Tout semblait scellé depuis avril 2019. Le troisième mandat et la probable succession familiale. La voie était balisée, les obstacles réels et imaginaires dégagés. Le poste de Premier ministre supprimé, les têtes qui émergeaient, en deux vagues, balayées.
Un leurre éblouissant brandi soutenu par des thuriféraires intarissables : le Fast-Track. Il fallait aller vite, très vite, qu’il n’y avait plus besoin du poste de Premier ministre. Le coordonnateur de l’action gouvernementale devenait subitement le retardataire de l’achèvement des projets gouvernementaux.
À Saint-Louis, dans un site web, un pseudo journaliste théorisait déjà une succession à la Poutine-Medvedev pour le maire de la ville tricentenaire. Malheureusement, le Covid finit par montrer au grand jour les insuffisances et les tares du potentiel candidat du Nord.
Le gouvernement, l’administration, les institutions et toutes les structures de l’État furent politisées. Ils insérèrent des incompétents notoires aux seules fins d’obtenir un assentiment généralisé et unanime sur le probable projet d’un troisième mandat prolongé par une succession familiale à travers l’équivalent du fameux article 35 du président Léopold Sédar Senghor qui permit à monsieur Abdou Diouf de lui succéder.
Les juristes défroqués, les politiciens-arrivistes du temps du président Abdoulaye Wade, les politiciens qui voyaient leur étoile coïncider avec la réélection pour un troisième mandat du président de la République inventèrent le subterfuge de la deuxième candidature pour un deuxième mandat de cinq ans. Ils oublièrent, amnésiques, les proclamations de foi, les témoignages devant Dieu jusqu’aux comparaisons avec la prière de l’Eid un soir du mois de décembre 2018 pour essayer en rangs dispersés de convaincre qu’une nouvelle candidature était possible.
D’ailleurs, un ministre d’État, sûr de son fait et de sa position, ne dit-il pas que les élections législatives étaient le premier tour de la présidentielle de 2024 ? Messieurs Karim Wade et Khalifa Sall étaient déjà éliminés de la course à la présidentielle de 2024.
Au sein de l’APR, Amina Touré, Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Mouhamadou Makhtar Cissé et d’autres étaient de fait mis sur le banc de la route pour une possible succession.
Le processus de liquidation du président Ousmane Sonko était avancé malgré l’opposition vaillante de la population sénégalaise notamment de la jeunesse. Enfin, les Sénégalaises et les Sénégalais venaient de percevoir le schéma machiavélique de liquidation programmée de tous les potentiels successeurs qu’ils appartiennent à la majorité ou à l’opposition. Seules les méthodes étaient différentes : les uns l’éloignement des postes gouvernementaux et les autres des décisions de justice qui invalidaient leur possible candidature.
Monsieur Barthélemy Diaz est aussi suspendu à une décision de justice lourde de conséquences en septembre prochain.
Tout était en place.
Les élections législatives, par l’élection du maire de Saint-Louis et une large victoire de la majorité, devaient parachever le puzzle et diriger le pays vers une réélection facile du locataire de l’avenue Léopold Sédar Senghor.
Patatras, tout s’est écroulé !
Le maire de Saint Louis battu, son possible rêve de succession évanoui ! La majorité battue ! Pour la première fois depuis les indépendances, elle est devenue minoritaire en suffrages valablement exprimés par rapport à l’opposition !
La réélection en février 2024 est devenue une illusion improbable. Une loi d’amnistie qui rétablit les opposants dans leurs droits civiques relève désormais du possible.
Le président de la République, de lion chasseur, est brutalement devenu l’otage des différents leaders de son parti qu’il avait exclus de fait de sa succession.
Ku añaan sa ay ndono nga am ndono boo bëggul ! Celui qui ne veut pas de ses héritiers légitimes aura un héritier qu’il n’aime pas !
Dix-huit mois qui annoncent la fin d’un rêve insensé, la fin des rêves !
Entendrons-nous un discours chevaleresque annonçant le renoncement à la troisième candidature ? S’il arrive, il libèrera le peuple Sénégalais, instaurera la paix sociale et la pacification de l’espace politique ! Il contribuera à produire une nouvelle étape dans la démocratie sénégalaise : un président sortant qui organise l’élection de son successeur à laquelle il ne participe pas !
Est-ce une utopie ?
Le niveau de considération de l’éthique de la parole donnée et la soumission à la voix forte et claire sortie des urnes le 31 juillet 2022 nous le diront.
Le Sénégal est un pays béni !
Prions pour que les prières de nos Saints et de nos Ancêtres soient nos intercesseurs pour que la paix, la concorde et la solidarité règnent pour toujours dans notre pays.