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Quand La Caricature Dictatoriale De La RÉpublique Jette Le Masque

En l’espace de quelque sept jours, du vendredi 10 au jeudi 16 février 2023, les sbires du régime APR/BBY ont fourni aux peuples du Sénégal, d’Afrique et du monde, une leçon de chose politique sur leur vraie nature plus éloquente et plus édifiante que dix mille professions de foi « au nom de la défense de la République et de l’État de droit » ! Qui sont les vrais et seuls responsables des violences survenues à Touba, Mbacké ou ailleurs dans le pays ? Après les multiples appels publics au meurtre et autres agressions perpétrées en toute impunité par de hauts responsables de l’APR  sur les plateaux de télé et même dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, après le meeting de Mbacké du 10 février interdit arbitrairement par le préfet sur la base de dispositions de la loi 74-13 du 24 juin 1974 explicitement abrogées depuis 45 ans par la loi 78-02 du 29 janvier 1978 relative aux réunions, la énième et certainement pas la dernière forfaiture du Macky vient d’être commise en direct à la face du Sénégal, de l’Afrique et du monde, ce jeudi 16 février 2023.

Ousmane Sonko en effet a été sciemment brutalisé : pare-brise cassé par ci, vitre de véhicule brutalement brisée par-là, au risque de le blesser voire carrément d’attenter à sa vie, kidnappé et mis de force dans un fourgon blindé des forces spéciales de la gendarmerie, placé quasiment   en résidence surveillée plusieurs jours durant en toute illégalité, routes barrées et itinéraires imposés, déploiement d’une armada de policiers, gendarmes, militaires et nervis tous armés jusqu’aux dents, comme qui dirait un état de siège ou de guerre déclarée, et j’en passe !

Fort heureusement, le monde entier a pu à l’occasion apprécier, malgré tout le calvaire subi, le haut degré à la fois de courage, de sérénité, de sang-froid et de responsabilité du leader de Pastef, un digne capitaine d‘équipe qui donne l’exemple et mouille le maillot. Depuis plus particulièrement l’avènement du président Macky Sall, beaucoup de pontes dans la hiérarchie du commandement territorial (gouverneurs, préfets ou sous-préfets), de la justice et de l’administration centrale, se croient obligés, de bon gré ou à contre-cœur, de se comporter en vrais politiciens ou exécutants des basses œuvres de l’Etat-parti APR-BBY.- nous pouvons renvoyons ici à la lettre ouverte que le BP de Pastef vient d’adresser à la société civile sénégalaise pour dénoncer les violences et violations des droits imposées avec un acharnement sans pareil au parti Pastef et à son président.

Pourtant à Mbacké comme partout ailleurs du reste, Ousmane Sonko et Les Patriotes n’ont demandé rien d’autre que le respect de la loi et des libertés républicaines garanties par la Constitution de la République. Quel est donc cet État de droit qui, au pas d’une dictature en marche, multiplie les interdictions de marches et manifestations de l’opposition ou de la société civile, pendant que le Macky et ses laudateurs continuent leur tintamarre à travers le pays, à grand renfort de folklore, payés sur la sueur de nous autres gόorgόorlu et contribuables appauvris ? Quel est cet État de droit qui multiplie à la pelle les emprisonnements arbitraires de militant-e-s Pastef, sans oublier les arrestations tous azimuts de lanceurs d’alerte, de journalistes et artistes debout, tels que  Pape Alé Niang ou Nit Dof ? Qui ordonne la coupure méchante du signal de Walf TV, l’agression du photographe de Sud Quotidien et la confiscation de son matériel de travail ? Autant d’agissements antidémocratiques n’épargnant même pas d’innocents élèves sur le chemin de l’école ou d’honnêtes citoyens vaquant à leurs occupations professionnelles, des agissements exécutés par une machine répressive digne des temps de la dictature haïtienne des Duvalier ? 

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Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui se cache derrière « les forces nationales de défense et de sécurité » pour s’attaquer impunément à de prétendues forces spéciales de déstabilisation du Sénégal, de liquidation de la paix civile et de l’unité nationale, poussant le matraquage jusqu’ à   pousser des cris d’orfraie en jouant hypocritement sur la corde sensible de la religion ou des confréries religieuses multiséculaires de notre pays le Sénégal ? Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui se plait à mobiliser sa meute de porte-parole, relayée par une certaine presse aux ordres, pour intenter un procès  en sorcellerie contre l’opposition patriotique qualifiée de « populiste, manipulatrice et émeutière, pyromane, terroriste, djihadiste, anarcho-subversive,  fasciste – excusez du peu !? Chercheraient-ils ainsi à conforter leur chef dans son engagement à ‘’réduire l’opposition sénégalaise à sa plus simple expression’’, en parfaite violation de notre Constitution qui « reconnaît cette opposition comme un pilier fondamental de la démocratie et un rouage indispensable au bon fonctionnement du mécanisme démocratique » ? Quelle est cette République, quel est cet État de droit dont les haut-parleurs, en dépit de la rédaction limpide et ‘’consolidante’’ de l’Article 27 de la Constitution, s’échinent à nous vendre la supercherie d’un « 2ème quinquennat » en lieu et place d’un « 3ème mandat », comme si tout simplement le septennat présidentiel de 2012-2019 était tout sauf un mandat !? Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui couvre sous son coude les multiples scandales à milliards de ses partisans, dont celui du fonds Covid-19 mis dernièrement en évidence par le rapport de la Cour des Comptes, ne saurait être des moindres ?

Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui reste cruellement sourd aux revendications, ou à l’appel des travailleurs au respect de leurs droits légitimes ainsi que des accords signés avec leurs organisations, à l’image des secteurs de la santé, de l’action sociale et des collectivités territoriales mobilisés depuis plusieurs mois sans la moindre attention des autorités ? Quelle est cette République, quel est cet État de droit qui, inlassablement et obstinément, complote par les moyens les plus vils, à travers la basse manipulation d’une jeune femme sensible aux sirènes enivrantes de l’argent facile, ou l’instrumentalisation éhontée de la justice, aux seules fins d’empêcher la candidature de l’empêcheur de tourner en rond à la présidentielle de 2024 : tout sauf Sonko !? Au prix d’assurer la promotion de certains magistrats suspendus par leurs pairs ou honnis de l’opinion publique ?

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Une chose est sure, dans le combat pour la République et la démocratie, seul le peuple est souverain et, dans ce cadre,  le Sénégal et l’Afrique peuvent incontestablement puiser à la source de leur patrimoine et de leurs propres valeurs pour asseoir une gouvernance réellement « sobre et vertueuse » : l’Almamy du Fouta Thierno Souleymane Baal (1776) a pris le soin de léguer à son peuple six recommandations fortes, dont  de « rechercher, pour assumer la fonction d’Almami, un homme désintéressé, qui ne mobilise les biens de ce monde ni pour sa personne, ni pour ses proches … et si vous le voyez s’enrichir, démettez-le  et confisquez les biens qu’il a acquis et remplacez-le par un homme compétent quelle que soit sa lignée, … un homme méritant. » Quant au vénéré Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, il a eu à adresser par lettre les sages conseils suivants au Damel Samba Laobe Fall, qui a régné au Cayor de 1883 à 1886 :« Sache… qu’un jour viendra où ce pouvoir te sera repris des mains pour être cédé à d’autres qui te succéderont. » Et le saint homme lui a recommandé de ne jamais tomber dans la tyrannie, convaincu que tout homme injuste le regrettera un jour et que tout tyran assurera un jour à sa propre perte. Plus loin encore, l’Article 7 du Serment des Chasseurs (ou Charte du Mandé-1236) proclamait, cinq siècles déjà avant la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789e : L’âme de l’homme vit de trois choses : Voir ce qu’il a envie de voir ; dire ce qu’il a envie de dire ; faire ce qu’il a envie de faire. Si l’une seule de ces choses venait à manquer à l’âme, elle en souffrirait, et s’étiolerait sûrement. En conséquence, les chasseurs déclarent : Chacun dispose désormais de sa personne, chacun est libre de ses actes, dans le respect des interdits ou des lois de la patrie. L’on peut ajouter à ces précieuses références tirées du patrimoine historique et culturel africain et sénégalais, les conclusions et recommandations fécondes issues des travaux des Assises Nationales du Sénégal, présidées par le professeur Amadou Makhtat Mbow ,en nous contentant de renvoyer au Rapport Général des Assises Nationales : Bilan et perspectives de refondation  (Décembre 2011) et au Rapport de la Commission Nationale de Réforme des Institutions au Président de la République du Sénégal (Décembre 2013).

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Le 25 février 2024, pour une fois, les citoyens Sénégalais veulent, non plus seulement se débarrasser de l’occupant du Palais du Gouverneur Général pour le remplacer par un autre tenant du système de servitude néocoloniale, mais élire enfin un projet crédible, un espoir de rupture, incarnés par un candidat qui inspire confiance au peuple, toutes générations confondues,  un leader convaincu comme le souligne Ousmane Sonko lui-même, que « le Sénégal n’a pas besoin de messie ni de héros, mais d’une masse critique de citoyens conscients des enjeux et qui ont le courage d’agir ». Il est temps d’en finir avec le système d’un président-monarque omnipotent qui se subordonne à lui tout seul l’ensemble des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ; en finir avec le présidentialisme néocolonial de dépendance, de servitude volontaire et de prédation. Il est possible à présent de donner chair et sang à l’approche que nous-mêmes avions lancée puis systématisée, à travers le concept

DEFAR, dans le Manifeste de  Yoonu Askan Wi- M 2008. Il est question de contribuer à relever les défis du présent et de l’avenir du Sénégal et de l’Afrique, en tant que bâtisseurs, partisans de la construction positive et des initiatives de transformation novatrice, de l’effort récompensé et du bien être partagé. C’est pourquoi D.E.F.A.R, concept wolof qui signifie construire, constitue l’expression concentrée d’une telle vision, articulée autour du Développement Endogène comme finalité, du Fédéralisme Africain comme stratégie globale, de la République démocratique et sociale comme instrument d’un leadership nouveau. Il   est venu au Sénégal le temps de conquérir la république et de faire exister l’état de droit. Le peuple sénégalais, ses dignes enfants, ont suffisamment montré leur détermination à changer de cap au nom de la souveraineté nationale et populaire. C’est bien d’une révolution qu’il s’agit : révolution culturelle à travers le changement résolu des mentalités et des comportements, révolution dans la gouvernance politique et institutionnelle, économique et sociale, sur la voie tracée par les Conclusions des Assises nationales du Sénégal et l’Avant-projet de Constitution de la CNRI, pour une refondation véritable de la société et de l’Etat.

Madieye Mbodj est membre du BP de Paastef, vice-président chargé de la vie politique nationale.







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