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Foot Ou Jeu D’echecs, Le Mburu Ak Soow Joue Les Prolongations

« Le football n’est pas une affaire de vie ou de mort. C’est plus important que cela », aimait à dire Bill Shankly, alors manager de Liverpool. Or, depuis deux ans, le football sénégalais est sur le toit de l’Afrique, champion toutes catégories pourrait-on dire, comme à la boxe : en plus des CAN, CHAN ET BEACH SOCCER, nous nous sommes payé le luxe de remporter la Coupe d’Afrique en handifoot, et le foot féminin cherche sa voie vers une phase finale de Coupe du monde. Le peuple rendu euphorique par ce narcotique identifié par Karl Marx est sur un nuage. Mais le sport, est aussi devenu l’opium des politiques – la Coupe du monde au Qatar en est la dernière manifestation planétaire. Le régime, chez nous, par une implication personnelle de Whatchatcha himself dans l’affaire, a tenté de potentialiser politiquement les victoires des différentes équipes des «Lions», en distribuant des récompenses à millions aux joueurs et encadreurs (oubliant au passage, soit dit en passant, les handicapés).

Or, voici que moins de dix jours après la réception des Lions locaux, revenus glorieux d’Alger, la politique éclipsait tout ça, par un meeting à Keur Massar de Sweetman Sonko, la star des opposants, auquel est venu répondre, et s’y ajouter pour mieux éclipser le foot, le meeting de Pikine de Benno, sous la férule d’un Njamala Ba, qui semble chercher ses marques dans la jungle politique, les tournées et Conseils décentralisés électoraux, la sortie, tout sauf anodine, d’Idrissa Seck à Thiès, invitant Macky Sall à songer à une retraite paisible pour une place «honorable» dans l’histoire. Les joies offertes par le foot national aux populations, oubliées, la récupération même de ses victoires par le pouvoir reléguée derrière l’occupation du terrain politique, la communication et cette campagne électorale prématurée, sur fonds de procès à résonnances politiques, principalement, même si à l’origine, elles étaient de mœurs ou autres !

C’est que, contrairement au football, et sans être plus importante, la politique, elle, est une vraie affaire de vie ou de mort. De mort tout simplement ou de mort politique, celle-ci plus tragique, parce qu’elle vous enterre vivant, en attendant la faucheuse ultime. Or, aujourd’hui, tout le monde ou presque, du personnel politique considérable, chez nous, joue sa dernière carte afin de rester politiquement vivant. Au moins … !

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Macky Sall, Ousmane Sonko, Idrissa Seck, Khalifa Sall, Karim Wade jouent, chacun pour une raison différente, sa dernière carte. De cette liste, Idrissa Seck apparaissait jusqu’à sa fameuse sortie lors du conseil présidentiel électoral de Thiès, comme le moins exposé de tous. Or, en politique, les risques que font courir la claustration sont plus sournoisement dangereuses que celles de l’exposition (et même de la surexposition à l’exemple de celle de Sonko, qui, pour le moment, est tout à son avantage, politiquement).

Ce dernier, Sweetman donc, et Whatchacha sont en pôle-position, surexposés et donc, certes avantagés pour la visibilité, mais faisant face à des risques politiques évidents connus de tous pour y revenir ici, dans lesquels ils se sont fourrés tous les deux tout seuls. Le risque, certes moindre, existe qu’ils soient tous les deux disqualifiés. Khaaf et Ka’Qatar, eux, sont trop distancés pour inquiéter qui que ce soit.

Alors, Idy, Ndaamal Kajoor qui n’est pas né de la dernière pluie, sans que ce soit forcément pour une question d’âge, doit s’être dit qu’il était temps de sortir de la claustration, prendre date, rappeler son existence à ceux qui l’avait oubliée ou faisaient juste semblant. Et que cela dût passer par une prise de position sur la question du troisième mandat, peut bien se comprendre. La lumière, toute la lumière politique est braquée là, plus même que sur l’issue des procès dans lesquels se débat Sweetman.

