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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Jeu De Dupes

Travailler davantage s’impose de plus en plus à nous. Et plus d’action, entraîne moins de parole. Inversement : trop de paroles tue le verbe, l’avilit et, pour finir, l’anéantit. Est-ce possible voire raisonnable de réduire sa vie active à des ruses avec l’effort, à des spéculations oiseuses.

Les jeunes rentrent tard sur le marché du travail. Les adultes quittent tard les emplois qu’ils occupent, surtout dans la fonction publique ou le secteur parapublic. Conséquence immédiate de cet état de fait : les actifs diminuent mais les charges augmentent. La durée effective de travail s’avère difficile à apprécier, à mesurer et à quantifier en raison justement de cette réalité fluctuante.

Autant dire que les inspections du travail ont du boulot pour la cerner. A cela s’ajoute une toute autre équation jusque-là insoluble : les emplois requérant compétence et qualification trouvent rarement des profils adéquats. Or l’entreprise rechigne à embaucher un jeune moins qualifié soulignant à juste raison que telle n’est pas sa vocation.

Non seulement elle invoque la perte de temps qu’une pareille solution induirait mais elle redoute (surtout) un net recul de productivité. Sans gain, sans profit, pas de risque d’investir. Les chefs d’entreprise fredonnent cet air déjà connu. En d’autres termes, l’entreprise recherche des talents qui, lorsqu’ils sont rares, deviennent des avantages comparatifs dans les segments de haute compétitivité.

Dans ce cas de figure, l’acquis s’obtient en amont dans une longue perspective que dessine un Etat qui, lui-même, anticipe sur les enjeux de demain en organisant, et plus encore, en régulant le marché de l’emploi. Il devrait constituer un exceptionnel vivier dans lequel puisent les entreprises en cas de besoin ou de nécessité.

Il ne s’agit plus d’évoluer en vase clos. Car le marché s’apprécie à une échelle régionale. L’Afrique de l’Ouest constitue l’espace vectoriel. Ivoiriens et Ghanéens sont, à côté des Nigérians, de redoutables concurrents qui ont compris que le « ciel est la seule limite ! » Et encore ! En ouvrant les yeux, il est facile d’observer la lente mais inexorable évolution des mœurs sociales dans ce domaine précis.

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Les populations s’interpénètrent. Une certaine mixité s’installe. Et avec l’habitude, les Sénégalais s’en accommodent assez subtilement, trouvant même dans cette osmose une inépuisable source d’enrichissement. Cette proximité dissipe les peurs. Mieux, elle favorise la compréhension à travers les fréquents échanges sociaux, culturels, commerciaux et économiques.

Pour autant, les traits dominants ne s’effacent pas. Il y aura une lutte âpre de conquête de positions. Les faiblesses des uns seront exploitées par les forces dont disposent d’autres.

A cet égard, le phénomène des « influenceurs » prend des proportions inquiétantes dans une société qui s’enorgueillissait d’être pudibonde. La retenue avait du sens et constituait une valeur résiduelle. Il s’amplifie et s’oriente dans une direction peu valorisante.

Les offenses blessantes, les attaques gratuites, les humiliations, les dénigrements, les accusations et les polémiques inutiles et oisives se multiplient. Le plus curieux c’est que ces agissements répréhensibles ont leurs adeptes qui se passionnent sur la toile et s’invectivent à tue-tête via des vociférateurs d’un genre nouveau qui suscitent admiration et perplexité à a fois.

En quelques années les « artisans » sont devenus des « industriels ». Au sommet de cette renversante pyramide trônent les insulteurs qui n’épargnent personne et s’en prennent outrageusement à ceux qu’ils indexent comme des porteurs de poisse. Ils disposent d’audience qualifiée, non pas de cohorte de suiveurs simplement mais de communautés organisées pour partager les contenus. Dérives.

Ils constituent de ce fait des carrefours d’audience qui font fantasmer les politiques de tous bords. Ces derniers les courtisent. Ils établissent entre eux des connivences incestueuses allant jusqu’à tisser des liens étroits qui propulsent ces « influenceurs » au devant de la scène comme de véritables acteurs de transformation.

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En clair le silence et la réserve sont déclassés. Les cadres et les intellectuels sont dévalorisés et deviennent des hurons face à des lurons qui ne doivent leur audace incongrue qu’à leur nocivité de « bobards ». Sans épaisseur intellectuelle, ils surfent sur l’extravagance et débitent sans arrêt des « nouvelles » construites, imaginées.

De leurs « laboratoires » sortent des chimères savamment libellées pour paraître vraisemblables. Triste époque. En outre, ils orchestrent les humeurs en donnant du poids aux rumeurs fantaisistes dépourvues d’éléments vérifiables. Ils n’en ont cure d’ailleurs. Ils se prennent pour des « passionnés de l’actualité » façonnés par l’impertinence, l’impatience, l’empressement et la frénésie.

En revanche, ils affichent des airs jouissifs en découvrant les vues que drainent leurs énormités et leur « crimes ». Par des « on-dit » et des supputations, ils se forgent une réputation « irréelle » et « dématérialisée » mais que prolonge le trafic des internautes qui se plaisent à leur tour d’être confortés dans leur convictions.

Dans cet enchevêtrement de lâcheté, de couardise, de fausseté et d’espoirs trahis, les influenceurs (qui ne le sont pas) ne sont que les lointains héritiers des « déambulateurs », des flâneurs et des esprits frondeurs d’une époque révolue. Cet encombrant leg, « relooké » aux heures du « tout soupçon », dégage un parfum de haine, de malveillance ou de jalousie qui révèle une étonnante vulnérabilité de ces courageux acteurs « invisibles ».

L’un d’eux en a fait récemment les frais. Basé au Canada et débitant des faussetés à la vitesse d’une kalachnikov, il vient de « périr » par les armes dont il se servait pour exécuter ces cibles. Mollah Morgan, puisque c’est de lui qu’il s’agit, prétendait détenir des « exclusivités » et des secrets sur des personnalités pour s’ériger en acteur « éminent », « distingué », « supérieur » et « hors du commun ». Ses propres lives rendaient jalouses les chaînes de télévisions médusées par les faramineux scores qu’il faisait sur sa chaîne YouTube.

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Mais nu et décrié par ses dernières sorties qui frisaient une outrancière manipulation, il a été copieusement chahuté sur les réseaux sociaux. S’apercevant que l’opinion ne l’a pas suivi dans ses effets de manche, il recule pour « présenter ses excuses ». Trop tard.

A son tour il découvre les « délices » de la fachosphère et ses jacasseries. Incrédule Mollah ! Et il prétendait servir de boussole, lui l’égaré… S’ils prétendent être des « influenceurs », ils se trompent. Il leur manque la profondeur pour comprendre les mutations par ce que l’activité ne se résume pas qu’aux abus et aux excès.

Ailleurs, ils se prennent pour des « relais de croissance » courtisés par des marques qui voient en eux des entrepreneurs à « fort potentiel de productions de contenus » ces influenceurs-là portent des messages de grande portée, crédibles. Avec leur apport, ils structurent désormais une économie encore balbutiante, mais prometteuse. Le progrès par l’influence, voilà l’enjeu. Quarantaine !







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