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Retour Au RÉel

Macky Sall ne s’interdit rien. Il alterne les gestes d’éclat et les actions discrètes dans un contexte riche en évènements. Alors qu’il projetait de rétablir le poste de Premier ministre pour davantage se consacrer à l’Afrique, le voilà rattrapé par un agenda domestique d’une ampleur inattendue.

A peine avait-il foulé le sol équato-guinéen pour un sommet de l’Union africaine (UA) qu’un autre appel du devoir le contraignait à écourter son séjour pour revenir au Sénégal tétanisé par la tragique disparition de onze nouveaux nés dans l’hôpital de Tivaouane.

Ce drame, qui suscite encore une vive émotion, révèle nos failles et la défaillance de notre système de santé. Il nous met en face de nos responsabilités d’adultes parfois détachés du réel par les dures contraintes de vie au quotidien.

Par ce brusque retour au pays, salué comme il se doit par le Khalife Général des Tidianes, le président de la République tente de reprendre les « choses en mains ». En politique, la faiblesse d’un pouvoir est souvent exploitée à des fins politiciennes… Que dire alors des moments forts ?

En limogeant son ministre de la Santé, le Président frappe un coup et coupe court à toute velléité protestataire des fantassins en cagoule. Mais en nommant aussitôt « une femme du sérail » à la tête du département, il calme le jeu et divers fronts. De ce fait, il s’accorde un répit inespéré. La continuité transparaît dans sa décision jugée « habile ».

Pour autant, est-il parvenu à rompre sa solitude au Palais ? Certains signaux le laissent penser. Il s’était abstenu de s’impliquer dans les élections locales. Pour les législatives en revanche, son investissement reste total et entier. Il rend visite aux dignitaires religieux auprès desquels il porte la bonne parole et engrange ainsi des dividendes jalousement conservés. Cela va de soi.

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Des voix audibles s’additionnent pour vanter ses réalisations. Son entourage s’en réjouit. Et lui-même, ragaillardi par cet état de grâce, entrevoit un horizon dégagé. Se dessine pour lui une logique politique dont il détient les cartes et les leviers. Il se confesse peu, il est vrai. Au regard des actes posés, il semble à l’écoute des fureurs et des colères nées des difficultés que vivent les Sénégalais dans leur écrasante majorité.

Il ne peut dès lors ignorer l’attente forte sur le pouvoir d’achat, la sécurité et la santé, secouée elle, par des crises à répétition censées remettre en cause les avancées médicales qui étaient la marque distinctive de l’Ecole de médecine de Dakar. Qu’en a-t-on fait pour nous retrouver avec une image ternie, une réputation lézardée et des acquis déliquescents ? Dans le domaine de la santé, les réformes s’imposent.

Pas besoin d’un dessin pour comprendre les urgences et surtout apporter des réponses qui soulagent. L’hôpital reproduit à l’identique en les prolongeant, les travers de la société sénégalaise. Dans ce secteur névralgique, la réforme va de pair avec la modernisation, déjà en cours mais incomplète, de la carte sanitaire pour doter le pays d’infrastructures fonctionnelles avec une dotation conséquente de ressources adéquates.

Les étapes devant suivre sont cruciales. Même si le temps ne manque pas, l’enchaînement des facteurs rétrécit les marges de manœuvres à un moment où l’attention des médias se focalise moins sur les heurs que sur les malheurs justement. L’heure est venue donc d’améliorer l’efficacité opérationnelle de la puissance publique pour rétablir la confiance rudoyée par une série ininterrompue de maladresses et d’incongruités.

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Ces malaises rongent le pays. Alors à quand une campagne centrée sur la citoyenneté pour donner du Sénégal l’image d’une nation soudée autour de valeurs de cohésion, d’unité et de solidarité ? Face aux besoins immenses, que faire ? Les bonnes intentions seules ne suffisent pas pour provoquer le déclic. Il faut passer aux actes.

Et surtout prêcher par l’exemple pour recoudre les déchirures et combler les béances sociales. Point trop n’en faut afin de réconcilier des acteurs qui prétendent agir au nom des idéaux et des symboles de la République. Peu importe le climat sociopolitique, la nation transcende les clivages. Elle cimente la société et lui évite les paralysies découlant de toutes sortes de crispations. Or celles-ci peuvent réveiller des sentiments enfouis.

D’où l’intérêt de s’éloigner des ténèbres et de s’écarter des extrêmes pour privilégier le consensus. Car les radicalités (dans le discours et parfois dans des actes approximatifs) évacuent le débat démocratique au demeurant indispensable pour permettre aux citoyens de faire des choix judicieux. Ces radicalités sont mêmes dangereuses pour la communauté nationale.

Choisir ! Voilà le concept, le mot, le charme d’une vie en société, traversée, il est vrai par des convictions contradictoires. Lorsque la politique se réduit à l’invective, à la suspicion permanente ou aux dénonciations calomnieuses, il ne faut jamais en attendre des avancées.

Au contraire cela préfigure une intolérance qui débouche sur une apologie de la terreur. Dans ce cas de figure, la peur domine et pourchasse les idées. Il ne faut nullement désespérer de notre pays qui sait, à des moments cruciaux se ressaisir et trouver une voix de sagesse pour se relancer.

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Certaines têtes d’affiche s’affirment de plus en plus et, gouvernées par une éclatante lucidité, commencent à agréger des forces par la seule clarté de leur positionnement politique. S’agit-il d’un courant de pensée, d’une doctrine politique en gestation ou d’une alliance de circonstance ? Les prochaines semaines vont nous édifier.

En tout état de cause, la Coalition Alternative pour une assemblée de rupture (AAR) inscrit son action politique dans une surprenante cohérence avec des dirigeants clairvoyants, mesurés, ayant le sens élevé du jugement et doués pour l’objection sans verser dans le « m’as-tu vu » ambiant.

Sans bruit, ils ont déposé début mai leur liste. Proprement. Et à intervalles réguliers, ils se relaient dans les espaces publics pour se prononcer sur les questions dirimantes. Cette respiration politique n‘est pas pour déplaire de bonnes couches sociales avides d’éclairage et dont le goût du débat contradictoire conditionne la prise de décision.

Il ne faut pas exclure d’ici aux législatives, d’autres développements à l’actif de Abdourahmane Diouf, Thierno Alassane Sall, Thierno Bocoum, Cheikh Oumar Sy ou l’ex juge Dème. L’échiquier politique se rénove…







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