Cette question identitaire telle qu’alimentée par la classe politique, risque de plonger le Sénégal dans une incertitude aux conséquences incalculables.
Et, à mon humble avis, les questions relatives à l’appartenance identitaire, ethniques, religieuses, régionalistes et aux minorités, soulevées par la classe politique du Sénégal, sont dangereuses puisque conflictuelles, en attribuant régulièrement des soupçons à tort et à travers. Cette question est très sensible et divise plus qu’elle ne rassemble. Elle stigmatise les honnêtes citoyens, les dignes et illustres fils de ce pays, républicains et démocrates comme apolitiques.
L’exploitation politicienne de ce concept identitaire est scandaleuse, surtout avec des arguments qui n’ont aucune cohérence objective, logique et cartésienne.
Au contraire, le risque est irréfléchi dans le seul but d’endormir les électeurs et de les détourner par l’inessentiel. Une fois de plus, cette polémique stérile sur cette question identitaire, qui ne cesse d’alimenter la vie politique sénégalaise, est un faux débat puisque improductif face aux enjeux majeurs et questions essentielles qui nous interpellent. Cette question sur l’appartenance est improductive et n’apporte rien de significatif au vécu quotidien des populations qui ont d’autres préoccupations : les coupures à n’en plus finir, en eau et en électricité, le chômage endémique des jeunes, la cherté vertigineuse de la vie, les crises chroniques des secteurs clefs comme l’éducation, la santé et l’agriculture, sans oublier les menaces terroristes sur notre sécurité intérieure comme extérieure, idem pour l’extinction de notre lustre diplomatique avili, etc.
Par ailleurs, force est de condamner la prolifération d’invectives de part et d’autre, l’acharnement et le tapage intempestif sur des femmes et des hommes, porteurs d’une opinion contradictoire dans leur fonction d’alerte et de veille, dans leur noble quête de réfléchir et proposer des reformes pour la bonne marche de notre Sénégal.
Cette dérive est inadmissible et ne reflète pas le niveau d’éducation et le rayonnement du Sénégal moderne qui occupe une place appréciable dans le concert des nations. Pour ma part, je condamne, avec la plus grande fermeté, ces injures proliférées, et que rien ne justifie, à l’encontre de personnalités comme Mankeur Ndiaye, professeur Ibrahima Fall, professeur Mary Teuw Niane, Aminata Tall, etc., y compris sur le professeur Ismaëla Madior Fall. Sachons se contredire et échanger dans le respect mutuel, sans violence ou dérapage. Evitons également d’être totalement en phase sur toutes les questions importantes. Le béaba est de trouver un consensus fort autour de l’essentiel et autour des grandes lignes.
Pis, à ce rythme où va le Sénégal avec cette pléthore d’invectives. Quelle éducation ratée ou bâclée ! Entre guillemets, une campagne électorale n’est pas un espace de violence et d’échanges houleux, mais un cadre de dialogue et de concertation où les visions sur l’essentiel se confrontent et se contredisent. Malheureusement, nos acteurs politiques ne portent pas haut le débat. Et une fois de plus, les thématiques de bas étage qui animent notre campagne électorale poussent à une réflexion profonde sur le poids de la question identitaire et sur celle du troisième mandat.
Au contraire, cette polémique pompeuse, improductive et stérile, entretenue et encouragée par tous ces laudateurs en manque de maturité et d’expérience, de connaissances et de bagages, pollue et tympanise la société sénégalaise. En sus, cette offre politique autour de la violence qui anime la campagne électorale est stérile, pauvre et infructueuse puisque n’apportant pas une alternative crédible aux problèmes auxquels sont confrontées les populations dans des secteurs en panne.
En conséquence, refusons de nous embarquer dans cette barque à vau-l’eau. Ne nous détournons pas de l’essentiel et recentrons le débat qui est ailleurs. Reconcentrons-nous sur des problématiques bien posées par des thématiques majeures qui aideront le Sénégal à émerger dans sa quête de perspectives par une prospective profonde des élites du pays qui, chacun, dans son champ d’action, son domaine de compétence, a le devoir et l’obligation de produire, de se revisiter par une introspection lucide et d’apporter sa modeste contribution pour l’essor du pays.
Pour conclure, ce débat sur l’appartenance identitaire est malsain, immoral, dangereux, conflictuel et contreproductif. Cette polémique stérile n’apportera que des ennuis à notre stabilité politique et n’offrira rien de significatif aux problèmes auxquels sont confrontés les Sénégalaises et Sénégalais. Et surtout que c’est un débat gênant que les politiciens sénégalais, de la majorité comme de l’opposition, doivent éviter d’en faire un fonds de commerce pour la simple raison que la diversité est une richesse pour un pays, pour sa stabilité et sa paix sociale. Notre seule appartenance est le Sénégal.