivante au cœur de cet enfer d’acier et de bruit !

Cela se fait partout dans le monde où des ports et des zones industrielles monstrueux mais utiles, sont bâtis. On laisse toujours une zone de respiration verte !

D’ailleurs, notre cher président Macky Sall avait, avec mesure, générosité, lucidité et fermeté, présidé une réunion sur le port et donné des directives pour que le port à containers de Ndayane n’exproprie pas au delà de 450 hectares de terre.

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Un avis, dans ce sens, dont nous possédons copie, a été très largement publié dans la presse par les services des impôts et domaines de Mbour.

Et puis, un jour, tout bascule. Le président de la République signe un décret de feu qui passe de 450 hectares à 1200 hectares de terres à exproprier.

Que s’est-il donc passé pour faire ce grand saut vertigineux ?

Qu’importe ! Nous ne pouvons que respecter les décisions de notre président !

Mais nous sommes aussi des citoyens et des créateurs qui avons le droit de demander à notre président de sauver ce qui peut être sauvé et qui touche douloureusement la culture et le patrimoine.

C’est ce que je fais de nouveau ici, en mon nom.

Je demande à mon président de renoncer à raser nos biens situés dans le périmètre non du port mais du projet de zone industrielle qui doit s’adosser audit port.

A noter que Ndayane est assez éloigné et très éloigné de nos habitats. Mais le port déborde Ndayane et couvre, en mer, jusqu’à Toubab-Dialaw.

Cela est possible de sauver nos biens. Le président Sall peut le faire et nous savons qu’il sera sensible à cet appel du mardi 22 mars 2022 et qui me marque très profondément après la visite chez moi du Préfet et de la commission de recensement pour les démolitions !

Le poète le lui demande. Le citoyen le lui demande. Celui qui le respecte, l’affectionne le lui demande au nom de Gérard Chenet, de Germaine Acogny, de Patricia Gomis et de tous les autres qui ont bâti un patrimoine culturel utile qui célèbre le Sénégal et fait rayonner sa culture, ses lettres et ses arts.

Je l’ai déjà dit. Quoiqu’il advienne, pour ma part, j’ai décidé de garder mon respect et ma grande affection au président Sall qui a décidé de ce port et de cette féroce et gigantesque zone industrielle à venir.

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Tant pis pour moi !

Nous savons, par ailleurs, et l’expérience vécue la plus flagrante est celle du Canada avec sa zone industrielle près de l’aéroport de Mirabel fermé.

Il y a maintenant plus de 20 ans, cette zone industrielle a fait un flop, elle a fait faillite, personne n’est venu s’y installer. La justice a fini par donner raison aux très nombreux expropriés et leurs terres ont été finalement rendues.

Pour dire qu’une zone industrielle est improbable. C’est une loterie. On gagne ou on perd.

Cela prendra 10 ans, 20 ans avant que cette zone industrielle adossée au port de Ndayane ne soit occupée, si elle le sera un jour.

Alors, occupée ou pas occupée, nous demandons à garder nos biens acquis depuis des décennies et des décennies avant que ne naissent, sans doute, ces agents de l’État du Sénégal éternel, venus ce jour faire arrêter notre cœur.

C’est si dur, si dur de savoir que ma résidence d’écriture va disparaître sous les bulldozers avec mes livres et tous mes biens artistiques glanés de par le monde.

Où donc vais-je aller vivre pour le peu qui reste de ma vie ? Dieu Seul sait !

Non monsieur le président, ne faites pas cela. Trouvez une solution et elle est possible et elle est à votre portée.

Laissez-moi vivre là où mon cœur depuis les années 90 a invité toutes les muses ! Comme Gérard, Germaine, Patricia.

Tant qu’il y a le ciel, il y a toujours l’espoir qu’un oiseau y passe.

Soyez donc cet oiseau, Monsieur le Président.

Respect et affection.







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