Il est percutant, destructeur, ravageur, perturbateur. Il draine des foules. Il fait gagner des députés et des maires. Avec Sonko on gagne, contre lui on perd. Il fait tomber des espoirs, fait douter des destins présidentiels et ruine des ambitions. Il a défait à la fois le pouvoir et l’opposition. Il est aimé par les uns et haï par les autres.
Le phénomène Sonko est irrationnel et profondément émotionnel. Sonko se profile comme une singularité politique qui défie et résiste à toute stratégie de communication destinée à l’arrêter. C’est une intelligence politique en mouvement doublée d’un génie qui déjoue tous les pièges.
Les réalisations, les évènements, les actes qui se sont produit entre janvier et juillet 2022 ne peuvent expliquer ni justifier la foudroyante vague-Sonko. Cela devrait donner tout le contraire. Certes il y a eu la hausse des prix ou l’inflation, mais il y a eu (surtout pour la jeunesse) la victoire de la coupe d’Afrique, la qualification à la coupe du monde, l’inauguration du stade Abdoulaye Wade, il y a eu l’apaisement du front social, la hausse des salaires, il y a eu le TER, les chantiers du BRT avancent, 43 milliards sont distribués aux familles nécessiteuses, il y a eu la présidence de l’Union africaine, la prouesse diplomatique des négociations avec la Russie qui a fait briller le Sénégal dans le monde entier, …,
UN BILAN POSITIF OBTENU EN UN TEMPS SI BREF.
Tout ceci est inaudible et invisible aux oreilles et aux yeux des électeurs. La démocratie devient folle, sourde, aveugle et inconsciente. Sonko a réussi en un laps de temps à polariser l’espace politique (entre lui et le président Macky Sall). Il a réussi ce que Wade a réussi en 26 ans. Il est devenu le leader incontesté de l’opposition.
Fort de sa confiance en l’adhésion des électeurs, le président Sonko a pris le risque de transformer les législatives en présidentielles : Sonko contre Macky au destin politique exceptionnel auréolé de toutes les étoiles en politique. Il fallait gagner ou périr. Il a engagé toute sa personne, tout son destin présidentiel, tout son aura, tout son leadership dans le combat qui enfin lui réussit. Il a «blacklisté» les candidats de YAW dont personne ne connait leur nom. Il a transformé la campagne électorale en « politique people », caravanes et casques bien vissés sur la tête. Il a écrasé au passage par un coup de gueule l’opposition prétentieuse, cloué le bec aux oiseaux migrateurs (les transhumants) avant de semer la peur et le désarroi dans les rangs de BBY en renvoyant Macky au « second tour ». Un test grandeur nature !
Le signal est donné pour renverser le mastodonte BBY. Le pouvoir en place ne peut pas ignorer la menace. C’est un avertissement mais aussi une bénédiction pour Macky s’il sait déchiffrer l’information avec toute la sérénité qu’on lui connait. Il lui faut prendre au sérieux l’alerte et agir en conséquence en posant les actes suivants :
1.Répondre aux échos assourdissants des messages des électeurs par un discours inédit après les résultats des élections législatives.
2.Inviter l’opposition à lui proposer un premier ministre (il ne s’agit pas de cohabitation).
3.Etre le président de tous les sénégalais par les actes qu’il pose.
4.Préparer et organiser de manière satisfaisante et irréprochable les présidentielles de 2024. Ni orgueil, ni revanche, ni prétention rien que de la lucidité.
Entendre la voix sacrée du peuple est une vertu de démocrate !
Dr Abdoulaye Taye
Enseignant-chercheur à l’Université Alioune Diop à Bambey