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Les Chroniques Du Doyen – Partir, C’est Mourir Un Peu (par Majib Sène)

Ma première lecture de ce mardi 22 mars 2022, a été ce que j’appelle la lettre d’adieu de l’éminent journaliste Cheikh Yérim Seck. J’ai été fortement secoué par son contenu, mais en même temps, fasciné par la beauté de l’écriture dont l’auteur est familier. Malgré son immense talent, son intelligence toujours en mouvement, ses réflexions denses et dansantes comme une farandole, il n’a pas empêché sa vie d’être une montagne Russe. Même s’il m’est parfois arrivé de ne pas partager ses positions sur différents sujets, j’ai cependant admiré sa vaste culture, sa finesse d’esprit et sa subtilité.

Débatteur redoutable, il a toujours pris appui sur beaucoup de réalités de sa société d’appartenance, pour riposter intelligemment. En football, il pourrait, à la fois, être libéro et attaquant de pointe tellement sa lecture du jeu est séduisante. Intellectuel formé à bonne école, Journaliste talentueux qui a fourbi ses armes à « Jeune Afrique », écrivain à la plume constamment trempée dans l’encrier de la fécondité, il décide, pour des raisons personnelles, de se retirer de la vie publique. Cette vie publique qui lui a procuré d’énormes satisfactions, mais qui lui a également asséné des coups souvent en dessous de la ceinture. Mais pas une fois, il ne s’est senti fragilisé, portant constamment en bandoulière son remarquable courage comparable à celui des objecteurs de conscience.

Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, il ne laisse guère indifférent au point de se faire apprécier. À ceux qu’il a pu offenser, il leur demande sincèrement pardon. À ceux qui l’ont offensé, il leur offre le pardon sur un plateau d’argent. Me reviennent alors les sages paroles d’Alfred de Musset selon lesquelles : « Si l’effort est trop grand pour la faiblesse humaine de pardonner les maux qui nous viennent d’autrui, à défaut du pardon, laisse venir l’oubli. Les morts dorment en paix dans le sein de la terre, ainsi doivent dormir nos sentiments éteints. L’homme est un apprenti, la douleur est son maître et nul ne se connaît tant qu’il n’a pas souffert ». Fin de citation.

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Le retrait total de notre Yérim national, laissera un trou béant difficile à combler dans le landerneau journalistique sénégalais, voire africain. Nous avons tous besoin de nous abreuver à la source de vos connaissances diverses et variées, acquises grâce à vos performances dans les études et dans le travail. Certes, vous et moi n’avons pas de relations particulières mais cela ne m’empêche pas de faire vos éloges en ma qualité de doyen et confrère.

En souhaitant que ce qui reste de votre vie soit auréolée de gloire, je ne vous dirai pas de rester avec nous parce qu’il se fait tard mais, de grâce, délivrez nous une chronique par mois. C’est le seul tribut que vous payerez en échange de notre profonde et affectueuse estime à votre endroit.

Majib Sène

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