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Pap Ndiaye, Parce Qu’il Le Vaut Bien

En décembre 2020, Pap Ndiaye publiait dans Jeune Afrique une tribune sur la relation Afrique – États-Unis. Il y détaillait le rôle crucial que les Africains-Américains pourraient être amenés à jouer dans le renforcement des liens entre les deux pôles. Particulièrement remarquée à l’Élysée, cette tribune lui vaudra d’être reçu par Emmanuel Macron, lequel organisera, quelques mois plus tard à Montpellier, un sommet Afrique – France faisant la part belle aux diasporas africaines… La première marche vers cette ascension qui le place aujourd’hui au cœur des commentaires sur la composition du nouveau gouvernement français. Car depuis sa nomination à la tête du ministère de l’Éducation nationale ce 20 mai, Pap Ndiaye fait parler – ou hurler, c’est selon. Notamment au Rassemblement national, qui semble voir en cet agrégé d’histoire le nouvel ennemi public numéro un, l’homme qu’il faut à tout prix stopper.

Et ils ont sorti l’artillerie lourde : la présidente du parti d’extrême droite, Marine Le Pen, regrette la nomination d’un « indigéniste assumé », tandis que son porte-parole déplore, lui, la désignation d’un « militant racialiste et anti-flics », ce qui constitue, à ses yeux, « un signal extrêmement inquiétant envoyés aux élèves français au sein de l’Éducation nationale, déjà minée par le communautarisme ». Et Gilbert Collard d’enfoncer le clou : « Emmanuel Macron a pris un coup de woke sur la tête » pour oser ainsi promouvoir un adepte de réunions interdites aux Blancs. Une allusion au procès en « wokisme » fait à ce spécialiste de l’histoire des États-Unis et des minorités. À les entendre, un dangereux activiste doublé d’un délinquant est entré à l’Éducation nationale.

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Essai fondateur

Qu’est-il reproché au juste à Pap Ndiaye ? Son ouverture aux réflexions post-coloniales ? Elles sont importantes en France comme ailleurs. Comment le désormais ex-directeur du Musée national français de l’histoire de l’immigration, qui répète à l’envi que cette dernière doit faire partie intégrante du récit national français, pourrait-il ne pas s’y intéresser ?

Membre du comité Mbembe chargé de réfléchir à la refondation de la relation Afrique-France, Pap Ndiaye disait, dans une interview à JA, avoir été marqué par deux propositions : la création d’une maison de l’Afrique à Paris et le Fonds pour la démocratie. Peut-être pensait-il être associé à ces deux projets et contribuer à tourner définitivement la page de la Françafrique ? Faudrait-il lui faire le grief d’avoir permis l’installation, dans le monde universitaire, grâce à son essai fondateur sur la condition noire en France, de questions peu abordées – ou marginalisées – en histoire, en anthropologie ou en sociologie ? Vain procès : la demande de tels programmes est forte chez les étudiants. D’oser évoquer l’idée d’un racisme structurel qui découle de réalités vécues telles les discriminations à l’emploi ? De dénoncer les contrôles au faciès par des formules définitives telles : « Être Noir, c’est avoir des soucis avec la police ! » Ces atteintes ne sont-elles pas désormais documentées en sciences sociales grâce à des données chiffrées et des études objectives ?

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