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Si J’avais Un Conseil À Donner À Mimi TourÉ

Si J’avais Un Conseil À Donner À Mimi TourÉ

J’ai facilité les retrouvailles entre le Président Macky Sall et Mme Aminata Touré, après leur brouille consécutive au limogeage de cette dernière, en novembre 2020, de la présidence du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Il ne saurait être question de révéler les péripéties et la teneur des discussions, à moins d’y être autorisé par les protagonistes qui souhaiteraient satisfaire à un devoir de vérité et de transparence. Seulement, je ne peux me taire devant de graves accusations que Mimi Touré a portées à l’endroit du président de la République et de son épouse. Dans une lettre, en date du 15 septembre 2022, adressée au chef de l’Etat et qu’elle a pris soin de rendre publique, Mme Aminata Touré alerte sur un projet «d’actions de neutralisation physique» concocté contre sa personne par «des éléments proches de l’entourage du président de la République et de la Première dame qui envisageraient de l’attaquer physiquement afin que le suppléant en droit de siéger puisse la remplacer définitivement à l’Assemblée nationale».

Il est triste que Mimi Touré en arrive à user des mêmes méthodes que Abdoul Mbaye

On ne peut pas ne pas avoir la gorge nouée, en relisant certains écrits de Mimi Touré. Pour exprimer son courroux parce qu’elle n’a pas été choisie par le Président Macky Sall pour le poste de présidente de l’Assemblée nationale, elle cherche aujourd’hui à faire le plus mal, en personnalisant le débat politique et surtout en adoptant la stratégie de la terre brûlée. Mimi Touré verse dans l’invective, et fait exactement ce qu’elle reprochait avec hargne et véhémence à son prédécesseur à la fonction de Premier ministre, Abdoul Mbaye.

Le simple fait que de tous les responsables politiques sénégalais, du pouvoir comme de l’opposition, Mimi Touré ne trouve que la seule personne de Abdoul Mbaye pour lui apporter un soutien public dans cette nouvelle croisade contre Macky Sall, devrait lui faire prendre la mesure de son fourvoiement. On a beau vouloir être amnésique, on peut encore se remémorer les esclandres de la passation du témoin entre ces deux personnes. De même, qu’est-ce que Mimi Touré avait épargné à Abdoul Mbaye quand celui-ci avait sollicité la protection de l’ambassade de France (son autre Patrie) à Dakar quand il estimait craindre pour sa vie parce qu’il aurait été victime d’un cambriolage à son domicile ?

Justement, quelle est cette facilité à prêter à chaque fois au pouvoir politique, le sinistre dessein de chercher à assassiner des adversaires, sans jamais déposer une plainte, encore moins fournir la moindre preuve ? C’est devenu une rengaine que quiconque n’est pas d’accord avec le pouvoir politique sorte pour déclarer être dans la ligne de mire d’escadrons de la mort, alors que pas une seule fois quelqu’un n’a été tué ou blessé !

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Mimi Touré, Abdoul Mbaye, Mankeur Ndiaye, Ousmane Sonko, Mamadou Lamine Diallo, Khalifa Ababacar Sall, Barthélemy Dias, Serigne Moustapha Sy, Cheikh Oumar Diagne, Imam Alioune Ndao, des journalistes, des syndicalistes, entre autres, craindraient tous pour leur vie. Comble de lâcheté, le «droitde-l’hommiste», Alioune Tine, pour se sortir d’un débat sur Twitter avec moi, déclarait se fonder sur cela et sur une sortie du ministre Cheikh Oumar Anne qui l’accusait d’être politiquement partisan, pour dire craindre désormais pour sa vie. Avec un sourire dépité, on s’est rappelé la bruyante fuite de Alioune Tine en 2012 pour se sauver des escadrons de la mort du «dictateur» Abdoulaye Wade. Il était allé se réfugier chez le «Grand démocrate» Blaise Compaoré ! L’épisode a vite été oublié. On en finit par banaliser toutes les impostures. Comme celle de ces nombreux universitaires qui tordaient le cou à tous les principes de Droit pour défendre, comme des experts neutres, des causes partisanes et qui finissent par être cooptés dans le nouveau directoire politique du parti Pastef de Ousmane Sonko. Nous ne nous y trompions pas quand nous soulignions dans ces colonnes : «Le manifeste des 102 impostures» (1er mars 2021) pour répondre à un groupe d’universitaires qui avaient publié un pamphlet pour fustiger l’état de la démocratie au Sénégal.

Les autres armes non conventionnelles de Mimi

Si elle en jugeait par les nombreux «likes» et autres «j’aime» qui fleurissent sur les réseaux sociaux, Mimi Touré peut croire qu’elle a le vent en poupe. Elle se tromperait. Ceux qui l’encouragent ainsi, sont ceux qui considèrent que tout ce qui déplairait à Macky Sall leur plait. Cela ne saurait être un objectif politique. Nous lui disions la même chose, le 7 juillet 2014, dans un papier intitulé : «Devoir de vérité entre amis», quand elle empruntait la même voie, après avoir été démise du poste de Premier ministre. Mimi fait des sorties à l’emporte-pièce juste pour remuer le couteau dans la plaie. Elle voudrait porter un combat contre un népotisme relatif à des liens de parenté avec le président de la République. Les juristes diront la pertinence ou l’adéquation ou la conformité d’une telle démarche avec les principes fondamentaux de la République. Il reste qu’on peut se demander si Mimi Touré a encore toute sa tête. Quand elle battait campagne en 2019 pour la réélection de Macky Sall, ne savait-elle pas que le président de la République avait déjà nommé son propre frère, Aliou Sall, à un emploi public ?

