L’inaccessibilité de l’hôpital sur son site actuel
L’hôpital A. Le Dantec est à la pointe de Dakar au cap Manuel, très éloigné des cités les plus peuplées de la région de Dakar. Il faut traverser le centre-ville (plateau) de Dakar pour y accéder avec tous les embouteillages préalables des principaux axes qui y mènent : autoroute, VDN, route nationale et corniche.
Obliger des ambulanciers ou des sapeurs-pompiers à traverser une ville soumise déjà à un si gros trafic, défie également toute logique de ramassage – évacuation des cas d’urgence.
L’hôpital est éloigné de l’immense majorité des personnes qui le sollicitent ou qui y travaillent. La plupart des patients viennent de la haute banlieue ou sont référés des régions avec comme conséquences : un retard de prise en charge des urgences et des patients qui sont obligés de se présenter à l’aube avec des difficultés énormes pour rentrer chez eux.
L’essentiel des agents paramédicaux, techniques et administratifs qui fait plus de 90 % du personnel vient de la banlieue (keur Massar, Yeumbeul, Guédiawaye, Thiaroye, Rufisque, etc). Ils arrivent presque tous en retard et rentrent chez eux plus tôt qu’ils ne devraient.
La discontinuité des soins pendant la reconstruction
Reconstruire l’hôpital A. Le Dantec sur le même site équivaut à interrompre totalement ou partiellement les soins d’un grand hôpital pour une durée plus ou moins longue en délocalisant ses activités sur d’autres sites hospitaliers. Ce qui va poser des problèmes organisationnels majeurs avec comme corollaire la souffrance physique et psychologique de nos malades déjà profonde du fait de l’incohérence qui existe déjà dans la coordination des soins dans les hôpitaux publics actuels. En effet, il n’y a jamais d’unité de lieu des examens complémentaires et des actes médicaux obligeant les malades à faire un parcours très éprouvant.
La concentration urbaine excessive des soins
La réalité coloniale est dépassée depuis des décennies : un hôpital principal pour l’élite coloniale, les militaires et un hôpital pour indigènes en 1912 à côté de l’institut Pasteur. Toutes ces structures essentielles pour la santé des populations concentrées sur une zone isolée du plateau à cause de la prédominance des maladies infectieuses tropicales de l’époque est un fait qui n’a plus de raison d’exister à l’heure actuelle. Aujourd’hui, les maladies non transmissibles sont les principales causes de mortalité et l’urbanisation de Dakar a entraîné depuis longtemps d’importants déplacements de population de manière centripète. Ceci ayant occasionné déjà une concentration des populations en même temps un ralentissement de la mobilité des hommes et des véhicules, et par conséquent une perte de temps dont les conséquences économiques sont incalculables.
Déplacer l’Hôpital A. Le Dantec permettrait dès lors, indéniablement, une « aération » du tissu urbain dakarois mais surtout une déconcentration et une proximité des soins plus adaptées à la prise en charge des maladies non transmissibles (hospitalisation de longue durée, visites fréquentes, etc.)
Quant au personnel, il quitterait la banlieue pour rejoindre un lieu de travail proche ou en tout cas dans un sens inverse de la direction du centre-ville. Le personnel médical universitaire, minoritaire, véhiculé et seul personnel logeant en ville (Mermoz, Claudel, Fann, etc.), irait également dans un sens beaucoup plus fluide : de la ville vers la périphérie de Dakar à l’aller le matin et de la périphérie de Dakar vers la ville au retour le soir.