Ce n’est pas tant le grade qui importe dans ce qui suit, mais ce qui relève de la violence légale d’Etat, ou si on veut, de ce que Max Weber définit, comme l’institution détenant le monopole de l’usage légitime de la force physique. Celle notamment exercée hier, jeudi 16 février sur El phénoméno Sonko, à sa sortie tumultueuse du tribunal.
Si nous sommes d’accord, qu’un Etat est une communauté humaine revendiquant le monopole de la violence légitime, sur un territoire donné, ce qui n’a rien à voir avec ce qui se passe en Ukraine, convenons, que la constante de notre projet commun du vivre-ensemble, dans le respect des lois, reste le mot légitime, que nous ne pouvons-nous attribuer à nous-mêmes, pour exercer en nos noms la violence.
Aussi rageant que cela puisse paraître, particulièrement pour les anarchistes, il ne nous est pas permis, je veux dire aux personnes ou groupes, d’user de la violence, pour la seule et simple raison qu’elle ne peut en aucun cas être légitime. Comme le dit Weber, seul l’Etat est habilité à utiliser la violence, sans qu’on ne puisse lui en dénier la légitimité.
Ce sont les prérogatives légales que nous lui avons concédées, quand bien même nous aurions du mal à nous faire à l’idée, que les individus qu’il délègue, soit les forces de sécurité, en usent et abusent parfois. Du moment que nous avons accepté de confier à l’Etat cette force supérieure, en échange de notre sécurité, comment nous y conformer pour ne pas tomber dans la configuration d’un non Etat ?
Pour autant, les avancées significatives d’Etat démocratique, acquises de haute lutte, interpellent l’appareil étatique dans la gestion de sa force et de son monopole de violence légitime afin que celle-ci ne dégénère pas en violation des droits des Sénégalais.
Ces avancées nous interpellent aussi, dans nos devoirs et le rapport que nous avons avec l’Etat, soit un territoire, une population, un gouvernement. En l’occurrence, le rapport avec notre sécurité et notre sûreté. De ce point de vue, ces avancées démocratiques, soutenues par des combats de longue haleine, par une opinion publique aussi grandissante que critique et par nos médias, ont tracé des limites à ne pas franchir, aussi bien du côté des citoyens que de l’Etat.
Le but d’El Phénoméno Sonko n’étant pas de détruire l’Etat, et encore moins pour l’Etat d’être violent, que je sache, il ne peut avoir dans nos expressions citoyennes, que des contradictions certes fortes, mais absolument civiles et démocratiques. Afin que les modalités et les principes ne souffrent pas, d’une part, de disproportionnalité dans le recours de la force et, d’autre part, d’extrémisme inutile.
Cette image dans le monde entier d’un élément de la BIP cassant la vitre de la voiture de Sonko est une balafre sur notre démocratie. Comment en est-on arrivé là ? Sachons raison garder !