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Le TroisÈme Tour De La Peur

La Vème République française a déjà survécu à deux grands défis : l’alternance et la cohabitation. Il faut qu’elle se prépare au troisième grand défi de son histoire : l’arrivée de l’Extrême droite ou de l’Extrême gauche au pouvoir. C’est juste une question de temps, vu la progression de l’Extrême droite de 2002 à 2022. L’ouragan Trump a été soluble dans les institutions américaines, l’Extrême droite ou gauche le sera aussi dans la Vème république. La France a toujours été gouvernée à Droite et les arrivées de la Gauche au pouvoir, comme ce fut le cas pour Mitterrand ou Hollande, ne sont que des parenthèses dans la longue histoire de la France.

Peut-être que l’arrivée de l’Extrême gauche ou l’Extrême droite au pouvoir va hâter l’avènement de la VIème République parce que la Vème, telle qu’elle fonctionne actuellement, n’est plus celle du Général De Gaulle, qui n’aurait jamais accepté la cohabitation, étant convaincu par principe qu’un Président désavoué par les électeurs doit démissionner. Il prêchera par l’exemple quand son referendum de 1969 sur la suppression du Senat fut rejeté.

La France va retrouver les urnes en juin pour des élections législatives que les extrêmes gauche et droite veulent transformer en un troisième tour, afin d’imposer à Macron une cohabitation. La première cohabitation Mitterrand/Chirac fut tendue, la deuxième, Mitterrand/Balladur, le fut moins et la troisième, Chirac/Jospin, la plus longue (5ans), fera penser à certains observateurs, que la France n’est jamais aussi bien gouvernée que sous la cohabitation. Cette dernière cohabitation, Chirac/Jospin, s’est déroulée à merveille parce que le Président Chirac avait compris qu’à défaut de démissionner, comme l’aurait certainement fait De Gaulle, il devait se contenter de changer de statut en passant de président de la République à «résident de la République», pour reprendre l’expression de Jean-Marie Colombani, ancien directeur du Monde. Evidemment en cas de cohabitation, le président de la République est ravalé au rang de «résident de la République», par ce que le Premier ministre, chef de la Majorité, définit et conduit la politique de la Nation. Le président de la République reste le chef de l’Armée, mais il n’en a plus le commandement, qui dépend du Premier ministre et de son ministre de la Défense.

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Ce sont ces règles imposées par la cohabitation Chirac/Jospin qui expliquent la non-intervention de l’Armée française lors du coup d’Etat du Général Robert Guei en Côte d’Ivoire le 24 décembre 1999, parce que le Premier ministre Jospin était contre ; et qui expliquera aussi a contrario la rapidité de l’intervention française pour arrêter les rebelles en marche vers Abidjan, lors de la rébellion armée lancée le 19 septembre 2002. Si Serval a pu être déclenché aussi rapidement en janvier 2013, c’est parce que Hollande avait les coudées franches, ce qui n’était pas le cas de Chirac en 1999, lors du coup d’Etat en Côte d’Ivoire. Donc une éventuelle cohabitation politique en France aura forcément des répercussions sur les engagements politiques et militaires de la France en Afrique.

Avec un cumul des votes extrêmes qui dépassent 50% au premier tour, la France saborde son ambition universaliste et se renferme sur elle-même, pour devenir un pays normal et ordinaire. Quel dommage, car elle a donné au monde la Révolution française de 1789, qui est le meilleur héritage politique du siècle des lumières, alors que la montée des extrêmes est celui des frustrations, des peurs contre la mondialisation, contre l’Europe et contre l’islamisme. Le Président Macron s’était engagé, en 2017, à tout faire pour que les Français ne votent plus pour les extrêmes. Il a eu le contraire après son premier mandat. Pour le second mandat, il devra s’inspirer du Président Franklin D. Roosevelt pour vaincre la peur des Français, «quoi qu’il en coûte». Ça n’avait pas coûté grand-chose à Roosevelt, qui avait convaincu et rassuré les Américains en leur disant, dans son discours d’investiture, que «la seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même». Débarrassée de la peur, l’Amérique de Roosevelt sortit de la Dépression des années 1930 et conduisit le monde à la victoire contre le fascisme et le nazisme, deux extrêmes droites qui s’étaient aussi appuyées sur les frustrations et la peur pour arriver au pouvoir, comme tente de le faire Madame Le Pen.

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