Bien évidemment Idrissa Seck ne pouvait pas, à Thiès, lors de son intervention dans ce Conseil présidentiel, brandir le poing et crier « À bas le troisième mandat !». Il ne pouvait non plus, faire comme si cette question ne taraudait pas les esprits à travers tout le pays et au-delà, y compris le sien, et celui du président Macky Sall, lui-même. Et il l’a abordée à sa manière, qui, en l’occurrence, sied à sa situation personnelle, à celle de Macky Sall, et à l’état même de leur alliance, assurément à la croisée des chemins à un an de l’élection présidentielle de 2024. Et qu’il fallait, aux yeux d’Idrissa Seck, sortir du ronron dans lequel ce pacte semblait vouloir s’installer depuis la nomination du gouvernement d’Amadou Ba.

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Cette alliance, dite du Mburook soow, quand elle se nouait en novembre 2020, ne l’avait pas été pour juste mettre le fromage maigre du CESE dans la bouche de Ndamal Kadior. Un plus onctueux fromage était en jeu, que je n’ai pas envie d’assimiler à celui de la fable du corbeau et du renard ; vu que cette dernière intervention à Thiès, avec flatterie certes, mais pour faire bonne figure et surtout anesthésier les oreilles présidentielles avant d’y mettre le scalpel de l’injonction à ne pas écouter le chant des sirènes du troisième mandat, n’était pas pour faire pousser la chansonnette à un Watchatcha-corbeau qui lâcherait illico le morceau de la candidature de Benno dans la bouche d’un Idy-renard. Injonction ? On y vient !

C’était de prendre date qui était l’objectif de Ndamal Kadior. De sources diverses et concordantes, cette question du troisième mandat n’a jamais été discutée entre le président et ses alliés de Benno. Ça peut paraître incroyable, mais la Conférence des leaders de Benno Bokk Yakaar, alliance vieille de onze années aujourd’hui, n’aurait jamais été réunie autour de son chef, Macky Sall, pour mettre cette question explosive à l’ordre du jour. On peut croire qu’à l’APR aussi, le parti du président, ce doit être pareil. Ce pays est singulier, cette affaire de «niwinino» est en train de diviser le Sénégal en deux camps retranchés, d’exploser le pari socialiste, d’imploser la LD, et le PIT généralement extrêmement soudé se fissure, l’AFP, jusqu’ici tenue d’une main de fer par le patriarche Niasse, vacille (tous ces grands et vieux partis sont membres fondateurs de Benno) et on ne discute pas, à un an de l’échéance 2024 de cette candidature controversée, mais de plus en plus probable ? L’avenir politique (et pas que, peutêtre) de tout ce beau monde, tient à cette question, et on pratique la politique de l’autruche. On se bouche les oreilles, et on se tait.

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Injonction ai-je dit ! Seuls ceux qui ne comprennent pas le langage de la politique, qualifient cette intervention d’Idrissa Seck d’ambiguë. Quoiqu’emballée dans un langage fleuri, à la lisière de l’allégorie et de la parabole, l’interpellation est d’une clarté on ne peut faire plus, si on veut aller au-delà les mots. Ce qu’elle dit, c’est : Moi, Idrissa Seck, je pense Monsieur le président, que «les choix futurs que vous aurez à faire» doivent être de nature à vous assurer, «après une longue vie auprès des vôtres », une mention honorable sur les langues de de la postérité». Dans le contexte que l’on connaît, si ceci ne signifie pas : si vous voulez cette mention, ne franchissez pas le Rubicon du troisième mandat, il faudrait que je retourne à l’école

D’ailleurs ceux que La Tribune nomme «Les faucons de l’APR» ne s’y seraient pas trompés, qui, selon le journal (lundi 13 /2) «réclament la tête d’Idrissa Seck». En clair, son limogeage de la présidence du CESE. Justement, la doctrine, depuis quelques années maintenant, est de sanctionner ceux qui disent la même chose. Mais ni Macky Sall, quels que soient ses plans pour l’avenir, ni Idrissa Seck n’ont les moyens de se risquer à une rupture brutale, une séparation conflictuelle. Aujourd’hui !

Il reste trop peu de temps d’ici 2024, et Macky est sur trop de fronts déjà. Or celui sur lequel l’invite Ndaamal Kajoor, contrairement au « Mortal Kombat de rue », est une partie, encore amical, d’échec ou, pour rester dans notre culture, de Yoote (prononcer yoté), forcément autour d’un bol de burook soow. Leur rupture, brutale, conflictuelle, n’est, de mon point de vue, pas pour aujourd’hui.

Demain ? Ak polotik ni mu tërëdée … Je m’abstiens d’engager Le Politicien







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