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Passions Francaises

Passions Francaises

En France, Macron, président sortant, gagne mais ne triomphe pas. Il est élu sans gloire à la présidentielle de dimanche 24 avril. Marine Le Pen, son adversaire au second tour, perd et s’extasie avec panache ! Le président réélu devance avec 58,54 % des voix l’héroïne de la droite extrême qui a obtenu 41,46 % des suffrages.

L’agenda qui s’ouvre contient une série d’actes solennels que le président réélu va devoir poser : démission du gouvernement actuel, entrée en fonction de Macron II, nomination d’un nouveau Premier ministre (ou maintien de l’actuel) et préparation des élections législatives. Sans forcer le parallélisme, le Sénégal évolue en sens inverse. Tout est assujetti au dénouement des législatives de juillet prochain. En attendant, le pays se languit d’une mauvaise conjoncture.

Nul besoin donc d’expertise électorale pour voir dans ce qui est advenu en France un chamboulement démocratique. Presque un basculement ou alors un renversement de perspective qui, il faut le dire, mettra du temps à dessiner les nouveaux contours d’un échiquier politique en dislocation. En moins de cinq ans, la droite républicaine s’est effondrée et la gauche, toutes sensibilités confondues, s’est émiettée.

Un contexte mouvant a ainsi secrété une campagne présidentielle à la fois mouvante et clivante avant d’opposer pour le second tour deux visions d’une France divisée et assaillie de doutes. Des fragilités la secouent. Que de divisions ! Que de familles politiques ! Que d’affinités et de haine ! Que de traquenards ! Que de stratagèmes, de ruses et d’habiletés ! Une telle complexité de l’espace politique français reflète la décomposition avancée d’un système qui a montré ses limites.

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A la manœuvre, Macron a voulu surfer sur cette vague pour séduire des forces que tout oppose mais guidées par l’ardente volonté de survie quitte à provoquer de fatales ruptures avec leurs socles d’origines. La force d’attraction du pouvoir ou de ses dorures entraîne un vaste mouvement ponctué de démissions, d’abandons, de renoncements ou de conversions. Direction : l’Elysée, haut lieu de pouvoir de ce qui est appelé là-bas la Macronie.

Seulement voilà : le prestigieux locataire sait qu’après les délices viennent les amertumes. Il est certes vainqueur de la présidentielle de 2022. Son score a toutefois fléchit avec deux millions d’électeurs de moins qu’en 2017. L’abstention a fait son effet en pointant à 28 % du corps électoral français. Mais c’est surtout Marine Le Pen qui tire avantage des dispersions de voix. Selon elle sa défaite est une victoire. Comprenne qui pourra…

En revanche ce dernier scrutin est révélateur d’une renversante crispation identitaire à l’origine d’un vote fractionné. Comment comprendre que les villes font le choix de Macron et les villes rurales optent pour Marine Le Pen ? Macron voulait faire d’elle son seul challenger en écartant tous les autres réduits à n’être que des figurants. Il y est parvenu.

A quel prix ? A l’arrivée, le calcul a été vicié et le résultat surprend grand monde dont le principal instigateur, Emmanuel Macron en l’occurrence qui, en se retrouvant face à l’égérie de l’extrême-droite, favorise un phénomène de rejet dont il est l’unique bénéficiaire au tour final. Macron lui-même fait l’objet de rejet notamment dans les banlieues, les zones industrielles paupérisées et, plus encore prononcé, dans les archipels : la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, la Réunion, Mayotte et la Nouvelle Calédonie.

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Fait inédit, les voix de ces insulaires sont allées massivement à Marine Le Pen qui rêve de transformer l’essai aux législatives auxquelles elle se prépare avec l’ambition d’envoyer plus de députés à l’Assemblée nationale française.

Le vote des ultramarins se veut un choix « assumé » et « sans complexe », sorte de colère sourde qui se prolonge depuis le déclenchement des gilets jaunes, deux ans plus tôt en France continentale. Peu importe les nuances et les différences, pour les Français d’Outre-mer, l’unité de base face au chaos social s’est illustrée dans ce refus d’accorder les faveurs à Emmanuel Macron.

D’ailleurs ils l’accusent d’être insensible à leur sort dans ces zones confrontées à l’expansion chinoise et sujettes aux convoitises géopolitiques des puissances régionales en raison justement des richesses minières et halieutiques.

Le scrutin dans les DOM-TOM nous parle à nous Africains, puisque les suffrages des Français résidant en Afrique sont allés plus à Zemmour, Marine Le Pen et Mélenchon qu’à Macron. Non seulement les idées extrêmes (refus de l’immigration, préférence nationale, Corrèze et non Zambèze) progressent nettement mais les voix s’accroissent d’élections en élections au profit de l’extrême droite devenue fréquentable et audible. L’exaspération des Français prend une tournure plus évidente. Ils ne s’en cachent guère.

Ils expriment ouvertement leurs positions discriminatoires. Pour peu, l’extrême-droite va s’imposer si rien ne vient la contrarier en terme d’offre politique crédible. De partout Marine Le Pen reçoit des messages dont le plus urgent est la prise en charge compétente des problèmes du pays. Elle obtient un meilleur score à la Guadeloupe là où pour Macron c’est le désamour complet.

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Le Pen plébiscitée Outre-Mer ! Inimaginable, il y a peu, l’amélioration de son image et son discours compatible favorisent son recentrage en laissant à Zemmour le soin d’agiter le chiffon rouge. Stratégie d’autant plus payante qu’elle accentue le discrédit de l’Etat central dont les représentants sont souvent chahutés sur ces bouts de terres lointains. C’est à croire que le barrage de l’extrême-droite a mieux favorisé ce courant qui s’apprête à mener campagne sous sa propre bannière en direction des législatives de juillet prochain.

Les dirigeants africains doivent se ressaisir. Le temps est venu d’accorder plus d’attention et d’engagement aux priorités du continent. Partout où pèsent des menaces, réelles ou supposées, surgit la lucidité de quelques dirigeants pour dominer les épreuves. Avec courage. Le virage vert qui s’amorce à l’échelle du monde se justifie par les urgences climatiques qui n’épargnent aucune région. Pas même l’Afrique…







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