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Le Dribble D’abidjan

Abidjan est dans l’offensive politico-diplomatique tous azimuts à Bamako, les appels de pied de personnalités du monde des affaires deux pays pour la reprise des relations avec le Mali se sont intensifiés même durant les négociations pour la libération des 49 soldats ivoiriens détenus au Mali. La libération des soldats ivoiriens fut effective après la visite du ministre ivoirien de la Défense, frère du chef de l’Etat himeself, dépêché à Bamako à la tête d’une forte délégation d’officiels de haut rang. Le “ lointain ” Togo aurait facilité le dénouement de la crise entre les deux pays frères et voisins, le Sénégal, frère jumeau du Mali est sur la touche.

Abidjan va même jusqu’à fuiter une conversation téléphonique le président ivoirien et l’homme fort de Bamako.

Selon les médias, cette conversation téléphonique formalise une invitation officielle du chef de Bamako à Abidjan. Abidjan semble mieux défendre ses intérêts économiques alors que Dakar reste sur la défensive s’alignant sur la CEDEAO alors que le Mali reste un poumon de l’économie sénégalaise. C’est d’ailleurs le seul pays ou les biens et produits sénégalais à l’export restent compétitifs.

Le commerce extérieur du SÉNÉGAL – imports et exports- représente 55% de son PIB soit un peu moins de 15 milliards de dollars US, équivalent à 10 000 milliards de Fcfa, sur lesquels les 20% d’exportation des biens et services vers le Mali via le corridor terrestre se chiffrent à 1 100 milliards, une manne indispensable pour les industriels et exportateurs sénégalais. Dakar est le premier fournisseur de Bamako en tout, les produits pétroliers issus des futures exploitations de Sangomar et l’électricité avec la mise en place du WAGPO devront permettre d’atteindre la barre des 2 500 milliards dans les toutes prochaines années. Les cimentiers sénégalais, les locataires d’engins lourds pour les mines d’or au Mali, l’agro-alimentaire et le secteur des services ont fini de s’arroger des parts de marché substantielles au Mali.

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Dans un pays au déficit commercial structurel et chronique comme le Sénégal, l’accès au marché malien est précieux. Aussi le port de Dakar ne peut pas se passer du transit et fret des quelques 2 500 000 tonnes à destination du Mali, notre port est en partie profitable à cause des tonnages destinés à Bamako.

Conscient de cet état de fait, Abidjan actionne ses milieux d’affaire, sa diplomatie et son président de la république au premier rang pour faire les yeux doux à Bamako, les ports ivoiriens assurent le transit à l’export du coton malien, le premier producteur en Afrique de cette matière première, cependant en surcapacité logistique Abidjan veut grignoter nos parts pour l’avantage technologique absolu des ports d’Abidjan et de San Pedro. L’avantage du corridor ivoirien c’est un rail fonctionnel et fiable et une autoroute aux normes et standards et malgré tout ça les chargeurs maliens restent toujours et historiquement attachés au port de Dakar. Aujourd’hui le port de Nouakchott et le port de Tema font les yeux doux aux Maliens. Depuis la guerre civile en Côte d’ivoire à partir de 2001 qui a fait drastiquement chuter les relations commerciales entre le Mali et le Cote d’Ivoire, Abidjan rêve de reprendre ses parts de marché dans le juteux transit malien au grand dam du Sénégal qui n’a pas de diplomatie économique bien ciblée et efficace.

Il est plus qu’urgent pour Dakar de dérouler le tapis rouge à l’homme fort de Bamako pour sécuriser nos parts de marché que nos frères ivoiriens veulent s’arroger. Notre diplomatie de prestige autour de la paix, stabilité et de la démocratie est désuète, le modèle démocratique sénégalais ne fait plus rêver aucun africain, ainsi nos diplomates doivent s’efforcer au moins de préserver nos menus parts de marché dans l’espace sous régional pour notre survie économique.

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