Ma vie est confinée entre lumière et obscurité mais aussi entre joie et tristesse. Poussières étoiles, je mène une guerre intérieure pour vaincre mes démons, et canaliser mes affects.
J’ai mille et une questions qui me taraudent l’esprit.
Qui suis-je ? Qu’est-ce qu’une vie accomplie ? Quelles sont les causes de ma transformation en homo economicus ? Pourquoi tant d’injustices sociales ? Les inégalités ne cessent de se creuser. Pourquoi l’argent gouverne le monde ? Il fait et défait les relations. Pourquoi tiennent-ils autant au mythe de la croissance infinie dans un monde fini ? Pourquoi malgré la crise climatique, le marché est encore le roi ? Pourtant, on sait tous que l’écologie n’est pas compatible avec l’économie de marché. La catastrophe est déjà là. Les experts du GIEC et d’autres chercheurs très sérieux disent qu’il nous reste peu de temps pour réagir. Mais au nom du progrès, de l’innovation technologique et de la mondialisation heureuse, les élites politiques et économiques ont décidé de faire fi de la vérité scientifique. Je crois qu’ils souhaitent à tout prix maintenir le statu quo. Leur inaction en est la preuve.
C’est la course sans fin au profit, et l’individualisme est à son paroxysme. 246 ans après, la théorie de Smith est toujours ancrée dans l’imaginaire collectif. Le capitalisme dicte sa loi partout. Ce système dévastateur a réussi à faire de nos vies des variables d’ajustement. L’injonction néolibérale est terrible. Peut-être un jour, j’aurais des réponses à mes interrogations existentielles. Mais en attendant, je continue ma quête du bonheur.
Ce bonheur que le philosophe de l’absurde, Camus définissait comme « l’accord vrai entre un homme et l’existence qu’il mène ». Je veux jouir de véritables enchantements dans le pays sans fin : Passer quelques nuits au Mali pour contempler les soleils de minuit du Djoliba. Panser mes blessures secrètes grâce à son message d’humanité. M’abreuver des bons conseils des aïeux. Me lover dans le creux des bras de Madame Aminata Dramane Traoré, femme debout au charisme lumineux et ouverte aux vents féconds du monde. Pays de culture et de tolérance. Mali, terre d’amour et de paix nonobstant l’irruption du terrorisme. M’ouvrir à l’autre sans contrepartie – ne jamais ériger des bastilles. Semer des graines de partage dans mes bassins de vie, revoir ma façon d’habiter le monde, discuter de politique au sens philosophique et sociologique, in fine, au sens gramscien et bourdieusien.
Dans cette cité des bonheurs simples, là où gît l’horizon des possibles, j’irais à la rencontre des tisseurs d’avenir. Les artistes. Ceux qui décrivent sans fard notre condition humaine.
Car à travers l’art, ils nous offrent avec un trop-plein de générosité, le tableau de nos joies éphémères, et de nos souffrances continues.
Les mots justes et pleins de courage de Gaël Faye, la musique mystique de Baba Maal, les notes sensibles de Wasis Diop, la kora de Toumani Diabaté, la plume affûtée et lucide d’Akhenaton, la voix gracieuse de Fatoumata Diawara, la poésie de Solaar, les clichés élégants de Omar Victor Diop, libèrent mon corps des chaînes de la mécanique économique.
Ces belles âmes, créatrices de liens et de sens soignent mes blessures invisibles, me consolent, m’électrisent, mieux elles m’invitent à aller au fond de ma condition humaine eu égard aux grandes questions qui se posent aux Hommes, surtout celle-ci : quel est le sens de la vie ?
De sensibilité de gauche, Birane Diop est intéressé par la politique, l’économie, l’écologie, la culture.