Senexalaat - Opinions, Idées et Débats des Sénégalais
Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Administration, CitoyennetÉ, RÉpublique

Administration, CitoyennetÉ, RÉpublique

Combien de fois par jour prononcez-vous ces …mots ? Ces mythiques concepts qui sont censés cimenter notre commun vouloir-vivre en société. Les prononcer comme un mantra, pas pour les magnifier, mais pour regretter qu’ils aient perdu leur sens et signification d’antan, ou  qu’ils soient (comme les animaux de la préhistoire) des espèces en voie de disparition. Ou qu’ils aient carrément foutu le camp.

Comme nous aimons les mimétismes, surtout quand il s’agit de singer (grimacer comme les singes) nos « parents les gaulois », je signale pour m’en délecter, ce qui fait l’actualité chez Marianne : les violences et les prochaines législatives. Pour les violences, il s’agit de formes de réactions très usitées en France par les citoyens contre leurs élites, élus, autorités : des œufs pourris, des baffes et/ou de la farine sur les joues dodues des responsables. En moins de 24 heures, un ancien ministre de l’Éducation nationale (remplacé par notre compatriote) a reçu de la farine sur la gueule puis giflé par…deux enseignants ! Ils étaient mécontents, semble-t-il, de la politique éducatif du désormais ex-ministre des écoles. Deux jours avant, c’est Marine Le Pen qui recevait son œuf. Avant cela, c’est l’ami intime des Sénégalais, «grands dealers » parisiens devant l’éternel, le très facho Zemmour qui en prenait dans la tronche. Mais avant toutes ces autorités, c’est la plus importante d’entre elles, l’ami des Maliens, Emmanuel Macron, qui avait reçu d’abord des œufs, ensuite une baffe…

Mais il faut quand même faire des précisions de taille. Aucun de ces sauvageons n‘a « cadavré » dans un commissariat de police français ni arrivé éclopé, boursouflé au tribunal. Question à 10 000 CFA : qu’en auraient été des auteurs de ces actes chez nous ?

Évidemment que je ne cautionne pas ces actes de colère de « citoyens » contre leurs autorités et/ou élus. Mais non de Dieu, il y a quand même plus violent et sans commune mesure.

Comme d’être sorti de « l’école de la République » sans savoir vraiment ni bien lire ni bien écrire ;

que la République de tous pour tous vous ait lâché en plein vol du début de votre vie ;

vous viviez à la belle étoile ou entassés à 10-15 dans une « chambre » de 5 mètres carrés ;

A LIRE  L’art d’être d’accord sur les désaccords (le cas Sonko-Mélenchon)

que chaque jour que Dieu fait (vous auriez peut-être voulu ne pas vous réveiller) vous avez cette question fiché dans votre esprit : comment survivre à cette putin de journée ?

votre maire et vos conseillers municipaux ont vendu vos terres et terrains à des prédateurs fonciers avec l’appui inconsidéré des « forces de l’ordre » et autres Descos ;

que vos députés ne lèvent le plus petit doigt pour empêcher la forfaiture ;

que même votre président reconnaît l’existence de ces forfaitures et violences ordinaires, mais détourne le regard, protège les prédateurs, signent les décrets spoliateurs.

C’est là où nous voyons dans toute sa laideur, la faillite des institutions et l’administration qu’elles sont censées porter, supporter, défendre, au nom des citoyens de la République. Ces violences-là sont semble-t-il légales et même légitimes. S’y opposer, c’est commettre de graves crimes, comme de « troubler l’ordre public. Vous, vous n’avez pas le droit de défendre votre vie, vos moyens de vivre ; voire de survie.

Quand l’administration se transforme en bureau d’embauche et de recrutement de militants politiques ; quand l’avancement et la promotion de l’agent administratif dépend du bon vouloir du chef politique encarté au parti au pouvoir, le travail comme sacerdoce se noie dans les fosses septiques des combines politiciennes.. Alors, des femmes enceintes peuvent mourir dans les couloirs de nos hôpitaux, des bébés vivants (qu’on aurait peut-être pu sauver) sont déclarés morts par des personnels dont ce n’est pas la fonction ; une maternité d’un hôpital peut se transformer…en four crématoire. Oui, des révolutions (sociales) culturelles et citoyennes se perdent dans les méandres des comédies de nos « masla » hypocrites. Des révolutions dans le sens laroussien : « changement brusque et violent dans la structure politique et sociale d’un État qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend le pouvoir ». Et généralement, ces types de révolution sont le produit des cauchemars des pouvoirs en place : l’insurrection. L’insurrection donc ! « le fait de s’insurger, de se soulever contre le pouvoir établi (sic!) pour le renverser. Révolte. Soulèvement »…Qu’est-ce qui dans le contenu de ces mots ne relève pas de la souveraineté du peuple ? Quand il est opprimé, maltraité. Quand il voit tous les jours des prédateurs fonciers, des richesses inexplicables, des voleurs notoires soustraits du sabre de la justice. Quand celle-ci a perdu quasiment tout crédit aux yeux du peuple pour lequel il est censé rendre la justice ; quand il voit nos prisons se remplir de voleurs d’œufs, de poules ou/et de miches de pain, allez-lui dire que malgré tout cela, ou justement, à cause de tout cela, pour que tout cela puisse continuer, il lui est interdit de se révolter. Hypocrisie…républicaine.

