Senexalaat - Opinions, Idées et Débats des Sénégalais
Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Joyeux Anniversaire Monsieur Le PrÉsident

Joyeux Anniversaire Monsieur Le PrÉsident

«Ne retournent à l’éternité que ceux qui l’ont cherchée sur terre»

Il y a 112 ans naquit à Khombole dans le Kayor le Président Mamadou Moustapha Dia, un illustre personnage de la vie politique sénégalaise et africaine d’une fermeté d’âme sublime. Homme politique, Humaniste intégral, Islamologue et Economiste, il fut ¬successivement :

-Vice-président du gouvernement du Sénégal issu de la Loi-cadre avec M. Pierre Lamy comme Chef du territoire et président du Conseil (Lundi 20 mai 1957) ;

-Président du Conseil de gouvernement du Sénégal (Samedi 4 octobre 1958) ;

-Président du Conseil des ministres de la République du Sénégal, ministre de la Défense et de la sécurité et chef de l’Etat (Samedi 4 avril 1959 au Lundi 17 décembre 1962).

Le Président Dia est l’unique sénégalais qui a signé l’acte de naissance de l’Etat du Sénégal dont il fut le bâtisseur incontestable (Accords de Matignon du lundi 4 avril 1960 à Paris). La République du Sénégal en donnant son nom au Building administratif -naguère siège de l’Afrique occidentale française (Aof)- où il présida aux destinées du Sénégal (du lundi 20 mai 1957 au lundi 17 décembre 1962) n’a fait que commencer à remettre les choses à l’endroit, n’en déplaise aux forces réactionnaires et obscurantistes et leurs alliés d’outre-mer qui continuent de brider le Sénégal. Les masses populaires appauvries -véritables masses de manœuvre ou monnaie de change- ne savent plus à quel saint se vouer ni à quel parti ou coalition électorale (sa forme dégénérée !) se fier.

S’il convient de savoir gré à l’Etat du Sénégal pour ce premier acte de reconnaissance, force est de reconnaître que d’éminents serviteurs de la République sont toujours ostracisés et absents de notre Panthéon politique.

A LIRE  LE SÉNÉGAL, UNE SOCIÉTÉ VIOLENTE

Le Pr Abdoulaye Bathily*-Historien émérite et Homme politique de premier plan encore sur la ligne de front pour le progrès et la justice sociale- s’en est justement offusqué à l’occasion du 9ème anniversaire du rappel à Dieu du Professeur Abdoulaye Ly, ancien ministre de la Production dans le premier gouvernement Dia issu de la Loi-cadre en mai 1957. Pour le Pr Bathily, Mamadou Dia et Abdoulaye Ly «sont les vrais pionniers de l’Indépendance et curieusement, ils sont rangés aujourd’hui dans l’oubli. Je suis particulièrement admiratif de ces pionniers et le demeure. Aucun d’entre eux n’a laissé de richesse à sa famille. Il faut voir les maisons qu’ils habitaient. Mais ils sont tous oubliés dans notre panthéon politique» (1). Je renvoie le lecteur aux péripéties du premier congrès du Parti du regroupement africain (Pra) tenu le 25 juillet 1958 à Cotonou.

Pour revenir au Président Mamadou Dia, point n’est besoin de relater la décennie d’«ermitage» au Centre pénitentiaire spécial de Kédougou, avec ses valeureux compagnons, notamment ses ministres Valdiodio Ndiaye, Ibrahima Sar, Joseph Mbaye et Alioune Tall, ses collaborateurs qui furent assignés à résidence puis emprisonnés : Mody Diagne, Aboubakry Kane, Mody Niane et son épouse Toukou Bokoum assignée à résidence à Mboumba (Lao) !, Mamadou Sèye, Ndiogou Wack Ba, Fadel Kane, Assane Diop et Ousmane Ndiaye Thiass. J’en profite pour rendre hommage à ces illustres patriotes aujourd’hui disparus et j’y associe également M. Roland Colin qui fut un proche et fidèle collaborateur du Président du 20 mai 1957 au 17 décembre 1962 et qui continue d’entretenir avec passion sa mémoire.

A LIRE  APPEL À DES ÉLECTIONS PAISIBLES

Il vient avec ses amis (dont le Président Moustapha Niasse) de porter sur les fonts baptismaux la Fondation Mamadou Dia pour l’Economie Humaine. Humaniste intégral, Roland Colin a très tôt compris cette pensée de Khalil Gibran : «La terre est ma patrie, l’humanité ma famille.» Ainsi donc, Kédougou permit au Président Dia de se réconcilier avec lui-même, d’acquérir une générosité d’âme et de pardonner. Ce séjour carcéral, il ne l’a pas vécu comme une pénitence mais comme une retraite monastique. C’est à l’acmé de la souffrance que l’âme s’anoblit et se réconcilie avec l’être qui la porte et donc avec Dieu. Emile Cioran ne s’y était guère trompé : «Celui qui n’a pas souffert n’est pas un être : tout au plus un individu.» Nietzsche s’exclamait «Deviens ce que tu es !» : le Président Dia n’a jamais cessé d’être ce qu’il a toujours été : un homme bien qui a toujours eu le souci d’occuper une place de choix dans l’Eternité˗ la grande Histoire comme il aimait le dire.

C’est comme si chez cet être exceptionnel se sont donné rendez-vous : le Patriotisme lucide, la Pudeur, la Piété et la Probité : il «n’a jamais fait œuvre de chair illicite» ! Le Président Dia a incarné sans concession les vertus qui ont toujours structuré notre Nation, notamment le Ngor (Intégrité morale), le Jom (Honneur), le Jomb (Dignité), le Fiit (Courage), le Kolere (Reconnaissance) et enfin le Beg sa Rew (Patriotisme). Il n’a jamais courbé l’échine ni vendangé les intérêts vitaux de son pays qui lui doit beaucoup. Il aurait fait sien ce cri de guerre de l’intrépide Barget-Diogomay-Damel-Tègne Lat Dior Ngoné Latyr Diop : «Xalagi yagess nakoo sajal» (L’arc plie mais ne rompt pas).

A LIRE  THIAROYE-MORLAIX 44

(1) : Mame Woury Thioubou : Hommage : Pr Abdoulaye Ly dénonce un manque de reconnaissance. Le Quotidien N°5813 du mardi 12 juillet 2022 Page 12

*NB : Le Pr Abdoulaye Ly (1919-2013), premier sénégalais Docteur d’Etat ès Lettres (Histoire) le 16 mai 1955. Il fut Directeur adjoint de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) (1955-960) avec Théodore Monod comme directeur. Il est aussi le fondateur et conservateur du Musée d’Histoire de l’Aof, à Gorée. Le Pr Ly fut aussi ministre de la Production (1957-1958) puis ministre de la Santé et des affaires sociales (1966-1970). Il fut Secrétaire général du Pra-Sénégal après avoir milité au Bds puis au Bps et à l’Ups. Le Pr Abdoulaye Ly est le père de notre grand-frère et maître, le Pr Cheikh Ly, Vétérinaire-Economiste et Expert-Consultant à la Fao. Il fut aussi Chef du Service Economie rurale et Gestion à l’Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine vétérinaires (Eismv) de Dakar. Nous lui renouvelons ici toute notre reconnaissance et affection.







Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *