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Lettre À Mon Cher Jeune Frere, Latif

A travers la vidéo que tu as largement diffusée hier en réponse à une « information » te concernant publiée dans mon journal le même jour et faisant état de ton évacuation en France suite à une grave maladie, je suis heureux de constater que tu es en pleine forme, Dieu merci ! Rien que la pêche d’enfer que tu affiches, Machallah, suffit comme cinglant démenti aux « informations » livrées par « Le Témoin ».

Vois-tu, mon cher Latif, j’ai été plus meurtri encore que toi lorsque, à mon réveil vers 13 heures, j’ai rappelé un ami qui m’avait laissé plusieurs appels en absence. J’ai commencé par lui dire que j’étais désolé d’avoir tardé car, la veille, j’avais quitté le lieu qu’il savait à 1 heure du matin et j’étais tellement crevé que je n’ai même pas pu aller boucler mon journal. C’est là qu’il m’a interrompu en me disant : « ça se voit puisque je suis sûr que si tu avais été là tes collaborateurs n’auraient pas fait leur bourde sur Latif ».

Voyant que je ne comprenais pas ce qu’il disait car je n’avais pas encore lu le journal et n’avais donc aucune idée de ce qui s’y trouvait, il s’est mis à m’expliquer. Naturellement, j’étais dans tous mes états car jamais je n’aurais publié une telle information te concernant, fût-elle vraie.

Certes, Le Témoin a eu à écrire des articles sur toi, Abdou Latif Coulibaly, mais dans le cadre de l’exercice de tes fonctions ministérielles et concernant des actes que tu posais en tant que ministre. Au nom du droit du public à l’information et de ce que nous considérions comme relevant de l’intérêt général.

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S’agissant de tes problèmes de santé, la décence la plus élémentaire voudrait évidemment que nous n’en fassions pas cas ou état. Oh certes, la santé de nos dirigeants peut nous intéresser en ce qu’elle peut influer sur leur capacité ou incapacité à accomplir la mission qui leur est confiée mais généralement cela n’est valable que lorsqu’il s’agit par exemple des présidents de la République. C’est ainsi que le cancer dont souffrait le président François Mitterrand, sans avoir été mis en exergue par la presse française, par pudeur sans doute, n’en a pas moins été un sujet de préoccupation pour les Français qui se demandaient avec inquiétude s’il pourrait terminer son premier puis son second mandats. Il en a été de même de la maladie qui rongeait le président Georges Pompidou.

Dans notre pays, lorsqu’il m’est revenu que le président Abdou Diouf souffrait de douleurs atroces au dos, j’avais publié un article pour en informer l’opinion. Ce qui m’avait valu presque des menaces de la part de son équipe de com qui m’avait fait comprendre que, cette foi-là, j’avais poussé le bouchon trop loin. Toutefois, moins de 24 heures après, la Présidence publiait un communiqué pour confirmer la « maladie » du président de la République et informer qu’il allait se rendre en France pour se soigner. A l’époque, d’ailleurs, le président Abdou Diouf avait mis à sa disposition une de ses résidences officielles pour sa convalescence.

Mais ça, c’est valable pour les chefs d’Etat et pas, en principe, pour des fonctionnaires comme toi Latif qui avez droit au secret médical. Encore que je loue ton exercice de transparence qui te grandit lorsque tu dis que tu souffres de crises de sciatique à répétition et qu’il est d’ailleurs question que tu subisses une opération chirurgicale.

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Confidence pour confidence, mon cher Latif, moi-même je souffre d’une maladie sans doute plus maligne que la crise de sciatique qui t’affecte. Une maladie qui ne me permet pas certains jours, comme ce lundi soir, de venir travailler. Par conséquent, comment pourrais-je, étant sans doute plus malade que toi, publier une « information » relative à ton évacuation sanitaire en France ? Ce serait l’hôpital qui se moque de la charité ! Surtout que j’ai appris depuis La Fontaine que celui qui n’a pas atteint l’autre rive ne doit pas se moquer de celui qui se noie.

La vérité c’est que c’est à mon insu que cette information qui n’en est pas une a été publiée par mes collaborateurs. Je te prie donc de m’en excuser.

Confraternellement,

Ton « grand-frère »







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