A LIRE  L’infraction commise par une personne présumée folle : Que prévoit la loi ? (Par Me El Hadji Amath THIAM)

Ah nos parents les gaulois ! Qu’est-ce qu’ils nous ressemblent ! Surtout dans nos peurs ! Enfin, la peur des locataires des palais de l’Élysée et de celui de Ndakarou : devoir cohabiter avec nos plus intimes et haïs adversaires (ennemis ?) politiques. Dans la même semaine, le locataire du palais de la Corniche ouest et celui de Paris, dans des médias différents (et symboliques média « étranger africain » JA, et presse quotidienne régionale pour le Français) expriment leurs peurs de leur gouvernance de demain : cohabiter avec leurs cauchemars politiques. Mélenchon pour Macron et Sonko-YAW pour Macky.

Mais ils ont une grande différence de la démocratie. En effet, il ne viendra jamais à l’esprit du président français et ses alliés d’accuser Mélenchon « d’appeler à l’insurrection » si ce dernier appelait 500 000 personnes à la place de la Bastille pour préparer le départ de Macron de l’Élysée. En quoi 200 000 personnes à la place de la Nation sous un soleil de plomb pendant quelques heures serait-il un crime contre la République ? Il a fallu cet appel, tout compte fait très républicain en République pour que la « grande coalition » de la majorité vacille, hurle à l’insurrection et menace des foudres de la justice ce « Robespierre négro-sénégalais ».

Je voudrais bien qu’on m’explique : un régime qui a été réélu avec 58% il y a moins de trois ans, un régime qui clame avoir largement gagné les dernières locales (avec plus de 70% du territoire), comment donc ce régime plébiscité, paraît-il, se retrouve à faire dans ses frocs parce qu’un jeunot fabriqué par ses soins a demandé aux jeunes (200 000) de venir remplir l’ex-place de l’Obélisque ?

Oui fabriqué par votre haine de ceux et celles qui refusent de se joindre à vous dans la grande bamboula qu’est votre gouvernance. Vous avez voulu le faire mourir de faim en le radiant de la fonction publique (politique et partisane). Vous en avez fait un député et opposant numéro un sorti des urnes. Vous avez voulu l’enterrer vivant, vous avez concocté une série à l’eau de rose : il a gagné la ville symbolique de Ziguinchor et permis à sa coalition de rafler les quatre premières villes du pays.

A LIRE  FAITES VOS JEUX, RIEN NE VA PLUS !

Et votre cauchemar continue avec la perspective d’une cohabitation après les législatives prochaines. Et pour conjurer cette probable déculottée, vous êtes en train de nous concocter une bouillabaisse politique jamais vue dans les démocraties du monde : des listes amputées ! Vous vouliez nous organiser des élections « éclopées » jamais vues dans l’histoire politique du monde démocratique dont nous nous réclamons en bombant le torse.

Il faut le dire haut et fort : ces élections « soupe kandia » seront les causes des violences de demain. Des titulaires sans suppléants et des suppléants sans titulaires ! Où les « Sages » sont-ils partis chercher une telle bouillabaisse électorale ?

Pour « sauver la paix » et éviter au pays le ridicule et la plongée vers les abîmes, il n’y a qu’une seule solution raisonnable : reporter les élections jusqu’à la fin de l’hivernage, recommencer à zéro et, surtout, désormais appliquer la loi et le bon sens. Le pays ne se noiera pas davantage pour un report de 3-4 mois. Je vois  déjà des gens qui hurlent « au respect du calendrier républicain » ! La paix du pays vaut un million de fois l’imbécile formalisme électoral.

Oui, trois-quatre mois pour rebattre les cartes et sauver la paix. Parce que, à moins  de préférer les avantages de la députation à la stabilité du pays, un consensus raisonnable devrait pouvoir se trouver pour un report des législatives. Personne n’en mourra. Par contre, si on veut les maintenir contre vents et marées, on prépare alors pour ce pays des lendemains improbables. Et il y a tant à faire, comme la préparation de la campagne agricole ainsi que les mesures d’anticipation des inondations inévitables.

Il n’y a absolument rien qui justifierait le maintien des législatives dans ces conditions. Et une assemblée handicapée lourdement à la naissance, ne sera ni pour le peuple, ni élu par lui.

dndiaye@seneplus.com







Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *