Il y avait foule derrière la fenêtre du salon de Tata où se jouait un autre match à l’ombre de la Coupe du monde.
Face à la télé qui transmettait la déclaration de politique générale du tout nouveau Premier ministre à l’Assemblée nationale, Tons et Tata bataillaient à coup d’arguments. Tata qui était d’un autre bord politique que Tons avait la ferme conviction que le panégyrique servi aux députés n’était que boniment.
Tons alléguait que jamais Premier ministre de la République n’avait autant d’allure et que sa maitrise du français venait en second après celle de Senghor qui avait appris aux Français à parler français. Tata partit d’un fou rire car Tons avait été exclu de l’école primaire en classe de Te Pe Ne Me Re Ve Le De Be et Toto tape Nama, autant dire qu’il n’avait jamais dépassé le livre syllabaire pour l’apprentissage à la lecture.
Tons botta en touche, pour dire que la bourse familiale octroyée par son vénéré Président avait mis du gombo dans le suluxu mbalax (1) de Tata et qu’elle ne pouvait le nier. Et Tata d’écarquiller des yeux et de dire sans ambages que voilà qui illustre la misogynie de son ¨Président car cette bourse familiale devait tomber dans l’escarcelle des mères et non des pères. Tata conclut son propos par un à bas le patriarcat.
Les femmes agglutinées à la fenêtre de Tata de scander : « A bas la misogynie, les femmes au perchoir ». Une voix de s’élever : « Si on avait confié l’équipe nationale à une femme, le Sénégal serait à la place du Maroc. Une femme présidente, le pays serait Natangué à la place de Sunugal ». Et les youyous et autre sons de casserole de fuser. Tata en tête du groupe de femmes de dévaler la rue.
1- Sauce gombo