Ainsi donc Emmanuel Macron, le président français réélu pour un second mandat, a balayé, comme l’on s’y attendait, l’homme qui incarnait le plus la » France arrogante et insultante » à l’égard du Mali et condescendante à l’endroit de l’Afrique francophone. Celle qui a inspiré et enfanté le pseudo sentiment anti-français qui s’est propagé comme une traînée de poudre, pour ne pas dire de sable, au Sahel.
Fait remarquable, même les observateurs français, s’ils ont noté l’absence de grands noms de l’ancienne équipe, n’ont même pas daigné évoquer celui de Florence Parly, pourtant ancienne ministre française des Armées et de la Défense, passée maîtresse dans l’art de brocarder nos autorités et de nous présenter sous notre plus mauvais jour.
L’on notera aussi avec le départ de ses « deux tigres en papier » un changement de ton à l’égard du Mali, y compris de la part d’Emmanuel Macron, lui-même désormais échaudé par le renvoi de son représentant officiel, l’ambassadeur Meyer, de Bamako, mais aussi, de plusieurs journalistes français et de la suspension de deux des porte-voix de la francophonie en Afrique (Rfi et France 24).
S’y ajoutent les départs exigés par nos autorités des forces Barkhane et Takuba qui ont pris de court la stratosphère des pseudo spécialistes qui rivalisaient sur les médias occidentaux, confondant jusqu’à la situation géographique du Mali et débitant des inepties sur les menaces qui pèseraient sur certaines communautés minoritaires du Mali, lesquelles sont intégrées depuis des lustres dans le vaste ensemble d’une Nation ayant fourni les preuves de son savoir-être millénaire et de son savoir-faire sociétal, en tout cas depuis Kouroukanfouga, et la sortie inattendue du G5 Sahel venue rappeler que même la MINUSMA, force onusienne neutre, n’est plus à l’abri du courroux de Bamako en cas d’écarts majeurs, comme la présence de ses officiels aux fêtes « foraines » des séparatistes du Nord.
N’oublions pas, pour revenir à Le Drian, qu’une convocation d’un juge malien l’attend début juin prochain, pour s’expliquer sur son influence possible dans la dissipation des biens dans le cadre d’une opération de confection des passeports Maliens, envoyée du temps de sa toute-puissance à la tête des Affaires étrangères. Cette convocation prend une plus grande ampleur pour l’homme libre qu’il est devenu puisque débarqué du premier gouvernement de Macron II avec son parachutage en plein vol au-dessus du désert malien. Il perd en effet, avec son départ du gouvernement français, sa couverture immunitaire et se doit de montrer l’exemple aux nombreux Africains convoqués à Paris et condamnés par la justice française pour « des biens mal acquis ». A moins que l’on ne vienne nous dire que des biens mal acquis par des Africains en Afrique diffèrent de ceux des Français en Afrique. C’est là où l’exemple malien servira de détonateur à l’émancipation vis-à-vis de l’ancienne métropole et que l’Afrique a changé au point de comprendre que ses ancêtres sont loin d’être des Gaulois et se sont parés de vertus et de valeurs méconnues par la France coloniale et snobées par les politiques actuels de la France dans leur grande majorité.
Le « non » du capitaine des Gaïndé du Sénégal, Idrissa Gana Guèye du PSG, au port d’une tunique située à ses yeux loin des valeurs sportives qu’il incarne et de ses convictions, vient rappeler, à ceux qui n’ont rien compris à son geste, que la jeunesse africaine, celle née largement après les indépendances, à l’image de celle qui gouverne le Mali, s’est émancipée et s’assume malgré les sanctions illégales et illégitimes des valets locaux de la moribonde Françafrique et les » chutes » de ses supplétifs au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.
Voilà là où se situe toute la différence entre l’Afrique nouvelle et celle d’un passé récent.
Le Drian l’apprendra à ses dépens avec ce procès du 5 juin au Mali qui se fera dans les normes pour ne pas déroger à la règle qui régit désormais nos deux pays. Une leçon prévue et qui sera administrée loin de nos frontières.
Ainsi est le Mali des descendants des grands fondateurs d’empire quand il sort de ses gonds.
Seidina Oumar Dicko – DSO –
Journaliste-Historien- Écrivain