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Et De Prendre Position

Et De Prendre Position

Désormais, tous les jeudis — à titre exceptionnel ce vendredi pour cause d’actualité chargée avant-hier —, nous publierons cette chronique du doyen Habib Ndao. Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce « grand », comme on dit, qui nous fait l’honneur désormais de sa prose est un professeur de lettres de métier. Il est aussi un spécialiste de la communication qui a d’ailleurs fondé et animé un cabinet dédié à cette science. Surtout, il a animé pendant des années, dans le journal « Sud Quotidien », une chronique très populaire intitulée « Ras-le-bol ! ». Comme un pied-de-nez, il débute sa collaboration avec « Le Témoin quotidien » au lendemain d’un assourdissant concert de casseroles et de…bols ! Mais, cette fois-ci, ce n’est pas pour exprimer son « ras-le-bol » de ce qui se passe dans ce pays. Bienvenue à lui, donc.

Effort de lucidité et option de posture citoyenne ? En tout cas, prendre parole. Non pas parce que l’on est détenteur de la vérité qui instaure une communauté d’esprit au centre du débat sociétal, mais simplement parce que l’on s’impose une exigence de recul, le courage d’accepter le risque de la solitude et la menace des bourreaux de la non-pensée. Parce qu’il s’agit de cela : d’une société qui brouille les repères non comme prémisses d’un ordre nouveau qui ne saurait être différé, mais pour des ambitions circonstancielles, des appétits bien réels, portés par une classe politique qui a fait de la conquête et du maintien au pouvoir, une fin en soi. Notre société n’est en rien plus bénie de Dieu que n’importe quel autre groupe humain au monde. Comme toutes les autres sociétés, elle est traversée par des fulgurances de violence auxquelles n’échappe aucun établissement humain.

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Les Hommes l’ont compris depuis la première table de Lois de Moise ! Vivre ensemble relève toujours d’une volonté concertée d’assurer la sécurité de tous à travers des dispositifs et des dispositions divers et inégaux mais qui concourent invariablement à contenir les disparités, les iniquités, les injustices dans des proportions et des conséquences relativement maitrisées.

Pour dire que la paix sociale, la paix tout court, est un ‘’construit humain’’ qui ne se décrète pas et qu’aucune invocation d’intervention non humaine ne saurait évacuer de la sphère des tissus relationnels par la simple vertu des mots : ce sont les Hommes qui portent la violence et ce sont aussi les Hommes – sûrement aidés par la force de leurs convictions et de leur foi — qui travailleront à la circonscrire pour rendre la vie ensemble possible : C’est l’enjeu fondamental de toutes les communautés vivantes.

L’enjeu ! Il n’y a pas des hommes attachés aujourd’hui à détruire le Sénégal pour des raisons qu’il faut aller chercher loin dans les instincts les plus insondables de l’homme, mais il y a, derrière toutes les flambées de violence sociétales, des responsabilités, des ambitions, des dysfonctionnements, des déséquilibres dont il faudra chercher les ressorts dans notre mode de vie, de penser, dans l’incohérence des formats d’organisation sociopolitique et dans la mauvaise application des principes structurants censés en assurer l’équilibre, la solidité et la fiabilité. Notre société a fait des progrès mais notre société n’est-elle pas aujourd’hui malade ? Que nous arrive-t-il, nous qui ne sommes ni aphones ni sourds ? Médecin, pour opposer un diagnostic d’érudit ? Que non !

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Mais, le réel Africain, Sénégalais est têtu : L’Etat, en construction à travers des ‘’espaces pacifiés à la fois pour initier des synergies et gérer les divergences et conflits’’, est devenu lui-même un enjeu de réalisation personnelle et d’enrichissement licite ! De réussite tout simplement ! Il faut se regarder en face. Il ne s’agit pas de confier le destin de notre vivre ensemble aux meilleurs d’entre nous ! Il ne s’agit même pas de prendre les plus vertueux, les plus inventifs et les plus créateurs : s’il ne s’agissait que de cela, les paradigmes opérationnels seraient la Religion, la Science et l’Art !

Les errements de l’Histoire sont encore un livre ouvert ! Il s’agit plus banalement, plus pragmatiquement, plus prosaïquement, de construire le système — contrat social — le plus susceptible de stabiliser et d’épanouir le groupe.

Et de le structurer avec un arsenal de lois pour contenir les dérives, combattre les abus, sévir au besoin mais d’abord éduquer pour former et conformer en une démarche proactive de prévention et d’intégration. Avons-nous échoué ? Non pour sûr, sauf à donner raison au Racisme et aux suprématistes de tout crin. Non, sauf à poser que l’Afrique est un monde à part, une monstruosité accidentelle de l’œuvre de Dieu !

Un courant anti-intellectuel parcourt notre société, porté par des forces à peines voilées mais diffuses dans le corps social global. Il y a des discours ambiants portés par les médias de plus en plus clivant, de plus en plus excluant et de plus en plus tolérés sous l’absolution qu’autorise l’appartenance à une majorité, qu’elle soit religieuse ethnique ou autre !

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La connaissance est le fondement de la société : ceux qui ne savent pas sont marginaux de fait. Il faut surtout former, éduquer pour pouvoir espérer fonder une société juste. Sinon, ceux qui parlent et vous parlent sont et resteront toujours des imposteurs et à la base des foyers de violence qui peuvent avoir raison de n’importe quel groupe. Invoquer les saints n’y fera rien !







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