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Refusons De Remettre Les Cles Au President Macky

Les citoyens sénégalais ont réussi sur une période relativement longue, il est vrai, à exprimer de façon claire trois aspirations. On peut emprunter la métaphore de la clé pour les présenter. Chacun de ces passes permet d’ouvrir la porte de la paix et de la stabilité au Sénégal qui en a tant besoin.

La première clé est la limitation des mandats présidentiels à deux

C’est au lendemain de l’élection du président Abdoulaye Wade en 2000 pour un septennat que la nouvelle Constitution de 2001 a institué à nouveau la limitation des mandats à deux. La même constitution ramenait la durée du mandat à cinq ans. Une disposition transitoire indiquait le sort du septennat du nouvel élu qui devait courir jusqu’à son terme. A la fin de ce mandat en 2007, le débat était clos. C’est alors qu’intervient une autre réforme constitutionnelle, en 2008, consacrant à nouveau le septennat.

La clarté apparente de ces dispositions n’a pas empêché une confrontation mortelle sur la candidature du président Abdoulaye WADE à la veille de l’élection de 2012. Tout compte fait, après l’élection du président Macky Sall cette année-là, le débat était clos, à nouveau. Après avoir simulé une réduction du mandat de 7 à 5 ans, le nouveau président organise, dans la foulée, un référendum en 2016 pour, soi-disant, verrouiller le débat sur la limitation des mandats et restaurer le quinquennat aux termes du désormais fameux article 27 de la Constitution : « La durée du mandat du Président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ».

La clarté apparente de ces dispositions n’a pas empêché le retour du débat et des empoignades sur la troisième candidature, devenue une ligne de démarcation sur toutes les lèvres et une source de tension.

On constate que le passage du septennat au quinquennat en 2001, puis du quinquennat au septennat en 2008, enfin du septennat au quinquennat en 2016 ont eu pour but ou pour effet de paralyser l’évidence de la limitation des mandats en ouvrant le débat sur le sort du mandat en cours. De plus, par le biais du système de l’entonnoir, tout le monde a été conduit devant le Conseil constitutionnel dont la jurisprudence est claire sur le sujet : le mandat en cours est hors de portée de la loi nouvelle !

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Dans tous les cas, les concernés ont toujours prisla généreuse précaution de « rassurer » les Sénégalais sur leur volonté de se soumettre à la limitation des mandats et de réaffirmer leur attachement « viscéral » à cette exigence, à l’aide de formules claires restées dans les mémoires et dans l’Histoire.

Ces efforts d’apaisement résultent du fait que les prétendants ont bien compris que les citoyenssénégalais n’ont aucune raison de se battre pour la conservation inopportune du pouvoir et tiennent au respect de limitation des mandats à deux et de la parole donnée et ne veulent plus se laisser embrouiller par les faux débats sur le « deuxième » quinquennat, une façon faussement pudique d’éviter de parler de « troisième mandat », expression difficile à assumer même pour des politiciens rompus aux pirouettes. Un mandat, c’est un mandat. Tout le monde sait compter jusqu’à deux. Pas au-delà de deux mandats. Bouchons-nous les oreilles aux élucubrations juridiques des analystes sur commande et aux tintements et craintes de dépendants du pouvoir en place. La question est éminemment politique, un président favorable à la limitation des mandats à deux ne doit pas solliciter un troisième.

La limitation des mandats présidentiels à deux apparaît aujourd’hui comme une chance pour l’Afrique, un puissant instrument contre l’éternisation au pouvoir et une clé précieuse pour la paix. Bien évidemment, les forces politiques dont la conception patrimoniale du pouvoir a été largement illustrée sont contrariées par cette évolution salutaire. Leur rage ne faiblit pas et les arguments les plus ridicules sont servis dont la volonté de « terminer les chantiers » et le besoin de « sauvegarder la paix ». Il faut bien se convaincre définitivement qu’une troisième candidature d’un prétendant qui a déjà exercé deux mandats est irrecevable, inadmissible, politiquement inacceptable, moralement répréhensible et dégradant sur le plan éthique. Cette question est déjà tranchée par le pouvoir constituant, le peuple souverain, au cours des référendums de 2001 et 2016.