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Mieux, elle disait sur la nomination de Aliou Sall à la Caisse des dépôts et consignations, le 29 juillet 2017, au micro de la Rfm et avec fermeté : «C’est le président de la République qui nomme aux fonctions civiles et militaires, point barre !» Ne savait-elle pas également que Mansour Faye, frère de la Première dame, était aux affaires depuis 2012 ? Pourtant, Aminata Touré a battu campagne à Saint-Louis, en 2019, et aux élections législatives de juillet 2022 aux côtés du même Mansour Faye.

A cette dernière occasion, elle se félicitait des réalisations dans la ville de Saint-Louis ainsi que de la bonne gouvernance et raillait l’opposition, leur disant : «Avec le pétrole et le gaz, nous ne donnerons pas nos richesses à des amateurs.» On peut sous-entendre alors que Mansour Faye n’apparaissait pas comme un «amateur» aux yeux de Mimi Touré. Quid de Amadou Mame Diop que le Président Macky Sall lui a préféré au Perchoir ? Mimi Touré avait battu campagne à ses côtés à Richard-Toll et cela ne semblait pas la déranger le moins du monde. Il nous revient à l’esprit l’apostrophe de Michel Poniatowski à l’endroit de l’ancienne ministre Françoise Giroud : «Quand on a goûté aussi longtemps à la soupe, il est bizarre de lui trouver à la fin un goût amer.»

De même, Mimi Touré s’épanche sur l’intention qu’elle prête au Président Macky Sall de se préparer à se déclarer candidat pour la Présidentielle de 2024, et que cela justifierait qu’il n’ait pas voulu d’elle à la tête de l’Assemblée nationale. L’argument apparaît bien spécieux car on ne sait pas comment un président de l’Assemblée nationale pourrait empêcher un tel projet politique. Aussi, devant des personnes qui pouvaient travailler l’oreille de Macky Sall en faveur de ses propres intérêts, Mimi Touré n’a jamais manifesté une opposition à l’idée avancée d’une nouvelle candidature de Macky Sall. Peut-être que l’idée était prématurée ou que Mimi cachait bien son jeu comme «Maisy Mouse», le célèbre personnage de Lucy Cousins.

Je continue à croire que Mimi Touré vaut mieux que cette posture qu’elle s’obstine à se donner

Mimi Touré est en train de travailler contre elle-même et est partie pour déposer un bouquet de chrysanthèmes sur sa carrière politique. Elle a choisi de garder son mandat de députée et de quitter le groupe parlementaire Benno bokk yaakaar. Libre à elle de le faire mais devrait-elle, comme elle l’annonce du reste, utiliser systématiquement son mandat contre le camp politique qui lui a permis de l’obtenir ? Elle ne tirerait aucune gloire d’une déchéance forcée de son mandat, d’autant qu’elle n’est pas sans savoir que de nombreux députés de l’opposition se feraient un plaisir d’assouvir une certaine petite vengeance ou de lui régler de vieux comptes. Il est étonnant et insolite que pas un député de la majorité qu’elle prétendait incarner à l’Assemblée nationale ne l’ait suivie dans sa fronde. Placé dans les mêmes circonstances en 2008, Macky Sall avait rendu au Président Wade, tous les mandats électifs obtenus sous la bannière du Parti démocratique sénégalais (Pds) et avait réussi à entraîner dans son départ, d’autres députés de la majorité. Au registre des principes éthiques, Mimi ne devrait pas faire moins que celui qu’elle pourfend !

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En outre, on peut bien se demander si les prétentions de Mimi Touré seraient plus légitimes devant le profil bas d’un Aly Ngouille Ndiaye, d’un Oumar Youm ou d’un Abdoulaye Daouda Diallo ou d’autres responsables politiques qui peuvent se targuer de gagner régulièrement dans leurs fiefs ? Mais le plus désolant pour toute personne qui voudrait continuer de garder Mimi Touré en estime, est de la voir se jeter ainsi dans la gueule du loup. On devine bien que nombre de ses collègues députés lui rendront la vie dure dans les travées de l’Assemblée nationale. Elle va en essuyer des vertes et des pas mûres, on va la vexer, la provoquer, lui manquer de respect, au risque pour elle de se donner en spectacle et écorner gravement son image. On peut même considérer qu’en ne la choisissant pas pour la présidence de l’Assemblée nationale, Macky Sall a pu éviter à Mimi Touré une déconvenue certaine, pour ne pas dire l’humiliation de voir des députés de son propre camp voter pour un autre candidat. Le camouflet et les conséquences politiques ne sauraient être acceptables pour le camp du Président Sall. Fallait-il que le Président Sall prît un tel risque avec une majorité devenue si volatile ? Assurément non !

Au demeurant, franchement, dans sa posture actuelle et vu les circonstances et surtout sa stature et son parcours, Mimi Touré mériterait mieux que d’avoir à croiser le fer, à chaque séance parlementaire, avec des Mame Diarra Fam, Coura Macky, Guy Marius Sagna, entre autres. Non, elle n’est plus à sa place dans cette Assemblée nationale et devrait rendre son mandat. Si j’avais un conseil d’ami à lui donner, ce serait bien celui-là !







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