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La deuxième clé est le respect des droits et libertés et la participation sans entrave des candidats à l’élection présidentielle.

Les droits et libertés des citoyens n’ont jamais été aussi gravement malmenés que sous le règne du président Macky Sall. Le fait que ces droits soient garantis par la Constitution, en particulier le droit de manifester, n’y ont rien changé.

Les citoyens sénégalais ont également compris que depuis son arrivée au pouvoir en 2012, le dispositif électoral qui lui a permis de participer et de gagner sans contestation, a été progressivement démantelé. Cartes d’électeur et d’identité nationale regroupées, fichier introuvable, retour du ministre de l’Intérieur partisan et parrainage-blocage constituent les « quatre appuis » qui consacrent la chute de l’intégrité du dispositif électoral consensuel. Aujourd’hui, l’expérience montre que des mécanismes techniques du système électoral dont la finalité originelle est sensée, ont été empruntés pour empêcher, tout simplement, la participation de candidats redoutés à l’élection présidentielle. Il en est ainsi de la caution et du parrainage.

Force est de constater que l’arme de la non participation est devenue usuelle. De plus, elle est renforcée par le « hasard » du calendrier judiciaire, les violations de procédures et d’épaisses zones d’ombres sur des dossiers de candidats potentiels à l’élection présidentielle du 25 février 2024. La restriction de la participation ne concerne pas seulement les candidats, les primo-votants et tous ceux qui doivent régulariser leur situation « attendent » un décret sur la révision exceptionnelle des listes électorales dont l’opportunité de la parution est arrachée par le prince.

Sur ces points (caution, parrainage et fichier électoral), nos propositions figurent dans notre ouvrage « Construire le Sénégal du Futur » pp.214-215.

Aujourd’hui, la simple observation de la scène politique devrait inciter un pouvoir attentif à la stabilité à encourager la participation de tous les candidats qui incarnent une sensibilité de l’opinion et dont la mise à l’écart est préjudiciable à un jeu démocratique ouvert, au-delà de toute autre considération.

La troisième clé est la profonde rupture avec la mal gouvernance et l’arrogance qui en est la fille ainée

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Aujourd’hui, à force de se faire relater des scandales de tous genres par la presse, au cours des confidences dans les salons, dans les couloirs des services d’enquête, de contrôle, des tribunaux et autres sources, les citoyens ont fini par comprendre que la patrie est passée très loin derrière le parti.

La circulation d’espèces sonnantes et trébuchantes aux origines douteuses, les snaps d’enfants repus autour des coffres-forts de parents sans souci d’argent, les virées nocturnes bien arrosées, les scandales sur les marchés publics, les transactions foncières choquantes constituent un échantillon de faits quotidiens qui donnent le tournis.

Les mécanismes sont maintenant compris, les schémas d’impunité déflorés, les enrichissements illicites pointés par les honnêtes gens sont révulsés surtout par la gestion impitoyable des fonds COVID-19 destiné à lutter contre la pandémie. Cette douloureuse récréation doit être terminée. La clé se trouve dans l’alternance en 2024 à travers une rupture profonde avec l’ancien régime et l’instauration d’un nouveau régime citoyen. Le trait commun des trois clés que nous invitons à garder jalousement est qu’elles ouvrent une porte dont la fermeture actuelle, inquiète, angoisse et fait craindre un désordre dont le Sénégal peut et doit faire l’économie.

Le président Macky Sall se bat de toutes ses forces, depuis son arrivée au pouvoir en 2012, contrairement à son engagement formellement exprimé lors de la conquête des suffrages des Sénégalais, pour arracher ces trois clés des mains de ses concitoyens, les briser et les jeter à la mer. Il pourrait se le permettre mais refusons de lui en donner l’occasion.

Gardons nos clés ! Ne les remettons pas au président Macky Sall ! Si, par malheur, elles tombaient dans ses mains, il s’ouvrirait, pour une longue période noire, la porte béante qui mène tout droit vers le craquèlement de la vitrine démocratique du Sénégal.

En ce moment crucial, nous prions Dieu le Tout Puissant qu’il nous en préserve et nous mène à la victoire pour la sauvegarde des acquis obtenus de haute lutte par plusieurs générations.







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